Campagne de vaccination contre la poliomyélite : La région des Hauts-Bassins atteint une couverture vaccinale de 123,73%
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Le gouvernement du Burkina, avec l’appui des partenaires techniques et financiers, a organisé du 25 au 28 novembre 2022, une campagne nationale de vaccination contre la poliomyélite. Cette campagne qui s’est déroulée sur toute l’étendue du territoire national visait à immuniser plus de quatre millions d’enfants âgés de 0 à 59 mois. Dans les Hauts-Bassins, la campagne s’est bien déroulée avec une couverture vaccinale de 123,73%.
Malgré les nombreuses difficultés rencontrées lors de cette campagne de vaccination contre la polio, la région des Hauts-Bassins a pu atteindre une couverture vaccinale de 123,73%. Un résultat jugé très satisfaisant par le directeur régional de la santé des Hauts-Bassins, Dr Rodrigue Watton Diao. C’était le lundi 28 novembre dernier, soit au dernier jour de cette campagne de vaccination contre la polio, lorsque nous l’avons approché. En effet, une équipe de la rédaction a sillonné certains centres de santé ce jour, afin de constater l’effectivité de la campagne dans la région. De la direction régionale de la santé au centre médical du secteur 24, en passant par celui de Farakan, l’équipe a pu constater de visu l’effectivité de cette campagne ainsi que des agents vaccinateurs dévoués à la tâche.
Des responsables de centres aux agents vaccinateurs, chaque acteur se démène pour offrir les doses de vaccin aux enfants. Le tout sous la coordination technique de la direction régionale de la santé. De la courtoisie dans les gestes pour accueillir les cibles, il y en avait. Ainsi, les agents vaccinateurs usaient de leurs moyens pour mettre à l’aise les parents qui accompagnaient leurs enfants pour la vaccination. Dans les différents centres de santé visités, et ce malgré le sous-effectif des équipes de vaccination, nous avons pu rencontrer des équipes sur place pour la prise en charge de ceux qui s’y rendaient.
La poliomyélite est une maladie qui est très grave et qui entraîne une paralysie chez les enfants et qui peut conduire au décès. Le Burkina Faso avait été déclaré pays exempt de poliovirus sauvage en 2015, mais il est actuellement l’un des 15 pays de la région africaine qui connaissent des flambées de cas de paralysie en lien avec les autres formes de poliovirus. « Cela s’explique par le fait que le Burkina avait baissé la garde à un certain moment », a expliqué le directeur régional de la santé et de l’hygiène publique, Dr Rodrigue Watton Diao.
Face à la résurgence des cas de polio, il était donc nécessaire de pouvoir adapter une riposte à cette épidémie. Déjà, il y a eu immédiatement des campagnes de vaccination dans les zones concernées, qui se sont étendues par la suite sur l’ensemble des districts du pays qui ont eu à faire chacun au moins deux passages de vaccination. Avec le renforcement de la vaccination à date, le pays a pu freiner la propagation du virus de la poliomyélite si bien qu’en 2022, le pays n’a enregistré qu’un seul cas de poliomyélite. C’est dans la dynamique de maintenir cet acquis de pays exempt de poliomyélite et permettre aux enfants de s’épanouir dans un environnement assaini, que le ministère de la Santé et ses partenaires ont organisé du 25 au 28 novembre dernier, une énième campagne de vaccination au profit des enfants de 0 à 59 mois.
La cérémonie de lancement de cette campagne s’est déroulée au Centre médical urbain de Ouézzin-ville, à Bobo-Dioulasso. Présidée par le ministre de la santé, Dr Lucien Robert Kargougou, qui avait à ses côtés les représentants des partenaires techniques et financiers dont l’UNICEF et l’OMS. Cette campagne visait l’atteinte de plus de quatre millions d’enfants de 0 à 59 mois sur toute l’entendue du territoire national. Dans la région des Hauts-Bassins, cette campagne visait à toucher 384 322 enfants de 0 à 59 mois. Selon le directeur régional de la santé, Dr Rodrigue Diao, pour atteindre cet objectif, c’est la stratégie porte à porte qui a été mise en œuvre. « L’objectif c’était de dénombrer d’abord tous les enfants de 0 à 59 mois et par la suite de procéder à leur vaccination dans la région. Pour cela, toutes les stratégies qui permettent de trouver ces enfants ont été mises en œuvre en priorisant ainsi le porte à porte », a-t-il laissé entendre.
A en croire Dr Diao, cette maladie exige que tous les acteurs fédèrent leurs efforts pour pouvoir l’éradiquer du pays. Pour cette campagne, des équipes mobiles ont sillonné les établissements scolaires, les concessions, les marchés, etc. afin d’administrer à chaque enfant, deux gouttes de vaccin anti-poliomyélite. Cela leur permettra d’éviter des paralysies et même parfois d’éviter des décès. Même si les résultats en termes de couverture vaccinale sont satisfaisants, force est de reconnaître les difficultés qui ont émaillé cette campagne dans les Hauts-Bassins. La première difficulté est que la région a dénombré plus d’enfants qu’il n’était prévu. Ce qui engendrait des ruptures de stocks de vaccin par endroit. Mais le directeur régional de la santé a rassuré que des dispositions étaient prises pour permettre à chaque enfant d’avoir sa dose de vaccination.
Aussi, la campagne se tient dans un contexte marqué par l’insécurité qui est une réalité dans les Hauts-Bassins. Ce qui fait qu’il y a certaines zones qui sont difficiles d’accès. A cela s’ajoute également les zones inaccessibles du point de vue de l’état des routes. Pour cette campagne, les leaders d’opinions ont été mis à contribution pour sensibiliser les parents d’enfants, afin qu’ils fassent vacciner leurs enfants. « Dans cette campagne, nous avons senti leur accompagnement. Ce qui fait que la région des Hauts-Bassins a pu enregistrer des résultats assez appréciables. Donc il y a eu un gros travail de la part de ces leaders qui accompagnent cette initiative », a confié Rodrigue Diao.
Cette énième campagne va permettre ainsi de limiter la circulation du virus sur le territoire national. Le directeur régional de la santé et de l’hygiène publique a saisi cette occasion pour remercier l’ensemble des partenaires techniques et financiers qui accompagnent le Burkina Faso dans cette campagne. Avant d’exhorter la population et plus particulièrement les parents à faire vacciner leurs enfants lors des campagnes de vaccination, notamment lors de la campagne prochaine en décembre. Par ailleurs, il a fait savoir que cette campagne fera l’objet d’un monitorage assez strict qui permettra de dire si le travail a été bien fait ou pas.
Pour ce qui concerne les acteurs eux-mêmes sur le terrain, cette campagne se passe bien, à part quelques cas de résistance de parents. La grosse difficulté rencontrée au niveau du centre de santé de Farakan est liée à l’insuffisance de personnels (agents vaccinateurs). « Depuis le début de la campagne, tout se passe bien. La difficulté ici c’est que nous n’avons eu que 15 équipes, ce qui est insuffisant parce que notre aire sanitaire est très vaste. Les années passées nous avions eu 25 équipes. Cette insuffisance pourrait jouer sur le nombre d’enfants vaccinés », a déploré la responsable du centre, Korotimi Ouédraogo/ Djiguemdé.
Même difficultés recensées au niveau du centre médical du secteur 24. Malgré cela, le responsable dudit centre, Amidou Traoré, rassure que tout est mis en œuvre pour assurer une bonne couverture vaccinale. Pour lui, la poliomyélite demeure une menace pour la santé des enfants, c’est pourquoi il a saisi l’occasion pour inviter les parents à soutenir et faciliter le travail des équipes de vaccination en tout temps. Fatima Paré est une mère qui a amené son enfant pour la vaccination. Elle ne manque pas de mots pour faire l’éloge de la vaccination qui, selon elle, a beaucoup d’avantages. « La vaccination permet de protéger les enfants contre plusieurs maladies, contre la paralysie. C’est pourquoi j’ai amené mon enfant pour la vaccination », a-t-elle laissé entendre.
Même son de cloche chez Rachida Dicko qui a amené son enfant pour la vaccination. Elle a d’abord salué cette initiative du gouvernement qui vise à protéger les enfants contre la poliomyélite. Avant d’inviter toutes les mères à accepter de faire vacciner leurs enfants.
Romuald Dofini
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