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Promotion de la femme au Burkina Faso : Le combat de Fatouma Sophie Ouattara

Publié le mardi 7 mars 2023 à 22h30min

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Promotion de la femme au Burkina Faso : Le combat de Fatouma Sophie Ouattara

Titulaire d’un master en management des médias de l’université de Lille (France) et d’une licence en lettres, Fatouma Sophie Ouattara est la fondatrice du magazine d’actualité féminine Queenmafa.net créé en 2015 pour promouvoir les femmes. Mariée et mère de deux enfants, elle un modèle de persévérance pour la femme burkinabè. Focus sur son parcours inspirant.

Deuxième enfant d’une fratrie qui en compte cinq, Fatouma Ouattara, épouse Siri, connaît une enfance heureuse auprès de parents aimants dans la belle cité du paysan noir (Banfora). Elle fait ses études secondaires à Sainte Thérèse puis au lycée Lompolo Koné, à Banfora, où elle obtient le baccalauréat série A4. A l’école, il fallait être la meilleure. Une injonction qui l’a peut-être inconsciemment poussée vers le journalisme, discipline qu’elle a toujours considéré comme le métier de ses rêves.

Elle confesse avoir été inspirée par des aînés comme Mafarma Sanogo, Jeanne Coulibaly mais surtout Norbert Zongo, qui, à ses yeux, ont mené une carrière accomplie.
Après l’obtention du diplôme d’assistante en science et technique de l’information et de la communication (ex diplôme d’agent de maîtrise de l’information), elle rejoint l’équipe rédactionnelle des Éditions Sidwaya. Nous sommes en 2004.

Elle nous parle de cette expérience avec beaucoup de nostalgie. « J’ai été impressionnée par l’ambiance au sein de « la maison commune », surnom donné au quotidien national. Nous avons été bien accueillis par des aînés qui nous ont bien encadré. Je pense notamment à l’actuel directeur général de la RTB, Abou Bakr Rabanki Zida, à Marceline Ilboudo, la rédactrice en chef de l’époque, à Zacharia Yéyé, etc. », se remémore-elle. Elle animera par la suite une rubrique dénommée « Les pages du développement » qui la conduira dans les villages les plus reculés à la recherche d’informations sur le monde rural.

Cinq ans plus tard, après un passage à l’ENAM d’où elle sort comme administrateur du cinéma et de l’audiovisuel, elle est nommée au poste de directrice de la communication et de l’information scientifique à l’Agence nationale de la valorisation de résultats de recherche et de l’innovation. En 2018, elle est nommée directrice du suivi et du développement des médias au ministère de la Communication.
Celle qui deviendra consultante en communication et formatrice veut marquer son temps. Partant du constat que les femmes n’étaient pas assez visibles et valorisées dans les médias, lui viendra l’idée de créer le magazine Queenmafa.net en 2015.

La ligne éditoriale fait la promotion de la femme dans tous les secteurs d’activités. « C’est à partir de Sidwaya que j’ai été inspirée. A l’époque, il n’y avait pas de journaux dédiés spécialement à l’actualité féminine au Burkina Faso. Aussi, on voyait que les personnes ressources qui faisaient « la Une » des journaux étaient majoritairement des hommes. Même à la télévision, on voyait rarement des femmes prendre la parole. Il fallait donc accorder une attention particulière à cette frange de la population afin de lui donner plus de visibilité », a-t-elle avancé.

Elle se lance avec acharnement dans son projet sans grand budget, mais grâce à l’obtention d’une subvention attribuée par le fonds commun genre. De fil en aiguille, elle s’efforce, par l’intermédiaire des écrits, de mettre en lumière la pleine participation des femmes au développement politique, social et économique du Burkina Faso.

Toutefois, pour la journaliste, le combat est loin d’être gagné. Fatouma Ouattara s’insurge contre la faible représentativité des femmes dans les instances de décisions, en dépit des efforts consentis pour promouvoir l’égalité des sexes. « Nous avons seulement cinq femmes dans le gouvernement actuel. Pis, jusqu’à ce jour, une femme n’a jamais été Premier ministre dans notre pays. Pourtant, ce ne sont pas les compétences qui manquent », se désole-t-elle.

Féministe dans l’âme, son plus grand rêve, c’est de voir un monde plus juste où les femmes jouissent pleinement de leurs droits fondamentaux. Et pour apporter sa pierre, elle milite parallèlement dans plusieurs organisations tels que le Cadre de concertation des organisations féminines où elle participe activement à la formation des jeunes filles et promeut le respect des droits de la femme et de la fille.
En seulement sept ans d’existence, le magazine Queenmafa s’est spécialisé afin de répondre de manière pertinente aux différentes préoccupations des femmes.

Mais derrière cela se cachent des difficultés en termes de rentabilité. Toutefois, le découragement ne pointe pas le nez du côté de Queenmafa. Au contraire, la fondatrice fait preuve d’ardeur pour faire perdurer l’entreprise dans le temps malgré la morosité de l’environnement économique exacerbée par la crise sécuritaire. « Nous sommes actuellement en train de travailler avec CFI dans le cadre d’un projet dénommé « Afrikibaaru », pour booster notre entreprise », confie-t-elle.

Totalisant plus de 20 ans d’expérience professionnelle dans le domaine du journalisme, Mme Siri s’impose aujourd’hui, par son dynamisme et ses compétences. Ses mérites sont reconnus par les plus hautes autorités. Elle a reçu, en décembre 2022, une distinction nationale attribuée par le Conseil supérieur de la communication.

Aussi, elle a glané de nombreux prix : prix Kobo 2014 du meilleur journaliste pour l’agriculture familiale (OXFAM Burkina), prix de la meilleure journaliste 2013 du Centre de presse Norbert Zongo, prix COGEL du meilleur journaliste 2013 sur les changements climatiques, prix meilleur journaliste agricole Afrique- Caraïbe (ACP), 2009.
En tant que femme, elle a su bâtir une carrière placée sous le signe de la passion et l’abnégation au travail. Un parcours qui force respect et admiration et qui a le mérite d’être soutenu.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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