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Burkina / Santé : "La publicité du tabac sape les efforts du gouvernement dans la santé publique, environ 57 milliards FCFA de perte par an" (organisations de lutte anti-tabac)

Publié le mardi 30 mai 2023 à 20h00min

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Burkina / Santé :

« Cultivons des aliments, pas du tabac ». C’est le thème retenu pour la Journée mondiale sans Tabac 2023, commémorée chaque 31 mai, et ce, depuis 1987. Pour l’occasion, et à travers cette déclaration conjointe, Afrique contre le Tabac (ACONTA) et le réseau des journalistes pour la lutte anti-tabac au Burkina Faso (REJAT-BF) saluent les efforts du gouvernement en matière de lutte contre le tabac qui, selon des études, entraîne près de 4 700 décès et cause près de 57 milliards de francs CFA de pertes économiques, chaque année au Burkina. C’est pourquoi plaident-ils pour plus de vigilance de la puissance publique vis-à-vis de la publicité sur les produits du tabac et pour l’adoption d’un texte sur l’emballage neutre du tabac et des produits du tabac.
Déclaration !

Le 31 mai de chaque année, est célébrée la Journée Mondiale Sans Tabac. Elle a été instituée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) depuis 1987. En 2023, elle est célébrée sous le thème : « cultivons des aliments, pas du tabac ». C’est un thème qui interpelle les différents gouvernements, y compris le gouvernement du Burkina Faso, à ne pas subventionner les agriculteurs de tabac et à ne pas aussi permettre à l’industrie du tabac d’encourager les agriculteurs à la culture du tabac.

En effet, la culture industrielle de tabac est source d’insécurité alimentaire, surtout dans les pays où la culture du tabac est très développée. En mobilisant les gouvernements autour de cette thématique, l’OMS veut encourager les décideurs politiques à investir dans une agriculture durable, à même d’assurer la sécurité alimentaire.

Le Burkina Faso n’est certes pas un pays producteur de tabac à l’échelle industrielle, mais le gouvernement a été prévoyant en ratifiant le 31 juillet 2006, la Convention Cadre de l’OMS pour la lutte-antitabac (CCLAT) et en adoptant la loi N°040-2010/AN du 25 novembre 2010 portant lutte contre le tabac au Burkina Faso. L’article 4 de cette loi dispose que : « La culture industrielle et la culture encadrée du tabac sont interdites au Burkina Faso ». Ainsi, toute action de l’industrie du tabac ou de ses alliés visant à remplacer l’agriculture durable par la culture du tabac est inégale et ne saurait prospérer.

Au-delà de l’interdiction de la culture industrielle et encadrée du tabac au Burkina Faso, beaucoup d’efforts sont faits par le gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre des politiques de lutte antitabac. En effet, l’augmentation des taxes sur le tabac, de 50% à 55%, dans le budget de l’Etat gestion 2023, le renouvellement des avertissements sanitaires graphiques sur les emballages de tabac sont entre autres des actions à saluer. Cependant, les résultats engrangés dans la lutte antitabac restent en-deçà des objectifs fixés par l’article 3 de la CCLAT.

La législation antitabac en vigueur au Burkina Faso n’encadre pas suffisamment les produits du tabac nouveaux et émergents, l’ingérence de l’industrie du tabac dans les politiques de santé publique et les activités dites socialement responsables de l’industrie du tabac.

En ratifiant la CCLAT, le Burkina Faso s’engage à protéger les générations présentes et à venir des effets sanitaires, sociaux, environnementaux et économiques dévastateurs de la consommation de tabac et de l’exposition à la fumée de tabac.
C’est pourquoi, en tant qu’acteur engagé dans la lutte antitabac, nous saluons l’effort du gouvernement concernant l’augmentation progressivement des taxes sur le tabac. Toutefois, l’OMS préconise que le taux de la taxe d’accise atteigne 70% et ce conformément à l’article 6 de la CCLAT.

Ce qui permet d’augmenter les prix des cigarettes et, partant, de réduire le pouvoir d’achat des consommateurs de tabac surtout au niveau des couches vulnérables que sont les enfants, les adolescents et les adultes qui ont un revenu faible. Selon l’enquête STEPS réalisée au Burkina Faso en 2021, 9,1% des adultes sont des fumeurs dont 18,2% d’hommes et 0,5% de femmes.

Il est également important que des actions vigoureuses soient prises pour empêcher la publicité illégale du tabac et des produits du tabac. L’industrie du tabac fait de la publicité de ses produits pour inciter à la consommation. Pourtant, l’article 13 alinéa 1 de la CCLAT stipule que les Parties reconnaissent que l’interdiction globale de la publicité, de la promotion et du parrainage réduira la consommation des produits du tabac.

L’alinéa 4 du même article précise que chaque partie interdit toutes les formes de publicité en faveur du tabac, de promotion et de parrainage qui contribuent à promouvoir un produit du tabac par des moyens fallacieux, tendancieux ou trompeurs, ou susceptibles de donner une impression erronée quant aux caractéristiques, aux effets sur la santé, aux risques ou émissions du produit.

L’article 16 de la loi N°040-2010/AN portant lutte contre le tabac au Burkina Faso dispose que la publicité y compris la publicité transfrontalière et la promotion directes et indirectes, sous quelque forme que ce soit en faveur du tabac et des produits du tabac, sont interdites à l’exception des espaces autorisés par les textes règlementaires.

L’article 23 de la loi N°080-2015/CNT portant règlementation de la publicité au Burkina Faso dispose que toute publicité sur le tabac et les produits du tabac par quelque procédé ou sous quelque forme que ce soit est interdite à la radio, à la télévision, dans la presse écrite, sur internet, par les téléphonies-mobiles et par voie d’affichage sur la voie publique.

Cependant, force est de constater que la publicité du tabac et des produits du tabac est faite en violation de la règlementation existante. Nous plaidons auprès du gouvernement pour que des actions soient prises pour arrêter cette forme de publicité qui se fait par voie d’affichage au niveaux des vendeurs de cigarettes à savoir les détaillants, aux abords de la voie publique à travers des parasols et un dispositif permettant une publicité visible du tabac et des produits du tabac. Ce qui est contraire à l’article 24 alinéa 1 de la loi N°080-2015/CNT portant règlementation de la publicité au Burkina Faso. Cette disposition n’autorise que l’apposition d’affiches non visibles de l’extérieur.

En rappel, selon le modèle d’investissement pour la lutte antitabac au Burkina Faso, près de 4,700 Burkinabè meurent chaque année des suites de maladies liées au tabac, soit 2% de tous les décès du pays. Aussi, il ressort de cette étude que le tabagisme cause près de 57 milliards de francs CFA de pertes économiques chaque année au Burkina Faso. Face à cette situation alarmante, la publicité du tabac et des produits du tabac faite par l’industrie du tabac ne fait que saper les efforts du gouvernement dans la protection de la santé publique.

En outre, nous plaidons pour l’adoption d’un texte sur l’emballage neutre du tabac et des produits du tabac. Ce qui aidera à empêcher l’initiation, des enfants et des adolescents, à la consommation de tabac et à diminuer considérablement la publicité du tabac et des produits du tabac.

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 31 mai 2023 à 10:29, par kwiliga En réponse à : Burkina / Santé : "La publicité du tabac sape les efforts du gouvernement dans la santé publique, environ 57 milliards FCFA de perte par an" (organisations de lutte anti-tabac)

    "la culture industrielle de tabac est source d’insécurité alimentaire, surtout dans les pays où la culture du tabac est très développée"
    Ben oui, mais "les nous autres", c’est du coton que l’on cultive à outrance, pour le vendre à l’étranger, négligeant ainsi, à la fois les cultures vivrières et les possibles créations d’emplois liés à l’industrie.
    Sinon, depuis quelques mois, je subis une forte augmentation sur les cigarettes de marque locale (j’ai d’ailleurs redoublé d’ardeur à la consommation, ne cachant pas ma fierté de participer ainsi à l’effort de soutien patriotique), alors que les cigarettes de marque étrangère, n’ont pas connu d’augmentation... drôle de façon d’envisager le sankarisme ?
    Et si plutôt que de copier les "Blancs" en demendant des paquets neutres (ce qui n’a pas diminué le tabagisme chez eux), vous vous préoccupiez un peu de faire appliquer les lois chez nous : interdiction de vente aux mineurs, interdiction de vente par les mineurs, interdiction de vente au détail,... ou bien, les "Blancs" ne vous subventionnent pas pour ça ?

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