Dans l’univers des commerçants, il y a ceux qui se sont spécialisés dans la vente des vêtements de sports. Des maillots des Etalons, des grandes équipes européennes sont les plus prisés sur le marché. Contrairement à cet engouement envers les maillots des clubs européens, les maillots des clubs locaux sont introuvables. L’autre fait marquant, c’est la popularité du président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, qui fait les bonnes affaires de ces commerçants. Selon les vendeurs de maillots, c’est le maillot le plus demandé actuellement. Ces vendeurs détaillants se ravitaillent chez les grands commerçants de Roodwoko et du 10 yaar qui ramènent ces marchandises principalement de la Chine.

Des maillots de différentes équipes sont vendus par ces commerçants

Issaka Nana est un vendeur de vêtements sur la RN n°22, route de Kongoussi. Il vend également des maillots. Pour lui, si les maillots des Etalons et des clubs européens sont beaucoup demandés par les clients, ceux à l’effigie du président Ibrahim Traoré le sont encore plus, créant même souvent des ruptures de stock. « Je vends du tout en fait. Je vends des maillots, des habits simples, des jeans, des chemises. Nous vendons tout type de maillots avec ou sans short. Au niveau des maillots, les couleurs préférées de mes clients sont le bleu, le blanc, le noir. Les maillots les plus demandés sont ceux du Real Madrid, du FC Barcelone, ensuite il y a les maillots de Manchester City », nous confie-t-il.

Le fameux maillot à l’effigie du président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré

« En ce qui concerne les maillots du Burkina Faso, franchement, nous remercions Dieu. Un maillot floqué Ibrahim Traoré (président de la transition) ne peut même pas faire une journée, ça ne suffit même pas. Par jour, je peux vendre plus de 10 maillots floqués Ibrahim Traoré. Vraiment, on rend grâce à Dieu. Ces maillots coûtent 2 500 FCFA pour les simples et 6 000 FCFA pour les originaux. Les autres maillots du Burkina Faso sont également demandés notamment la couleur verte qui est la plus demandée ici », se réjouit Issaka Nana.

Selon Issaka Nana, les maillots des clubs locaux comme l’EFO, l’ASFA YENNEGA ou SALITAS FC ne sont pas demandés. « Personne ne demande ces maillots. Nous-mêmes, nous ne connaissons pas ces maillots (rires), ni où on pourrait se les procurer. Nous n’avons jamais vu un maillot de l’EFO ou de l’ASFA YENNEGA, même au grand marché », regrette-t-il.

Issaka Nana, vendeur de vêtements

Tout en invitant les jeunes à plus de comportement responsable, Issaka Nana trouve son métier très rentable. « C’est un métier bénéfique. Par exemple, si un enfant est avec toi, s’il apprend bien, il pourra s’en sortir dans la vente des maillots. J’ai eu un petit qui était avec moi et continuait ses études. Aujourd’hui, il s’en sort très bien dans ce commerce. Tout jeune doit se départir de tout comportement qui pourrait lui nuire, notamment la consommation de certaines substances ou boissons. Ça détruit beaucoup de jeunes. Il faut se battre, apprendre des devanciers, rester dans le droit chemin et le succès viendra », a-t-il indiqué.

Pas loin de là, nous avons croisé Drissa Kaboré, grossiste de maillots. Pour lui, le marché est morose en raison de la saison des pluies. « Chez nous, actuellement les maillots burkinabè les plus prisés sont ceux portés par les Etalons (maillot blanc), le maillot orange de la Côte d’Ivoire, le maillot bleu et jaune d’Al Nassr de Cristiano Ronaldo. Ensuite, nous avons les maillots du Real Madrid, de Manchester City. Il n’y a pas de demande en ce qui concerne les maillots des clubs locaux. Les clients n’en demandent pas, c’est beaucoup plus les maillots des Etalons et des clubs européens. Personnellement, j’entends le nom de ces clubs et je suis souvent les matchs mais les maillots non », souligne-t-il.

Drissa Kaboré, vendeur grossiste de maillots

« Actuellement le marché est morose avec la saison des pluies et on espère qu’avec la rentrée et la saison sèche, tout ira mieux. Le maillot avec la photo du président Ibrahim Traoré, la demande est forte. Les gens aiment le maillot, ils aiment la photo et quand tu étales, ça ne dure pas, ça part seulement », précise-t-il.

De son côté, Abdoul Karim Barry est vendeur de maillots depuis plus de 30 ans aux environs du barrage de Tanghin. Sur cet alignement menant du barrage au camp Paspanga, il vend uniquement des maillots. Tout comme les autres vendeurs, c’est le maillot floqué à l’effigie du président de la transition qui est le plus demandé. Chez lui, les prix des maillots se disputent entre 2 500, 3 000, 4 000, 5 000, 10 000 FCFA en fonction de la qualité.

« La vente des maillots, ça va tout doucement. Les maillots les plus demandés sont ceux des Etalons notamment les maillots pour enfants. Les maillots avec les photos du président Ibrahim Traoré ne suffisent même pas surtout les maillots des enfants. Pour les grandes personnes, la demande est forte mais les gens bien qu’ils aiment, ont un peu peur de porter ça en public. Ces types de maillots sont beaucoup prisés et ne suffisent pas. Pour les grandes équipes, ce sont les maillots du Real Madrid, d’Al Nassr et le maillot de l’Inter Miami qui sont les plus demandés », explique-t-il.

Abdoul Karim Barry regrette tout de même l’indisponibilité des maillots des clubs locaux. « Je n’ai jamais croisé un client qui demande un maillot d’un club burkinabè. Notre fédération ne fait pas d’efforts dans ce sens, elle devrait travailler à disponibiliser ces maillots. Avant dans les années 1998 en venant, on pouvait retrouver sur le marché des maillots des clubs comme l’EFO ou l’ASFA. Mais aujourd’hui, on ne peut en trouver. S’ils rendent ces maillots disponibles, ça pourrait intéresser certains clients. Même s’ils ne connaissent pas l’équipe, si le maillot est joli, les gens pourraient acheter et ça va aider même les clubs en question », conseille-t-il.

Abdoul Karim Barry, vendeur de maillots depuis trente ans

« La vente des maillots est bien évidemment rentable. Tout cet alignement, tous ceux qui sont ici avoisinent les trente ans de service. La vente des maillots, c’est notre travail, nous ne connaissons rien d’autre. Tout le monde ici a au moins une moto, nous avons des femmes, des enfants, nous payons la scolarité de nos enfants grâce uniquement à la vente des maillots », a ajouté Abdoul Karim Barry.

Tout en souhaitant le retour de la paix au Burkina Faso, Abdoul Karim Barry n’a pas manqué de prodiguer quelques conseils aux jeunes. « Il n’y a pas de sot métier, chacun doit se battre seulement. Dans chaque travail, il faut toujours commencer peu et gravir les échelons. Ceux qui nous ramènent des maillots de la Chine, ils ont commencé avec cette vente et sont arrivés à ce niveau. Y a des gens qui étaient ici et sont devenus de riches commerçants et c’est ainsi la vie. Commencer petit et grandir. Nous avons commencé à tourner dans la ville pour la vente et aujourd’hui chacun a son endroit pour vendre. Et jusqu’aujourd’hui, on rend grâce à Dieu. Nous souhaitons que la paix revienne au pays afin que les activités puissent se dérouler normalement et que l’économie puisse décoller. Avant, nous partons dans les provinces à l’occasion des foires et autres festivités pour vendre mais avec la situation actuelle, ce n’est plus possible. Donc notre souhait le plus ardent, c’est le retour de la paix », a-t-il souhaité.

Mamadou ZONGO
Lefaso.net