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Burkina/ Entrepreneuriat : Constantin Zagré embrasse le métier de la photographie par passion après des études de communication d’entreprise

Publié le mardi 19 mars 2024 à 21h25min

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Burkina/ Entrepreneuriat : Constantin Zagré embrasse le métier de la photographie par passion après des études de communication d’entreprise

Agé de 34 ans, Constantin Zagré est un photographe de renom dans la ville de Dédougou plus connu sous le surnom de Tino-Shoot. Passionné depuis des années par la prise de vue, il en a fait son gagne-pain quotidien et il prodigue des conseils aux jeunes dans le domaine de l’entrepreneuriat. Lisez plutôt.

Lefaso.net : Parlez-nous de votre parcours…

Tino-shoot : J’ai fait mes études secondaires au collège Saint Joseph Moukassa de Koudougou, dans lequel collège j’ai obtenu mon baccalauréat A4. J’ai poursuivi mes études universitaires à l’Institut supérieur de management de Koudougou (IMK) en communication des entreprises et des organisations. Également je faisais la navette entre l’institut et l’université publique en Lettres modernes.

Quel métier faites-vous actuellement ?

En 2016 après avoir tenté des concours de la fonction publique en vain, j’ai été contacté à travers Sébastien Yaméogo mon directeur de stage à la presse écrite à la mairie de Koudougou par le directeur du Centre des médias communautaires africains (CEMECA) basé à Dédougou M. Camille Sawadogo, pour occuper un poste de journaliste. Et aujourd’hui, j’exerce ce métier au sein de Radio Salaki Dédougou. J’ai eu la chance par la suite en 2018 de bénéficier d’une formation dans le domaine de la production audiovisuelle avec M. Sawadogo et avec d’autres formateurs venus de la sous-région. Et pourquoi on a décidé de me former dans ce métier ? Parce que je suis arrivé au centre, en période hivernale.

C’est une période où les insectes sont beaucoup présents. Alors un jour, la coordinatrice générale des programmes de la radio, Clotilde Sawadogo, m’a surpris en train de filmer et de photographier des papillons. Et elle me dit : tiens ! tu sembles aimer la vidéo toi. J’ai répondu à travers un sourire en disant : en tout cas. Lorsque M. Camille Sawadogo a proposé de m’inscrire à la formation, j’étais un peu hésitant, mais avec l’encouragement de mes confrères, je n’avais plus d’autre choix. Ma formation a durée trois ans.

A l’issue de cela j’ai fait une production de film documentaire de 26’00’’ sur « La valorisation des produits forestiers non ligneux », notamment sur le soumbala, que l’on peut retrouver sur YouTube. Je suis sorti avec mon diplôme de réalisateur de films documentaires après ma soutenance. C’est en ce moment précis que j’ai réveillé l’autre passion qui dormais en moi depuis l’enfance, la photographie. Aujourd’hui, j’exerce le métier de photographe en plus de mes autres tâches.

Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?

En ce qui me concerne, j’ai choisi de devenir photographe pour deux raisons principales. La passion et la détermination. Mais cette passion en question s’est révélée le jour où j’ai demandé à mon père, aujourd’hui décédé, de savoir s’il avait des photos de mon enfance pour moi.

La seule photo qu’il m’a présentée ou que j’ai découverte dans son album photo, parce que lui aussi il a été un amoureux de la photo en son temps, c’était une photo prise de dos d’un enfant avec ma maman que j’ai bien reconnu. Ils étaient couchés sur une natte. L’enfant devait avoir un an et demi ou deux. Je n’étais pas très sûr que ce soit le petit Constantin qui est sur la photo, mais c’est mon père qui me l’a dit, donc je crois.

Cela a été un moment triste de ma vie parce que je n’ai rien comme photo de ma petite enfance à montrer à mes enfants. Depuis ce jour, je me suis dit que lorsque je deviendrai grand, je vais faire de la photographie. Avant, comme je n’avais pas le matériel pour les photos, je dessinais les portraits des gens, les enfants, les bâtiments et autres éléments de la nature. Ce n’est pas que j’aimais le dessin ! Pas du tout. C’est juste parce que c’était la seule alternative que je pouvais trouver pour retenir cette passion. Et en plus il n’était pas permis à n’importe qui d’avoir un appareil photo.

Ce n’est qu’en 2013 que j’ai mon premier téléphone Sony Ericsson qui pouvait faire de la photo mais pas de la haute qualité. Avec l’évolution, j’ai d’autres téléphones plus adaptés. Dans le quartier, je prenais les photos des enfants que j’archivais. Chaque année, quand je rentre à Koudougou pour les congés, je réunissais les enfants et les photographiais. Lorsque j’ai commencé à travailler en tant que journaliste, j’avais un peu d’argent pour m’acheter un bon téléphone pour mes photos et vidéos. Après j’ai vu que le téléphone ne fait pas très professionnel et qu’il fallait trouver mieux.

C’est à l’issue d’un atelier de journalistes à Bobo, que je me suis payé un appareil photo semi-professionnel. J’avais misé tous mes frais de mission dans cet appareil. C’était un Samsung que j’ai obtenu à 80 000 FCFA. Après quelques mois d’utilisation, je l’ai remis à ma mère avant de me trouver une caméra. J’ai contracté un prêt de 400 000 FCFA pour acheter ma caméra. Aujourd’hui, grâce à Dieu, j’ai un appareil photo numérique que j’utilise pour mes shooting photos.

Parlez-nous des autres métiers que vous exercez…

En dehors de la photographie et le journalisme, je réalise également des films documentaires de sensibilisation, de capitalisation des acquis des projets. J’assure aussi la coordination d’un programme de lutte contre la malnutrition dénommé Programme bien-être de la femme et de l’enfant (BEFEN) dans la région de la Boucle du Mouhoun.

Pourquoi avoir décidé de faire du shooting photo ? Expliquez-nous comment vous travaillez ?

D’abord, le shooting photo est un volet de la photographie parmi tant d’autres. Sinon ce n’était pas un objectif en tant que tel, mais je l’ai intégré pour répondre aux besoins de ma clientèle. La plupart du temps, ce sont des commandes pour des anniversaires, des cérémonies de mariages, de baptêmes. Mais ce qui me plais le plus c’est la création artistique à travers la photographie, capter les émotions, l’expression à travers l’image. Cela répond aussi à un besoin qui est le besoin de me sentir libre et en paix. Avec peu de matériel, vous pouvez faire grand. Il suffit d’être créatif et le tour est joué. Je travaille généralement seul, parce que les jeunes que j’ai pris pour former finissent par abandonner, soit parce qu’ils ne sont pas trop intéressés ou soit ils n’ont pas assez de temps.

Quelle est votre objectif à long terme ?

Mon objectif est d’abord de contribuer à ma manière à valoriser le métier et à faire connaître l’importance de la photographie dans la vie, surtout par la jeunesse. Une photo, quand vous la prenez, c’est pour exprimer quelque chose, pour donner à voir. Mais malheureusement aujourd’hui, beaucoup n’accordent pas assez d’intérêt à la photographie. Moi je cherche à travers mes clichés à créer de l’émotion. Par exemple, un enfant que vous photographiez avec son sourire et ses yeux rayonnants.

Cela donne de la joie à celui qui regarde la photo, tout de suite il oublie ses soucis. C’est la même chose avec un vieillard qui a le sourire aux lèvres. Cela donne de l’espoir. C’est pour dire que l’émotion c’est la vie, c’est se sentir vivant. Parce que pour moi, la vie passe tellement vite, et se souvenir de ces instants précieux est un élément clé. Donc aider à atteindre cela fait partie de mes objectifs. Bref ! A chaque photographe son style, mais il faut avoir une vraie identité. Et ce métier me permet d’explorer différents univers, chose que j’aime vraiment !

Quelles sont les difficultés rencontrées ?

Comme tout métier, les risques et les obstacles sont nombreux. Sinon les difficultés il n’en manque pas. Déjà il y a le coût excessif du matériel de travail qui est là. Si vous voulez aller encore plus de l’avant avec le métier, il vous faut beaucoup de moyens. Mais jusque-là, je me débrouille avec mes propres moyens.

Est-ce que le travail de shooting photo nourrit son homme ?

Dans certaines villes du Burkina, je dirai oui parce qu’il y a des gens qui savent reconnaître la valeur de l’image. Mais dans la zone où j’évolue, cette notion d’intérêt accordé à la photographie ou à l’image n’est pas comprise ou incarnée. C’est à nous photographes de faire valoir le métier. Il faut juste savoir faire preuve de patience et de détermination.

Étant basé à Dédougou est-ce que vous avez de la clientèle ?

Oui, mais je peux les compter au bout des doigts. Ce sont des femmes et de jeunes filles pour l’essentiel. Comme on le dit d’habitude dans notre jargon, « c’est femme qui aime photo ». [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Carine Daramkoum
Lefaso.net

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