Championnats du monde de pétanque Bénin 2023 : Les Etalons troisièmes au classement général, quels enseignements ?
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Les lampions se sont éteints sur les championnats du monde de pétanque qui se sont déroulés à Cotonou au Bénin du 8 au 17 septembre 2023. L’heure est maintenant aux enseignements. Les Etalons du Burkina se classent à la 3e place au classement général sur 31 pays. Il faut même relever avec force, que le Burkina dans le dernier carré, représentait l’Afrique, face à la France, championne sortante, l’Espagne finaliste médaillée d’argent et la Thaïlande nouvelle championne du monde. Un rang de 3e mondial des Etalons, honorable, derrière les cadors du jeu de boules planétaires.
Les championnats du monde étaient concernés par plusieurs catégories, les doublettes messieurs et mixtes, les individuels tête à tête masculins et féminins, les tirs de précision, puis l’épreuve reine qu’est la triplette où 31 pays ont compéti et dans laquelle le Burkina est sorti 3e avec la médaille de bronze. Les Etalons ont eu une autre médaille de bronze, et là il s’agit de la doublette mixte. Les Etalons pouvaient-ils faire mieux, à savoir être champions du monde ou vice-champions ? Intrinsèquement parlant, les Etalons ont parfois tenu la dragée haute aux cadors planétaires du jeu de boules, on se rappelle de la demi-finale contre l’Espagne, où ils ont dominé leurs adversaires, et ne perdant que dans un renversement spectaculaire de situations.
Avant de juger dans le fond les performances des Etalons, intéressons-nous en amont de cette coupe du monde, c’est-à-dire la préparation. Et là il faut le souligner, elle a été des plus approximatives, in situ avec les moyens de bord. Peut-on parler de mise au vert quand une équipe s’entraîne sur le terrain d’un club ? Là n’est pas le problème si le terrain s’y prête, il s’agit du terrain du club Buayaba. Mais que les joueurs et encadreurs soient chacun chez lui à la maison, pour se débrouiller chaque jour pour venir à l’entraînement, avec les aléas de cette circulation routière de Ouagadougou, il y a quand même un risque énorme, aussi dans la récupération et la concentration des joueurs sur l’objectif. Les Etalons auront passé près de trois semaines dans cette situation d’entraînements, avant d’intégrer le COMET pour une vraie mise au vert, internement, restauration, donc une vraie concentration sur l’objectif. Ils auront passé deux semaines au COMET, jusqu’au 3 septembre pour prendre leur vol le 4 septembre pour Cotonou. Avec donc une préparation en dents de scie, on peut dire que les performances obtenues malgré tout par les Etalons, proviennent du cœur et de la détermination.
On peut ajouter à ce paramètre, les bonnes volontés dans le milieu de la pétanque, qui ont convoyé plus d’une trentaine de supporters, hébergement et restauration pris en charge, à Cotonou, auprès des joueurs afin qu’ils ne soient pas orphelins. A ce niveau, il importe de souligner que Mathias Tankoano, ancien ministre des sports et féru de la pétanque, aura joué un rôle dans la galvanisation des joueurs. Certains pays ont envoyé leurs boulistes pour des stages dans des grands clubs de pétanque, à l’exemple du pays hôte le Bénin, qui est allé passer un stage d’un mois au Maroc. En sport, il y a toujours des impondérables, mais l’obligation revient aux autorités en charge du sport de faire ce qui est possible pour mettre ses athlètes dans des conditions idoines de préparations.
On le sait en règle générale, au Burkina, les sports de mains sont les parents pauvres du ministère de tutelle, et c’est au niveau du football que les gros moyens sortent pour être mis à disposition. Contrairement au football, où la fédération bénéficie de subventions conséquentes de la CAF et de la FIFA, sans compter les moyens émanant du ministère des Sports, les autres fédérations n’ont pas de ressources si ce ne sont les modiques subventions annuelles à elles allouées. Au moins, il sied que si d’aventure, des athlètes d’autres fédérations s’en vont en compétitions internationales, qu’ils soient mis dans de bonnes conditions, car ils s’en vont tous défendre le même drapeau. Et que dire des primes servies à ces athlètes (pour le cas précis de la pétanque à ce mondial, les primes étaient comprises entre 25 000 et 300 000 FCFA au regard des stades de qualifications), par rapport à celles du football ? Des miettes, mais n’empêche, ces athlètes tentent de se sublimer pour porter haut les couleurs nationales, comme viennent de le démontrer les Etalons boulistes à Cotonou.
Lors de leur retour au pays le 18 septembre, un représentant du ministère était à l’aéroport pour accueillir les joueurs et leur staff technique pour les féliciter pour les résultats obtenus. On leur dira que dans les prochains jours, ils seront reçus par le ministre en charge des sports. Du baume dans les cœurs des ambassadeurs burkinabè de la pétanque, après une préparation qui n’a pas été à la hauteur, mais avec des résultats au final qui forcent le respect et l’admiration. Vivement donc qu’un autre regard et des égards soient portés à ces fédérations et leurs athlètes qui vont représenter le pays à l’échelon international et mondial.
Barthélemy KABORE