Les vendeurs de poisson ne sont pas du tout contents. Ils disent « non » à la hausse du prix du poisson décidée par leur grossiste-importateur. Des vendeurs, en majorité des femmes, ont manifesté leur mécontentement devant l’établissement fournisseur de poisson, le mercredi 4 janvier 2006. « C’est la mort pour nous si les prix doivent augmenter de cette façon... », a lancé une manifestante à notre arrivée sur les lieux. Les manifestants étaient tenus à distance de la porte d’entrée de l’établissement par la police qui avait investi les lieux. « Dia a subitement augmenté le prix du poisson sans raison. Le carton de poisson de 20 kg est passé de 9 500 francs à 11 000 francs, ce matin et celui de 30 kg de 13 500 francs à 15 500 francs CFA. A ce prix, ceux qui se débrouillent comme moi ne peuvent plus acheter au risque d’enregistrer des pertes... », nous confie un jeune venu pour s’approvisionner. « Je vends le poisson dans les villages et les provinces depuis deux ans maintenant et j’arrive à m’en sortir. Si les prix doivent demeurer tels, ce n’est pas du tout bon pour moi... », affirme-t-il, acceptant de se faire photographier tout en refusant de décliner son identité.

Des vendeurs acceptent pourtant cette augmentation avec résignation. C’est le cas de cette dame qui a, elle aussi, refusé de décliner son identité. Nous l’avons trouvée dans la cour de l’établissement en train de faire charger une cinquantaine de cartons qu’elle venait d’acheter. « Nous acceptons cette augmentation malgré nous. M. Harouna Dia a expliqué que c’était une situation circonstancielle. Il nous a dit que la situation est due à la hausse du prix du pétrole.

Mais il a également dit que dans une semaine, les prix vont revenir à leur niveau antérieur. Nous prenons donc acte car nous n’avons pas le choix... », soutient-elle. Ces propos seront confirmés par l’importateur lui-même, Harouna Dia. « Il n’y a plus de poisson sur le marché international.

Les coûts ont donc flambé à cause de cela et à cause de la hausse du prix du pétrole. Pour éviter une éventuelle pénurie, nous avons dû nous approvisionner sur le même marché que certains pays où le pouvoir d’achat est élevé comme le Cameroun, le Nigeria... Nous avons seulement augmenté de 50 F CFA le kilogramme de poisson. Nous tenons à préciser que c’est une situation circonstancielle car d’ici à une semaine, les prix vont normalement revenir à leur niveau d’avant. Nous attendons un bateau qui doit arriver incessamment d’Amérique du Sud... », a expliqué Harouna Dia.

Celui-ci a affirmé que les industries de pêche connaissent actuellement des difficultés dues au manque de poisson et à la crise pétrolière. « Beaucoup d’industries ont fermé leurs portes car les poissons ont disparu. C’est le réchauffement climatique qui provoque cela... », note-t-il.

Pour Harouna Dia, si ce réchauffement se maintient, il faut s’attendre à une crise, sur le marché mondial du poisson. « Nous importons le poisson d’Amérique du Sud où il coûte moins cher. Mais si la tendance se maintient, les prix risquent de flamber... », souligne-t-il. M. Dia soutient qu’il comprend la réaction des vendeurs mais rappelle le caractère circonstanciel de la hausse.

Etienne NASSA (paratena@yahoo.fr)
Sidwaya