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Enregistrement des naissances chez les déplacés internes : Arlette Valia pose le débat avec son film « Rogm-Sebre »

Publié le vendredi 10 février 2023 à 13h00min

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Enregistrement des naissances chez les déplacés internes : Arlette Valia pose le débat avec son film « Rogm-Sebre »

Arlette Valia fait partie des jeunes talents du cinéma burkinabè, passés par l’Institut supérieur de l’image et du son (ISIS). Actuellement en France où elle poursuit ses études supérieures en cinéma, elle sera une fois de plus présente à la grand-messe du cinéma africain avec son court métrage « Rogm-Sebre » ou l’acte de naissance. Ce court-métrage est en compétition officielle dans la catégorie « Film des écoles de cinéma » à la 28e édition du FESPACO. Dans cet entretien, elle nous parle des conditions de réalisation de ce film, qui sonne comme un plaidoyer pour l’enregistrement des naissances dans les camps de déplacés internes.

Lefaso.net : Pouvez-vous, vous présenter à nos lecteurs ?

Je me nomme Valia Arlette Jessica, étudiante en cinéma et audiovisuel. J’ai fait mes études primaire et secondaire à Koudougou. Après mon baccalauréat, je me suis inscrite en réalisation cinéma et audiovisuel à l’Institut supérieur de l’Image et du Son/ Studio-Ecole (ISIS/SE) à Ouagadougou. Après avoir obtenu ma licence, je continue mes études supérieures en cinéma et audiovisuel en France.

Pourquoi avoir choisi de faire carrière dans le cinéma ?

J’ai choisi de faire le métier du cinéma car, pour moi c’est un moyen d’être en contact avec les gens, de parler de leurs histoires, d’être un canal pour dénoncer certains faits.

Avez-vous des modèles dans le domaine qui vous ont inspiré et qui continuent de vous inspirer ?

J’ai des modèles dans le domaine du cinéma qui sont des inspirations dont des réalisatrices, productrices et scénaristes : Fanta Régina Nacro, Kadi Traoré, Apolline Traoré. J’ai également, beaucoup d’admiration pour le scénariste, réalisateur, producteur Guy Désiré Yaméogo, le metteur en scène Ildevert Méda, le producteur Rasmané Ouédraogo, le réalisateur Rédo Porgo, le producteur Faissol Gnonlonfin.

Combien d’œuvres avez-vous à votre actif ?

Pour l’instant, j’ai réalisé deux courts-métrages : Une Vie Volée et Rogm-Sebre. Le premier a été aussi sélectionné à l’édition passée du FESPACO.

Comment vous est venue l’idée de réaliser votre film Rogm-Sebre ?

Tout est parti d’un appel à projet lancé par UNICEF Burkina Faso, qui est un partenaire de mon université sur des thématiques spécifiques proposés par eux. Et le thème qui m’a interpellé était : la problématique de l’extrait d’acte de naissance des enfants nés dans des camps de déplacés internes. Auparavant j’avais effectué un voyage à Ouahigouya où je me suis rendue dans plusieurs camps de déplacés internes. A cette occasion, j’ai rencontré les personnes déplacées et leurs situations m’avaient beaucoup touchée. Je me suis rendue compte que nous ne sommes pas vraiment au courant de la situation dans laquelle ces personnes vivent et des difficultés qu’ils rencontrent. Plusieurs d’entre eux ont fui sans avoir l’occasion de prendre ne serait-ce que leur acte de naissance qui est un document extrêmement important.

Sur un plateau de tournage

De quoi parle le film ?

Le film parle d’une jeune femme enceinte déplacée interne qui a perdu son mari suite à l’attaque de leur village. Elle mettra au monde une fille dans un camp de déplacés internes. Elle, qui n’a pas eu la chance d’aller à l’école, ne connaissait pas jusque-là l’importance de l’extrait d’acte de naissance. C’est après avoir écouté une émission radio sur l’importance de l’acte de naissance qu’elle va prendre conscience que ce document est extrêmement important pour que sa fille puisse avoir un bel avenir et aller à l’école. Elle, qui n’a aucun papier, sera prête à tout, même à prendre le risque de repartir dans son village pour récupérer tous les papiers de son défunt mari.

Qu’avez-vous rencontré comme difficultés ?

Nous avons rencontré plusieurs difficultés. Déjà, moi j’aurais souhaité tourner le film à Ouahigouya dans les camps de déplacés internes, mais au vu de la situation sécuritaire, il nous a été interdit de nous y rendre. Finalement, on a tourné dans un camp de déplacés à quelques kilomètres de Ouagadougou dans la brousse sans réseau téléphonique, ce qui est dangereux puisqu’il y avait des séquences de nuits. C’est l’occasion pour moi de remercier mon équipe technique et artistique qui a pris d’énormes risques pour la réalisation de ce projet, c’est ma deuxième famille. Merci

Que pensez-vous de la participation des femmes au développement du cinéma burkinabè ?

Les femmes sont de plus en plus engagées dans le cinéma. Elles se donnent à fond et gravissent les échelons. Elles participent à des festivals avec leurs films qui sont en compétition et sont très souvent membres du jury. C’est une grande fierté pour moi.

Quels sont vos projets ?

Mes projets sont déjà de terminer mon cursus académique, d’aller le plus loin possible, de réaliser certains projets de films qui me tiennent à cœur.

Un mot de fin ?

Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de partager ma petite expérience dans le cinéma. Je profite remercier mon université (ISIS/SE), son directeur général monsieur Frédéric Kaboré, mes collaborateurs, mes professeurs, ma famille. Longue vie au cinéma burkinabè et africain, longue vie au Fespaco.

Propos recueillis par Fredo Bassolé
Lefaso.net

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