Actualités :: Du “délit d’apparence” : Tout privilège est-il injuste ?

Dans une République, tous les citoyens naissent libres et égaux devant la loi. Egalité de droits, égalité de devoirs. L’Etat organise son fonctionnement, ses lois et ses relations au service de ”Res publica”, l’intérêt général.

L’organisation des fonctions de souveraineté, de production, de protection sociale et de régulation des institutions a introduit dans tous les Etats du monde et depuis l’aube des temps, la division du travail. C’est connu, les hommes n’ont pas les mêmes compétences techniques, les mêmes qualifications professionnelles ni même les mêmes capacités physiques. Par conséquent, il ne font pas le même travail. Les Romains de l’Antiquité avaient cette formule lapidaire pour expliquer la division du travail dans les sociétés humaines : "Tous nous ne pouvons pas tout".

Cette diversité de compétences, de qualification, ces différences culturelles et politiques sont enrichissantes quand elles sont exprimées en synergie constructive. Elles sont même inscrites dans l’ordre naturel des choses. Comparaison n’est pas raison mais la vie dans une ruche, une termitière ou une fourmilière a ceci de fascinant que la division du travail et la hiérarchie qui en découle ne sont jamais source de conflit.

A chacun (la reine, les soldats et les ouvrières) son travail et le miel - pour le cas des abeilles - ne manquera pas dans les alvéoles.

A l’évidence, la société humaine est bien plus complexe qu’une ruche ou une fourmilière mais il y a indubitablement des ressemblances dans les grands traits.

L’une des grandes questions qui s’est posée aux révolutionnaires français de 1789 était celle de la compréhension des privilèges. L’équation se posait à peu près en ces termes : les hommes étant égaux en droits et en devoirs, tout privilège est-il injuste ?

L’Assemblée constituante dut trancher. Elle abolit alors les privilèges dits de droits devins attachés au clergé. Elle en fit de même pour ceux liés au sang ou à la fortune dus à la noblesse et aux courtisans. Mais la Constituante en est arrivée à accepter les privilèges liés à la fonction. C’est dire que dès 1789, les premiers concepteurs et défenseurs des droits humains ont admis que tout privilège n’est pas injuste et que l’égalité des citoyens devant la loi n’est pas synonyme d’égalitarisme. Depuis lors, la révolution de 1789 a inspiré l’organisation et l’esprit des lois de bien d’Etats modernes. Il est alors communément accepté que les privilèges liés à la fonction et à l’utilité publique des citoyens ne sont pas injustes.

Ils sont nécessaires et visent comme à compenser les risques, à donner les moyens d’action ou à accompagner le prestige inhérent à certaines charges.

Le Burkina est une République crédible, n’en déplaise aux gourous et aux ouailles du "Faso-pessimisme". Dans sa constitution, ses lois et son organisation judiciaire, il n’a pas inventé la roue. Il a retenu des principes forts comme l’égalité des citoyens devant la loi, la liberté d’opinion mais aussi des devoirs et des privilèges qui découlent du rôle et des tâches de chaque citoyen dans la société.

Mais le Burkinabè est si jaloux de ses droits, c’est à son honneur, que des marchands d’illusions donnent à penser que tout privilège est injuste et que l’égalitarisme doit prévaloir pour tous et partout. Conséquence, là où la concurrence, voire la compétence doit stimuler le travail et la production, s’instaurent comme une mesquine jalousie et la critique destructive.

Aujourd’hui si ta télévision est plus grosse que la mienne, si ta chaussure est mieux cirée que celle de mon voisin, je suis en droit de te soupçonner d’enrichissement illicite ou tout au moins de magouille en tout genre.

La "Psychose" de l’affairisme est si forte qu’un député de l’opposition, le professeur Laurent Bado avait voulu une loi sur le “délit d’apparence”. Sa proposition a fait long feu.

Heureusement, dira-t-on car si tu es différent de moi, loin de m’appauvrir, tu m’enrichis.

Djibril TOURE
L’Hebdo

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