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Economie : Faut-il sortir l’informel de la « clandestinité » ?

Publié le jeudi 23 février 2006 à 07h39min

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En collaboration avec l’ambassade de France au Burkina, la chaîne de télé Canal 3 a organisé une émission le 21 février 2006. Le thème de cette rencontre, qui avait pour cadre le Centre culturel français Georges Méliès, était : « Faut-il formaliser l’informel ? ». Si à l’issue des échanges, on ne pouvait répondre par oui ou par non à cette épineuse question, la rencontre a néanmoins permis de proposer quelques éléments de solution.

Au Burkina, l’on peut dire sans se tromper que l’informel est la règle et le formel l’exception. De par le nombre d’acteurs qu’on y trouve et les ressources générées, le secteur informel est un pion important de l’économie nationale.

Dans la seule ville de Ouagadougou, le secteur informel génère un revenu de 127 milliards de francs CFA par an. Pourtant, les débats font rage sur le statut de cette entité souvent difficile à cerner.

Le mérite de cette discussion sur un phénomène aussi complexe, qui s’est tenue au Petit Méliès du Centre culturel français, est d’avoir rassemblé un vaste panel d’invités concernés par la question du secteur informel :

les Impôts, la Douane, la Chambre de commerce, la Caisse nationale de sécurité sociale, des économistes et des représentants du secteur informel. Objectif, tenter de répondre à cette question à plusieurs inconnues : faut-il formaliser l’informel ?

D’abord un consensus s’est dégagé : pour la plupart des intervenants du jour, l’étape de l’informel est normale. Au début de leur activité, les opérateurs vont d’abord travailler dans l’informel, parce que le coût d’entrée est faible.

Avec le temps, quand l’entreprise grandit, il y a une dynamique propre de formalisation qui naît. On peut même pousser les acteurs de ce secteur au formel, à condition que cela se passe dans des conditions douces.

Certains membres du panel feront remarquer cependant que la fiscalité est souvent un frein à la formalisation, tel Abdoulaye Zonou, professeur à l’Université de Ouagadougou et membre du CAPES qui dit ceci :

« On a l’impression que ce qui préoccupe l’Etat, c’est seulement cibler les imposables et lever l’impôt, au lieu de chercher à comprendre et à encadrer les différents secteurs d’activité ». Des ébauches de solutions ont tout de même été préconisées par les uns et les autres.

Il faudrait, selon eux, voir du côté de la formation, pourquoi pas réviser le mode de détermination des imposables et la période de perception des impôts. Un auditeur suggéra un temps de grâce (de six mois à un an) pour ceux qui viennent de démarrer une activité.

Mme Adèle Naré, de la Direction générale des impôts, fera remarquer que les acteurs prennent souvent l’impôt comme « un épouvantail ». Pour elle, il faut nuancer. Et d’ajouter que l’imposition est étudiée et le versement est fait à des conditions souples, contrairement à ce que beaucoup pensent.

Dans son argumentaire, elle a pris l’exemple de notre voisin, le Mali, où celui qui est dans l’informel paye 1,2 million, pendant qu’au Burkina, l’assiette est de 500 milles francs CFA. « Aux Impôts, l’on cherche seulement à formaliser ceux qui travaillent à demeurer dans l’informel et qui, pourtant, brassent des sommes colossales », précisera-t-elle.

En suivant les différents échanges pendant cette émission animée par Rémy Dandjenou de Canal 3, une idée maîtresse s’est dégagée : l’on peut formaliser le secteur informel. Mais avec des mesures d’accompagnement.

Par contre, si l’on pousse à la formalisation forcée, en utilisant seulement le bâton sans utiliser la carotte, les effets seront plus désastreux que les résultats escomptés. Un autre constant s’est dégagé : les Impôts ont maille à partir avec deux acteurs économiques : ceux qui ont les moyens d’aller dans le formel, mais qui s’y refusent ; et ceux qui quittent le formel pour... l’informel.

N’empêche, la question « Faut-il formaliser l’informel ? » reste posée. Le maire de la ville de Ouagadougou semble avoir trouvé un début de réponse : « Moi je suis concret. Il faut aller avec des mesures concrètes à rendre l’informel formel.

A travers la ville, vous avez remarqué les aménagements réalisés comme la construction des jardins, des boutiques et des marchés pour installer les vendeurs ». L’occasion faisant le larron, et comme on parlait de secteur informel, le représentant de la Caisse nationale de sécurité sociale, M. Etienne Paré, a interpellé Simon Compaoré sur le statut des « balayeuses », qui n’auraient pas de couverture sociale.

Réponse du Bourgmestre de la capitale : « Ces femmes sont des prestataires de services. Elles ne sont pas des employées de la mairie. Nous sommes en train de penser à une assurance compte tenu des risques qu’elles encourent. D’ores et déjà, si elles sont blessées dans l’exercice de leurs fonctions, la mairie les prend en charge ».

Issa K. Barry

Observateur Paalga

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