Actualités :: Alcoolisme : Sur les traces du « qui m’a pousse »

« Koutoukou », « akpêtê », « qui m’a pousse », autant de noms pour un breuvage. L’alcool des pauvres, comme on l’appelle, fait monter la pression dans les boyaux. Ce sont les Ghanéens qui ont apporté l’eau de vie au Burkina. C’est l’avis de Marcellin, agent de santé en retraite et consommateur occasionnel du « patassi. » Il en reconnaît les vertus, dont celle par exemple de chauffer les entrailles.

Béranger lui non plus ne dit pas le contraire. Pour calmer ses violentes choliques dit-il, il a suffi d’un peu de ce breuvage spécial. Bien évidemment, le bataillon des médecins et autres spécialistes, n’est pas cet avis. Pour eux, le verdict de cet alcool pose problème.

Sur ce point en effet, il est difficile de ne pas leur donner raison. Concoctée généralement à base d’extraits de plantes, la boisson n’est pas correctement dosée. Notamment, en ce qui concerne la teneur en alcool. Dans ces conditions, son efficacité sur tel ou tel mal, relève de l’empirisme pur et simple.

Tâtonnement thérapeutique ou pas, surdosage ou non, le « kill me » comme l’appellent les anglophones, circule sous le manteau. Car en tant que breuvage frelaté, sa fabrication et sa commercialisation sont prohibés au Burkina.

En effet, exercer dans le domaine des alcools, n’est pas chose facile comme l’explique Adama. Il a abandonné les études après la classe de troisième, afin de se chercher une voie. "Je sais dit-il que l’alcool n’est pas bon pour la santé. Mais qu’y puis-je", demande-til. Alors sa contribution à lui, termine-t-il, c’est de déterminer avec précision le niveau de tolérance chez ses clients.

Sur le plan sanitaire révèlera notre interlocuteur, la mairie de Ouagadougou exige, par exemple, un avis du service d’hygiène, en plus des traditionnels documents relatifs à l’exercice de la profession de commerçant. Toute chose qui oblige la majorité des candidats à entrer dans la clandestinité.

Si en ville l’alchimie entre éthique et recherche du profit est souvent possible, ce n’est pas le cas en revanche dans les campagnes. La proximité avec les pays limitrophes et les difficultés de la vie quotidienne, font le lit de l’alcoolo-dépendance. Compromettant ainsi l’avenir de nombreuses personnes. Car bien souvent, et comme le fait remarquer un spécialiste de la question, l’odyssée alcoolique se termine sur les berges de la cirrhose.

D’un problème de beuverie, les conséquences se déportent alors sur le terrain économique. Les forces de l’ordre ont beau écumer les brousses à la recherche des trafiquants, rien n’y fait. Il semblerait d’ailleurs que certaines de ces usines artisanales aient élu domicile dans les concessions et domiciles privés. Nous n’avons pas pu le vérifier.

Entre l’alcoolique et son tord-boyaux, qui pousse qui ? Faut-il songer à interdire la consommation de l’alcool quel qu’il soit ? Comment réprimer les abus, dans un contexte de déprime collective ? Autant de questions, auxquelles la loi à elle seule ne peut malheureusement pas répondre.

Juvénal Somé
Lefaso.net

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