Marché de Larlé : Il faut libérer l’emprise de la route
À Ouagadougou, la capitale burkinabè, le marché de Larlé fait partie de ces petits marchés qui grouillent de monde à l’aube. C’est un autre monde. Un monde où le brouhaha des négociations, les rires des clients et les cris des conducteurs de tricycles se mêlent dans une symphonie chaotique… faisant oublier aux uns et aux autres l’existence de la RN2 et du danger encouru.
Tout le monde se cherche à Ouaga. Peu importe la manière. Et les injures ne manquent jamais. Vous aurez beau marmonner vos complaintes face au désordre, cela ne changera rien. Car, il y a aura toujours quelqu’un pour vous rappeler qu’ici “chacun cherche pour lui”
Pour qui connaît le marché de Larlé, l’ambiance est des plus électriques entre 3h et 5h du matin. Chaque jour, des centaines de femmes se lèvent aux aurores pour se rendre au marché, où des marchands de camions débordant de produits frais affluent des communes avoisinantes. C’est le marché avant l’heure. Le bitume se transforme en un véritable marché boursier. Wall Street prendrait bien des leçons de négociations avec ses dames, qui pour la plupart, n’ont pas fait les bancs.
Des mères de famille vont et viennent, s’affairent autour des étals de fruits et légumes entassés dans des paniers en osier. Hommes et femmes se pressent, chacun cherchant la meilleure affaire. Les enfants encore endormis sur le dos de leurs mères ou accrochés au bras de celles-ci sont désormais habitués au tintamarre de ces jours ordinaires.
Le soleil se fait désirer et tarde à poindre. Les tricycles sont chargés, les portes bagages des motos ne supportent plus le poids des marchandises. La moindre place dans le coffre des véhicules est précieuse. Il ne faut rien oublier après les achats. Les klaxons des usagers de la route se mêlent au brouhaha et aux ronronnements des engins. La chaussée est maintenant un espace partagé. Les motocyclistes zigzaguent entre les étals et les éventuels débordements de fruits et légumes écrasés. Mais le désordre des lieux fait oublier aux uns et aux autres un danger.
L’esprit perdu dans leurs affaires, les femmes ne prennent souvent pas conscience que leurs activités obstruent la route nationale n2. Les camions de marchandises, et autres engins abandonnés sur la chaussée rendent la circulation difficile, voire dangereuse, aux premières lueurs de l’astre royal.
Les automobilistes luttent parfois pour se frayer un chemin à travers la foule de piétons qui se pressent autour des étals de légumes, posés à même le sol, de part et d’autre du bitume.
Les étals sont si proches de la chaussée que le pire peut arriver d’un moment à l’autre. Que dire des petits commerces qui fleurissent autour de la gare routière de la compagnie de STAF ? Le trafic reste pénible malgré la présence des agents de la police municipale les matins et les soirs, à la descente, pour réguler la circulation. Les piétons doivent faire preuve d’une vigilance extrême pour éviter les collisions avec les véhicules et les motocyclistes.
Au-delà du marché de Larlé, les autorités doivent faire le ménage tout autour des gares routières qui phagocytent nos routes. Le sujet sur l’occupation des abords des routes sur moins de deux mètres de part et d’autre de la chaussée, par les commerces, doit être pris au sérieux. Où en est l’autorité avec le délai (1er novembre 2023) donné pour libérer l’emprise des voies routières d’au moins deux mètres de part et d’autre des chaussées ? L’Etat doit être ferme sur la question et ne pas flancher. Il faut étouffer l’anarchie. Nos routes ont besoin d’espace… pour respirer.
HFB
Lefaso.net