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Burkina/Littérature : L’association Dialogue sans frontières dédicace un manuel de cohésion sociale et du vivre-ensemble

Publié le mercredi 6 décembre 2023 à 17h17min

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Burkina/Littérature : L’association Dialogue sans frontières dédicace un manuel de cohésion sociale et du vivre-ensemble

La dédicace de l’étude sur les Pactes culturels de non-agression de la région (PCNA) du Centre-est ou promotion de l’approche “Se regarder dans le miroir” s’est faite ce mercredi 6 decembre 2023, à Ouagadougou. C’était au cours d’un petit-déjeuner de presse. L’étude a été réalisée en 2022 dans les 12 communes de la région du Centre-est qui abrite le projet de Dialogue sans frontières (DSF) intitulé « Sous l’arbre à palabre : inclusion et dialogue pour vivre ensemble dans la paix ». La cérémonie s’est déroulée en présence du président de DSF, Filippe Savadogo et de l’auteur Dr Jean Pierre Salamberé.

Le Burkina Faso, depuis 2015, est confronté aux actes du terrorisme qui impactent négativement, et à des degrés divers, le tissu social dans toutes les régions du pays. La crise est aussi alimentée par la survivance de conflits endogènes. Bien que la situation soit critique, il subsiste au niveau endogène des mécanismes de communication et de réglements des conflits intercommunautaires. Dans l’optique de dégager et de valoriser ces valeurs endogènes du vivre-ensemble dans la paix, l’association Dialogue sans frontières a commandité une étude sur les Pactes culturels de non-agression (PCNA) dans la région du Centre-est qui abrite le projet de Dialogue sans frontières, intitulé « sous l’arbre à palabre : inclusion et dialogue pour vivre ensemble dans la paix ». Un projet financé par le proframme PARTICIP de l’ambassade du Danemark. Le manuel a été dédicacé ce mercredi 6 décembre 2023, à Ouagadougou.

Vue des participants

Cette étude, réalisée en 2022, a adopté une démarche qualitative d’échanger avec des personnes ressources clés sur les PCNA. L’étude a révélé qu’il existe plusieurs PCNA dans les communes cibles du projet. Ils s’expriment de manière directe, à travers les relations à plaisanterie, ou indirecte, à travers des règles d’usage pour la socialisation ou encore pour la protection et gestion pacifique des ressources naturelles.

Le caractère disciplinaire des pactes peut être doublé de contours mystiques dissuasifs qui renforcent leurs capacités et obligent à les respecter voire à ne pas les remettre en cause de génération en génération. Cela dit, le constat global est que leur format est majoritairement oral dans les familles et aux occasions d’activités d’initiative culturelle. En l’absence de références écrites ou audio-visuelle, l’étude aboutit à la conclusion que la transmission orale n’est pas toujours stable et connaît des déperditions d’une génération à l’autre.

Remise symbolique du manuel

A ce propos, un échantillonnage aléatoire de jeunes garçons et filles du second cycle scolaire a été retenu pour permettre d’apprécier le niveau de connaissance des relations à plaisanterie, voire des PCNA et de pratiques de gestion des conflits locaux. Sur les 72 enquetés, 86% connaissent leurs alliances à plaisanterie, contre 14% qui n’en ont aucune idée. Parmi les jeunes qui connaissent leurs alliances à plaisanterie 14, soit 23%, ne la pratiquent pas. De même, parmi ceux qui ne connaissent pas leurs alliances à plaisanterie, seulement 10% disent les avoir déjà pratiquées contre 90% qui ne savent pas comment s’y faire. L’auteur s’est intéressé également aux conflits communautaires observés dans les communes cibles de l’étude. Tout un ensemble de facteurs ont été identifiés. Les plus récurrents sont les conflits fonciers, agriculteurs et éleveurs ainsi que ceux liés à la chefferie traditionnelle.

L’auteur de l’ouvrage, Dr Jean-Pierre Salamberé

« Il y a aussi des facteurs qui sont liés à des éléments beaucoup plus récents qui affectent le vivre-ensemble comme les questions d’implantation aurifères, religieuses et politiques. Couramment, les anciens parlent aussi de la question centrale de l’argent », ajoute Dr Jean-Pierre Salamberé. Les PCNA ont une grande valeur dans l’environnement social et culturel du Burkina Faso. L’enjeu éducatif demeure d’actualité et la nécessité d’apprentissage intergénérationnel reste pertinente pour toutes les parties.

Les enjeux à ne pas perdre, selon Dr Salambéré, sont entre autres, la connaissance mutuelle et la culture de la tolérance ou « se regarder dans le miroir », la culture de la solidarité et de l’entraide, la cohésion sociale, la revalorisation du substrat culturel. Concernant les défis éducatifs à surmonter, il a relevé la connaissance insuffisante des PCNA, la perception peu convaincante de son utilité par la plupart des jeunes, la faible pratique où le recours irrégulier aux éléments de PCNA.

Photo de famille

Quelques recommandations ont été formulées à l’attention de DSF à l’issue de l’étude. Entre autres recommandations, soutenir dans la mesure du possible les initiatives en cours dans les communes en lien avec les PCNA, documenter et diffuser l’expérience du projet sur la promotion et valorisation des PCNA avec une mise en exergue de la place et du role des femmes.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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