A 48 heures de la confrontation Etalons du Burkina contre Mourabitounes de la Mauritanie, les avant-matchs avaient commencé. A travers la ville, dans les quartiers, sur des édifices publics comme privés, des symboles indiquent que les Etalons ont un match. Les moyens de locomotion, des drapeaux du Burkina, si ce ne sont pas les petits commerçants qui harcèlent à hue et à dia les citoyens, pour leur proposer des gadgets Etalons. Même si vous n’êtes pas un mordu du foot, vous savez que quelque chose se prépare.

Le Jour J, au matin du 16 janvier, ce sont les vuvuzelas et autres castagnettes qui déchirent l’atmosphère, alors que l’heure du match,14h, approche. En fait la rencontre de la veille entre Algériens et Angolais a beaucoup intéressé les supporters des Etalons. Les calculs ont commencé. A quelqu’un qui disait qu’il veut que l’on batte l’Algérie, un autre lui fait comprendre il ne faut pas qu’une équipe prenne 3 points, un match nul c’est bon, elles auront 1 point chacun, et si les Etalons gagnent demain, ils prennent seuls la tête du groupe avec 3 points. Oh superstition quand tu nous tiens ! Malgré les occasions de part et d’autre, Algériens et Angolais se séparent dos à dos 1-1. Dans le public, on est content, et un supporter de lancer aux Etalons : « demain faites tout pour gagner la Mauritanie et prendre les 3 points ». Les Etalons ont-ils entendu cela ? Nous avons suivi le match au « Canal Balboné ».

A la présentation du classement, des supporters remarquent et regrettent les absences de Bertrand Traoré et de Dango Ouattara. Mais d’autres supporters les rassurent : « c’est une stratégie de l’entraîneur, ce n’est pas grave, Hervé Koffi est là, Issa Kaboré aussi est là ». Il s’agit du gardien et du latéral percutant, en fait. Déjà certains interpellent Mohamed Konaté, l’attaquant mis à la pointe, qu’il ne faudrait pas qu’il attende d’avoir quatre occasions pour n’inscrire qu’une.

La partie est engagée, les Mourabitounes prennent de l’ascendant sur les Etalons. Ces derniers sont acculés et ont du mal à amorcer les contres. Hervé Koffi est très sollicité, il est obligé de sortir le grand jeu avec des parades spectaculaires pour enrayer certaines occasions de but mauritaniennes. Il reçoit des bancs d’applaudissements.

Des critiques fusent contre certains, les uns disent ne pas reconnaître Issa Kaboré qu’ils trouvent lent ce soir, pour les autres c’est le défenseur Edmond Tapsoba qu’ils jugent trop confiants. Pour eux, on ne s’amuse pas en défense. Les faits et gestes de Konaté sont suivis. Les minutes s’égrènent, les Etalons parviennent à maîtriser les velléités offensives mauritaniennes, et la pause survient sur le score de 0-0. Entre supporters ça discute, il faut que le coach fasse des remplacements, car le milieu avec Blati Touré, Adama Guira flanche, et il faut que Bertrand Traoré entre…

Pour de nombreux supporters, Bertrand Traoré, c’est leur homme providence. Effectivement avec son entrée à la 72e mn, les Etalons ont été plus mordants, forçant les Mauritaniens à commettre un penalty provoqué par Issa Kaboré que Bertrand a transformé

A la reprise, la domination change de camp, les Etalons sont maîtres du jeu, mais les attaquants Aziz Ky, Mohamed Konaté, relèvent des supporters, ont du mal à se créer des opportunités de but. Pour cette mi-temps, les Mauritaniens semblent résolument opter pour les contre-attaques. Les Mauritaniens jouent pour le nul, analyse un supporter. Jusque-là, le coach Hubert Velud n’opère pas de remplacements. Des supporters l’interpellent sur certains joueurs qui ne tiennent pas.

72e mn, sur la touche, on voit un panneau qui se lève pour un remplacement, le 8 (Cédric Badolo) doit céder sa place à Bertrand Traoré. C’est la joie au sein des supporters, un d’entre eux crie en mooré « tond yéllé na managamè », ce qui veut dire, avec l’entrée de Bertrand, notre affaire va s’arranger. Donc plus que de 18 mn à jouer au temps réglementaire, les moindres faits et gestes de « l’homme providence » sont suivis. A l’aile, après une incursion, Bertrand Traoré ajuste, le tir est cadré, mais le géant gardien mauritanien a bien suivi et dévie.

Le coach fait un autre remplacement pour renforcer l’attaque, avec l’entrée de Mamadi Bangré en lieu et place de Fessal Tapsoba, mais rien n’y fit. 90 mn de jeu 0-0, c’est le scepticisme au sein des supporters qui voient en ce score une mauvaise opération. Un supporter crie « ballon n’est pas encore fini, Etalons gagnent ». On est dans les arrêts de jeu. Comme si ce dernier avait été entendu, le latéral Issa Kaboré s’élance aux abords de la surface de réparation, il s’infiltre dans la surface de but, et il est irrégulièrement stoppé, l’arbitre siffle, est-ce pour la sortie de but ou un penalty ? Les joueurs burkinabè accourent auprès de lui pour protester. Des moments d’hésitation, et la VAR s’en mêle, l’arbitre est interpellé à venir voir la vidéo, il revient et indique le coup de pied de réparation.

Ça y est ! Le penalty est accordé, maintenant qui va le transformer ? Certains supporters préfèrent Issoufou Dayo pour la réparation, on discute. Mais finalement c’est le capitaine lui-même Bertrand Traoré, qui prend ses responsabilités et réussit un contre-pied parfait. Dans la salle, on exulte, on crie, « Etalons y a but ! », et l’autre supporter de revenir, « je vous avais dit quoi, ballon n’est pas fini, Etalons gagnent ! ». Juste après ce but, le directeur de jeu met fin à la partie, Etalons 1 Mourabitounes 0. Les vœux des supporters sont ainsi exaucés, les Etalons prennent seuls la tête du groupe, en attendant leur prochain match contre l’Algérie.

Barthélemy KABORE