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Sénégal # Burkina : 0 - 0 : Les Etalons ont assuré et rassuré

Publié le mercredi 28 janvier 2004 à 07h13min

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0-0 face au Sénégal, le scénario est idéal. Mais il l’aurait été davantage si Abdoulaye Cissé et Tanguy Barro avaient fait preuve de plus de réalisme devant les buts sénégalais.
"Je n’ai pas rêvé une nuit voir le Burkina résister devant nous," avait déclaré Jules Bocandé. Rabier avait été plus prudent : "Je ne ferai pas de déclaration mais il verra ce dont nous sommes capables le jour du match".

Ces paroles interposées sonnaient déjà la guerre avant la confrontation sur le terrain. Mais après la rencontre, Jules Bocandé n’avait plus le verbe haut. Les Lions de la Téranga, exceptionnels de talent et d’aisance technique se sont retrouvés face à un os dur, difficile à croquer. Jeu court, en triangle, transversales, dribbles, les solides Sénégalais du compartiment offensif ont effectué une démonstration impressionnante, un régal de jeu sans parvenir à sauter le verrou burkinabè. Les poulains de Rabier avaient simplement fermé, verrouillé et barricadé tous les portails avant d’aller jeter les clés à la mer. Les Sénégalais les rechercheront en vain sans parvenir à les retrouver.

Dieu était burkinabè

Face aux assauts sénégalais, la question était de savoir plutôt jusqu’à quand allaient tenir les Etalons que de chercher à connaître l’issue qu’aurait eu la rencontre. Pour beaucoup, l’issue du match était connue d’avance. Le Sénégal, pas vraiment précautionneux mais à la recherche de ses réglages, lâchait la première flèche par Mamadou Niang qui délivrait un tir à ras de terre de 20 m (10e). Le même Niang revenait encore par une tête mal ajustée qui passait à côté (22e). Les Lions de la Téranga continuaient de dérouler.

Diouf sème la panique côté gauche et utilise l’arme fatale du football : un centre en retrait. Henri Camara qui était à la réception ouvre trop son pied (37e). Durant toute la première période, ils obtinrent neuf corners. La plus grande occasion sénégalaise qui fit frissonner les Burkinabè est ce tir de Camara qui s’écrasa sur le montant gauche de Soulama (53e). Niang avant de céder sa place à Diomansy Kamara eut le temps d’inquiéter encore le portier des Etalons (55e). Face à toutes ses tentatives infructueuses, on pouvait dire que Dieu était burkinabè. Et il l’a été jusqu’à la fin.

Les Etalons n’y ont pas cru

Devant cette vague déferlante des Sénégalais, les Etalons ont eu eux aussi leurs occasions. Les plus nettes du match étaient d’ailleurs burkinabè. Cissé (16e et 59e) avait un ballon de 1-0 mais ne se montre pas suffisamment lucide, se faisant avaler rapidement par la défense sénégalaise. Tanguy (84e) ne crut pas en ses chances après avoir profité d’une bourde de Souleymane Diawara. Les Etalons auraient pu piéger les Lions et leur faire un hol-up parfait.

Mais ce n’est que partie remise. Le Sénégal est passé, il faut se concentrer maintenant sur les autres adversaires à venir. Signalons que dans la même poule, les Aigles du Mali ont dominé les Harambée Stars du Kenya par la marque de 3 - 1 et s’accaparent seuls de la tête du groupe.


Les Etalons vus à la loupe

Après le résultat nul (0-0) obtenu face au Sénégal, nous faisons une analyse du comportement de chaque Etalon au cours de cette rencontre.

Abdoulaye Soulama

Il n’a pas eu un grand arrêt à faire. Il était tout simplement béni de Dieu, se contentant de suivre du regard toutes les tentatives sénégalaises se dérober de son cadre.

Lamine Traoré

Il a évolué en-deçà de ses capacités. Ses interventions étaient approximatives. Il n’a pas apporté toute l’assurance qu’on attendait de lui. Le patron de la défense burkinabè a encore à prouver.

Moussa Ouattara dit "Bouffe-tout"

Il a été irréprochable. Il a contenu Diouf qui dut s’exiler sur les côtés pour faire son cinéma. Mis en confiance par ses interventions, il monta placer quelques têtes sur les balles arrêtées.

Amadou Coulibaly "Tigana"

Il essayait de rendre une copie propre et sobre. Par moments, il fut enrhumé par Diouf ou Camara mais il a bien tenu son poste.

Saïdou Madi Panandetiguiri

Pour endiguer les raids de Henri Camara, Rabier lui confia la tâche de fermer le couloir droit de la défense. Perturbé par les permutations incessantes de Camara et Diouf, il finit par trouver ses repères au fil du match. Irréprochable.

Mahamadou Kéré dit "Bado"

Le capitaine des Etalons a eu fort à faire face à Aliou Cissé. Il ne s’est pas laissé impressionner par les agacements de ce dernier. Il a joué simplement son match.

Rahim Ouédraogo

Il livra son match sans s’occuper des détails. Il eut même une occasion de but sur coup franc de Touré (27e).

Bèbè Kambou dit "Bill Tchato"

Grosse présence physique et technique dans le match. Il était une muraille infranchissable pour les Sénégalais. Il a confirmé à cette rencontre tout le bien qu’on pensait de lui.

Amadou Touré

Il n’a pas tellement influencé le jeu. Touré était transparent et apparaissait par à-coups quand le jeu se développait sur son côté.

Abdoulaye Cissé dit "Cisco"

Il a été gourmand sur sa première occasion de but. Il aurait pu centrer en retrait pour Dagano. Sur la seconde, il ne peut que s’en vouloir à lui-même. Il n’a pas apporté le plus attendu.

Moumouni Dagano dit "Momo"

C’est le plus dangereux des joueurs burkinabè à l’orée de la surface de réparation. C’est pour cela qu’il était surveillé comme du lait sur le feu par deux gardes du corps. Sifflé six fois hors-jeu, il n’eut aucune occasion de but .

Sié Hermann Tanguy Barro

Rentré en cours de jeu, il emmerda la défense sénégalaise par ses appels de balle incessants et ses chevauchées. Ils obligea Souleymane Diawara à la faute (84e) mais il ne sut en profiter. Sa rentrée fut néanmoins décisive et fructueuse.

Béranger ILBOUDO
Envoyé spécial à Tunis


LA PAROLE AUX ACTEURS

Bogandé, le coach adjoint, revient à la raison

Tout ancien joueur qu’il est, Jules Bogandé, actuel adjoint de Guy Stéphane n’a su garder la mesure qui sied à la veille des rencontres de ce genre. "Même dans mes rêves, je ne vois pas les Etalons nous gagner", avait-il dit. On peut accepter que c’était une petite phrase relevant du "communiqué de guerre." Mais après de telles déclarations, il faut se donner les moyens. Le Sénégal n’a pas perdu mais tel que c’est dit, même le nul est une défaite pour les Lions. Alors la presse s’est fait le devoir de rappeler à Bogandé ses déclarations afin qu’il se justifie. Jules a retrouvé sa lucidité.

"On a joué contre une équipe inférieure à la nôtre, tout le monde le sait. Mais ce qui fait le charme d’une CAN, c’est que les meilleurs ne gagnent pas toujours." Avait-il oublié cette réalité quand il faisait ses déclarations tapageuses ? L’adjoint de Guy nous a même surpris.

"Les Etalons m’ont séduit", a -t-il affirmé en plus avant d’avouer sa déception pour le point perdu.

"J’ai neutralisé Diouf" , dixit Panandétiguiri

Entre Diouf et Madi, c’était le match dans le match. Enfin, presque. L’attaquant sénégalais qui changeait notamment de place sur le terrain arrive de fois à fausser compagnie à Madi. Mais dès qu’il revenait sur son côté, la guerre reprenait. Est-ce que Rabier avait chargé son poulain de cette mission ? Pas vraiment. Toutefois, c’était tout comme. Mon devoir de latéral était de neutraliser Diouf ou tout autre attaquant. Singulièrement, je me suis appliqué quand Diouf revenait sur mon côté.

"Je crois que je suis parvenu à le neutraliser puisqu’il n’a ni marqué ni donné une balle de but", a commenté Panandétiguiri, auteur d’un grand match.

Diouf : "Les Burkinabé étaient présents et coriaces"

Diouf s’en veut et à tous ses camarades de l’attaque de n’avoir par marqué des buts.

"Nous avons eu beaucoup d’occasions de buts. Au haut niveau, si vous dominez sans mettre la balle au fond des filets, attendez-vous au revers de la médaille. c’est ce qui nous est arrivé. Je le regrette fortement" , dit-il avant de relativiser : "Toutefois, nous n’avons pas perdu ; C’est essentiel. Tout peut arriver dans notre poule qui est désormais ouverte." Que retient Diouf de l’équipe du Burkina ?

"Elle est coriace. Les Burkinabé ont été présents. Ils se sont très bien battus", avoue-t-il.

"On ne fêtera pas pour ça" : colonel Parkouda vice-président de la FBF

"Les pronostics ne nous donnaient pas grand-chose dans ce match. Pour nous, l’essentiel c’était de ne pas perdre. On a joué tactique et on a eu gain de cause. Tous les Burkinabè en sont fiers. D’ailleurs, des félicitations nous sont venues de Ouaga. C’est dire combien ce nul est important pour nous", a déclaré Parkouda. Un nul historique, est-on tenté de dire. Le Burkina a-t-il gagné sa CAN déjà ? Le colonel est clair : "Ce n’est pas le moment de faire la fête. Nous avons encore deux matchs à jouer. La CAN ne fait que commencer."

Guy Stéphane : "Je m’y attendais"

"Ce match contre le Burkina, je m’attendais à ce qu’il soit difficile. Notre péché fut notre inefficacité devant les buts. N’allez pas chercher d’autres explications". "Nous avons pris les Burkinabé avec tout le sérieux que cela se doit".

L’entraîneur n’en veut à personne surtout pas à ses joueurs encore moins à ses propres choix, ses remplacements. A présent que le Sénégal a mal entamé la compétition, son coach s’en remet au travail pour remettre l’équipe sur les rails.

"Nous avons pris des notes. Il y a des choses à revoir. On va y travailler", a-t-il conclu.

Jean-Paul Rabier, coach des Etalons : "Le nul n’est pas un point de bonheur pour moi"

S’il y a un entraîneur que toute la presse pensait voir dans les nuages, c’est bien celui du Burkina qui a réussi l’exploit d’un nul devant les Lions de la Téranga. Rabier s’en félicite d’ailleurs. C’est un bon résultat pour nous.

"Pour expliquer cet exploit, Rabier dira que c’est l’expression du courage d’une bande de copains.

Et de poursuivre : "Mes joueurs se sont donnés à fond. J’en suis satisfait. " Le coach du Burkina refuse cependant qu’on dise que ce résultat lui suffit. "Ce nul n’est pas un point de bonheur pour moi. L’équipe a pris de la confiance, elle fera d’énormes progrès" , a-t-il conclu.

Jérémie Nion
envoyé spécial à Tunis

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