Je voudrais par la présente m’adresser à tous les hommes politiques de l’opposition, notamment aux leaders sankaristes, et plus particulièrement à Me Bénéwendé Sankara, président de l’UNIR/MS et géniteur du mouvement JESU (Jeunesse sankariste unie).
Mon adresse n’a pas pour objet de vous donner des leçons de politique ou de comportement social. Sachez cependant que certains de vos propos et actes n’honorent pas la mémoire de celui dont vous prétendez être le continuateur de l’œuvre. Cette interpellation a pour but de vous crier mon indignation à la face, afin que vous vous ressaisissiez ; pour répondre véritablement aux attentes de notre peuple.
Me Sankara, II est vrai que vous êtes venu tardivement à la politique et même au sankarisme, et que vous manquez par conséquent d’expérience, mais tout de même ! On ne comprend pas cette frénésie qui ressemble le plus souvent à une course de vitesse, voire à une fuite en avant, qui débouche le plus souvent sur des résultats désastreux.
A titre d’exemple, je prendrai deux situations sur le fameux JESU, dont le nom en lui—même devait vous amener, Maître, à réfléchir par deux fois avant de vous lancer dans une telle aventure : il est vrai que le Burkina Faso est un Etat laïc, mais quand même ! Jésus de Nazareth mérite plus d’égards...
Eh bien, au lancement de JESU, on nous a fait croire que c’était un mouvement porté par l’ensemble de la jeunesse sankariste. Quelle ne fut notre surprise de constater avec désillusion que ce n’était ni plus ni moins qu’une opération politicienne hâtivement montée par votre Secrétariat à la jeunesse, pour appâter les militants des autres partis sankaristes notamment, présidentielle oblige. Résultat : un fiasco total de ce qui était censé être un grand meeting de la jeunesse sankariste à la Maison du peuple, où l’on a en définitive compté à peine 150 individus ! Or la Maison du peuple fait au moins 3000 places...
Deuxième exemple, la malheureuse et humiliante marche que vous avez fait organiser une fois de plus par votre JESU, le samedi 18 juin, avec une poignée de gamins d’à peine 15 ans d’âge, que la TNB s’est fait le grand plaisir de filmer de bout en bout et de diffuser juste après les images du congrès d’investiture du chef de l’Etat par le CDP. Quelle honte pour tous les sankaristes ! Aujourd’hui, tout le pays en parle et s’en émeut, et bien sûr les CDPistes en jubilent.
Alors, Me Sankara, êtes-vous vraiment sincère dans votre démarche ? Ou êtes-vous un de ces multiples complices de Blaise Compaoré, autorisés à le vilipender le jour pour courir demander pardon la nuit et empocher en même temps quelques subsides pour une campagne de faire-valoir ?
Je vous demande prestement de répondre à ces questions pour nous libérer de l’angoisse de la trahison, car vous avez opté pour un idéal noble, qui ne saurait se confondre avec des pratiques politiciennes. Le Président Thomas Sankara ne mérite pas une telle honte. Alors, arrêtez !
D’autre part, vous n’avez pas le droit de profaner à longueur d’année la tombe du Président du Faso, qui est un héros national, pour vous faire valoir. Pour un oui ou pour un non, vous vous hâtez au cimetière des martyrs : cela n’a aucun sens. A ce qu’on dit, il n’y a pas longtemps, c’est-à-dire avant l’affaire Norbert Zongo, vous n’alliez même pas à ce même cimetière les 15 octobre pour commémorer l’assassinat du PF... Alors, arrêtez ! S’il vous plaît, arrêtez !
Ouagadougou, le 20 juin 2005
Ouédraogo Théophile Sympathisant du Mouvement sankariste Secteur 8 - Ouagadougou
