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5e Congrès des experts-comptables de l’Uemoa : Le rendez-vous de Ouagadougou jugé satisfaisant par les organisateurs

Publié le dimanche 29 octobre 2023 à 15h30min

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5e Congrès des experts-comptables de l’Uemoa : Le rendez-vous de Ouagadougou jugé satisfaisant par les organisateurs

Les rideaux sont retombés sur le 5e congrès des experts-comptables de l’Uemoa, qui s’est tenu à Ouagadougou les 26 et 27 octobre 2023, autour du thème « Expert-comptable et lutte contre les flux financiers illicites ». Ce congrès a été un moment d’intenses échanges. Des recommandations ont été tirées des différentes communications qui devraient permettre aux participants de pouvoir mieux contrer l’ensemble des activités qui sont à l’origine des flux financiers illicites, selon le président du Conseil permanent de la profession comptable de l’Uemoa, Drissa Koné.

L’édition 2023 du 5e congrès des experts-comptables de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) était placée sous la présidence du Premier ministre, Me Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela. Organisé par l’Ordre des experts-comptables et comptables agréés du Burkina Faso (ONECCA), l’événement a réuni en deux jours, les 26 et 27 octobre 2023, à Ouagadougou, des experts comptables du pays et de la sous-région, des organismes internationaux, des experts en matière de lutte contre la corruption, des universitaires et chercheurs.

Le programme des travaux a été structuré autour de six panels portant sur divers sujets. Il s’agit, entre autres, de l’état des lieux des Flux financiers illicites (FFI). Christian Coulidiati, directeur du contrôle des officiers publics judiciaires ; Siaka François, expert-comptable OEC de Côte d’Ivoire ; Karnon Lofigue, responsable des EPNFD chez GIABA ; et Kiswendsida Judith Kaboré, cadre à la BCEAO, ont fait chacun un exposé autour de ce thème afin de susciter une forte implication de la profession comptable dans la traque des FFI.

Les participants ont prêté une oreille attentive aux travaux.

Il ressort des communications des intervenants que les flux financiers illicites sont estimés, selon la CEA/ONU, à 88 milliards USD en 2021, soit 3.7% du PIB du continent africain. Cela n’est pas sans conséquences. Elles s’illustrent en termes de pertes d’opportunités de développement, d’altération de l’intégrité du système financier national, d’instabilité politique et socio-économique, selon les intervenants. Les dispositifs nationaux et communautaires ainsi que les cadres de coopération qui ont été prévus pour lutter contre ces fléaux ont montré leur limite. Les panelistes ont alerté sur leurs faiblesses qui, d’après eux, amplifient les difficultés de la lutte contre les FFI.

Pour pallier les faiblesses des dispositifs nationaux, des recommandations ont été tirées de ces communications. Pour les leviers du ressort de la profession, les experts préconisent, entre autres, le renforcement des efforts de sensibilisation et de contrôle au sein de la profession comptable ; l’engagement proactif des experts-comptables par la détection et la fourniture d’informations cruciales aux autorités compétentes et le maintien d’un haut niveau d’intégrité et d’éthique professionnelle en évitant toute implication ou participation dans des activités illicites.

Les échanges ont enrichi les débats au cours de la rencontre.

Harouna Sinon, chargé de programme au Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) ; Roland Ouédraogo de l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de Lutte contre la corruption (ASCE-LC) ; Zakaria Bayiré, inspecteur des impôts ; et Hamadou Tini, expert-comptable, ont, quant à eux, développé le thème suivant : « L’expert-comptable et la lutte contre la corruption ».

L’objectif de ce panel, selon eux, était de mettre en lumière le rôle majeur et positif que peuvent jouer les professionnels comptables dans la lutte contre la corruption, aux côtés d’autres acteurs clés de l’économie. On retient de leurs communications que la corruption est un phénomène multiforme qui touche tous les secteurs de l’économie, qu’il s’agisse du public ou du privé. La caractéristique principale de la corruption, c’est qu’elle est sournoise et difficile à détecter. Citant l’ONG mondiale Transparency International, ils ont souligné que « la corruption résulte du comportement de la part d’agents du secteur public, qu’il s’agisse de politiciens ou de fonctionnaires, qui s’enrichissent, eux ou leurs proches, de façon illicite, à travers l’abus des pouvoirs publics qui leur sont confiés ».

De son côté, la Banque mondiale estime à plus de 1 000 milliards USD, les pots-de-vin qui sont versés chaque année. « La corruption peut coûter jusqu’à 20% de plus pour tout investissement dans un pays qui ne met pas en place des mesures anti-corruption », soutiennent-ils.

Passage de flambeau au Togo pour l’organisation du 6e congrès des experts-comptables de l’Uemoa.

Les communicateurs ont aussi rappelé que les textes internationaux et nationaux adoptés pour lutter contre le phénomène servent de références à la mise en place de dispositifs anti-corruption dont la norme ISO 37001. La persistance de cette pratique illicite met en exergue les effets limités des dispositions actuelles parmi lesquelles on a le déficit dans l’application des textes juridiques existants, l’incomplétude et l’inadaptation du cadre juridique de lutte contre la corruption, l’insuffisance de ressources allouées aux organes de lutte contre la corruption, la modicité des salaires, la porosité des frontières, la banalisation de la corruption.

Tous les intervenants ont insisté sur le rôle majeur de la profession comptable dans cette lutte, à travers les leviers d’actions ci-après : accompagner les entreprises dans l’identification, l’évaluation des risques liés à la corruption ; aider les entreprises à la mise en place de contrôles ; conduire des missions d’investigation ; accompagner les sociétés dans la mise en place des programmes de lutte anti-corruption ; former à la détection des fraudes liées à la corruption.

Le président du Conseil permanent de la profession comptable de l’Uemoa, Drissa Koné, se dit satisfait du déroulement des travaux.

Les communications et les débats qui se sont succédé durant ces deux jours ont répondu aux objectifs que s’étaient fixés les organisateurs. Le président du Conseil permanent de la profession comptable de l’Uemoa, Drissa Koné, dit être frappé par la qualité de l’ambiance, les réflexions mais surtout le partage d’expériences entre les congressistes.

Dans le discours de clôture, il a adressé des mots de remerciement à l’endroit des autorités burkinabè, des organisations internationales dont le PAFA ainsi que le comité d’organisation qui a mis les petits plats dans les grands, pour faire de cet important événement une réussite. Il a associé ses remerciements aux orateurs et participants venus d’horizons divers. Prenant la parole, la présidente de la Fédération panafricaine des comptables (PAFA), composée de 56 membres venant de 45 pays, a exprimé toute la fierté et la joie d’avoir été associée à ce grand rendez-vous des experts-comptables et comptables agréés.

Keto Kayemba s’est engagée à renforcer les capacités des membres de l’ONECCA, tout en mettant un accent sur les cinq axes stratégiques de la fédération, notamment la lutte contre la corruption, le renforcement de la zone de libre-échange, la libre circulation des biens et des personnes, la qualité des services et les standards internationaux. Lors du passage officiel de témoin, le pays hôte du prochain congrès des experts de l’Uemoa, la République togolaise, a invité les congressistes à prendre massivement part aux travaux.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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