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Burkina/5e congrès régional des experts comptables de l’UEMOA : La lutte contre les flux financiers illicites au cœur des réflexions

Publié le vendredi 27 octobre 2023 à 10h00min

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Burkina/5e congrès régional des experts comptables de l’UEMOA : La lutte contre les flux financiers illicites au cœur des réflexions

Après Abidjan en 2017, Dakar en 2018, Cotonou en 2019 et Bamako en 2021, c’est au tour de Ouagadougou d’abriter les 26 et 27 octobre 2023, le 5e congrès régional des experts comptables de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). La présente cérémonie est placée sous la présidence du Premier ministre, Apollinaire Joachim Kyélèm de Tambèla. Le président du Conseil national du patronat burkinabè, Idrissa Nassa, en assure le parrainage.

Plus de 400 experts nationaux et internationaux, des experts et professionnels de la finance participent au 5e congrès régional des experts comptables de l’UEMOA organisé par l’Ordre des experts comptables et comptables agréés du Burkina Faso (ONECCA). Ce rendez-vous incontournable de la profession est amené à réfléchir, durant 48 heures, sur le thème « Experts-comptables et lutte contre les flux financiers illicites ». Dans le contexte politique, économique, social et sécuritaire actuel, la pertinence de ce thème est sans équivoque.

En 2015, le rapport du groupe de haut niveau sur les flux financiers illicites en provenance d’Afrique tirait la sonnette d’alarme en mentionnant qu’au cours des 50 dernières années, l’Afrique a perdu plus de 1 000 milliards de dollars du fait des flux financiers illicites. Ce chiffre est à peu près équivalent à l’ensemble de l’aide publique au développement reçue par l’Afrique pendant le même laps de temps. Actuellement, la perte est évaluée à 50 milliards de dollars. Dans la lutte contre ces fléaux, les experts comptables font partie de ceux dont la contribution est très importante.

Vue des participants

Dans son intervention, le président du Conseil permanent de la profession comptable, Idrissa Koné, a décliné l’objectif poursuivi à travers ce congrès. Il se résume en deux points : réfléchir sur leur rôle dans la lutte contre les flux financiers illicites et proposer des méthodes pour pouvoir endiguer ces éléments par le contrôle.

Il a, par la suite, expliqué en quoi consiste les attributions d’un expert-comptable. Selon lui, « l’expert-comptable est un tiers de confiance. A ce titre, il est en relation avec un ensemble d’acteurs. Comme on le dit, c’est un homme de chiffres. Et quand on parle de flux financiers illicites, on parle de chiffres ».

Selon le président du Conseil permanent de la profession comptable, Idrissa Koné, ce congrès est un cadre d’échanges et de partage de bonnes pratiques

Sur la pertinence du thème de ce congrès, le ministre burkinabè en charge de l’économie, Aboubacar Nacanabo n’a pas caché sa satisfaction : « Aujourd’hui, nous pouvons être fiers de voir que les experts comptables réfléchissent sur un thème qui est vraiment très important pour nous ». En effet, cette problématique est au cœur des préoccupations des autorités du Burkina Faso. Partant du constat que les flux financiers illicites et le blanchiment des capitaux qui concourt au financement du terrorisme sont intimement liés, le gouvernement a pris des mesures très importantes pour pouvoir assécher les sources de financement du terrorisme.

Outre le financement du terrorisme, les fuites de capitaux touchent les secteurs miniers au Burkina Faso. Cette situation a également conduit les autorités à commanditer une étude dans le cadre de l’Initiative pour la transparence dans les entreprises extractives. Cette étude devrait permettre d’apprécier l’ampleur du problème, de connaître les manifestations et de voir comment lutter contre ce fléau qui gangrène l’économie, a relevé le ministre de l’économie.

Le ministre de l’économie a prononcé le discours du Premier ministre lors de la cérémonie d’ouverture

Il a, pour terminer, fait savoir que le Burkina Faso ne dispose pas de chiffres de ce qu’il perd via des flux financiers illicites, « mais nous sommes convaincus qu’il est très important parce que les flux financiers illicites se traduisent par l’évasion fiscale, le blanchiment de capitaux... ».

Pour les acteurs du monde des affaires burkinabè, confrontés aux défis de cette réalité, leur position est claire : les flux financiers illicites font payer un lourd tribut dans la croissance de leurs entreprises et des Etats en termes de perte de revenus et de déstabilisation économique. Dans ce contexte, tenir un congrès régional sous ce thème se révèle d’une importance cruciale pour l’ensemble de ces acteurs et des parties prenantes de la finance, selon le représentant du parrain, Emmanuel Sawadogo.

Le représentant du parrain, Emmanuel Sawadogo

Ce présent congrès, d’après lui, vise à faire l’inventaire des attentes dans la lutte contre les flux financiers illicites vis-à-vis de la profession des experts-comptables qui doit jouer un rôle essentiel dans la détection et la prévention des flux financiers illicites d’une part ; susciter une prise de conscience de leur impact sur le développement des pays en général et des entreprises en particulier.

C’est aussi une occasion pour les participants de proposer des outils techniques ou des approches d’analyses de filtrage, de profilage et de traçage des ressources financières illicites. Au cours de la cérémonie d’ouverture des travaux, un vibrant hommage a été rendu aux anciens membres du Conseil de l’ONECCA-Burkina Faso ainsi qu’au doyen des experts-comptables qui comptabilise 41 ans d’expérience dans le domaine.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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