Actualités :: Le Plateau du week-end… : La récurrence des conflits entre éleveurs et (...)

C’est un secret de polichinelle d’affirmer que le Burkina est confronté, voilà bien longtemps maintenant, à des conflits entre éleveurs et agriculteurs. Chaque saison d’hivernage est une traite à ces conflits et ces dernières années, le problème est plus récurrent avec des affrontements fréquents avec son lot de dégâts humain, moral et matériel. Malgré les initiatives publiques et privées, le problème persiste. Pourtant, il faut, coûte que coûte, mettre un terme à cette situation déplorable qui met à mal la vie de milliers de Burkinabè.

Où pourrait alors se situer le problème et que faire pour mettre fin à cette situation qui porte atteinte à la cohésion sociale ?

Rodolphe Somé : « le calme n’arrange pas les politiciens parce qu’ils pêchent en eaux troubles »

Il y a une volonté réelle qui doit s’afficher. D’abord, le problème n’est pas résolu parce que ça fait l’affaire des politiciens. Ils passent par ces deux catégories d’activités pour toujours atteindre leur fin. Lorsqu’éclate un conflit, ce sont les personnes politiques qui partent tenter de proposer des solutions. Mais des solutions que, eux-mêmes, savent éphémères. C’est donc un canal par lequel ils passent pour s’afficher régulièrement. Sinon, ce problème peut être résolu par étapes. D’abord, il faut commencer par résoudre le problème foncier, c’est-à-dire la délimitation mécanique de l’espace utilisable, aussi bien pour les agriculteurs que pour les éleveurs. En claire, il faut une définition correcte des zones ; de la même façon qu’on définit les réserves. C’est de cette même façon qu’on doit procéder ici. Ensuite, il faut déterminer la loi sur le foncier en impliquant réellement ces acteurs à la base, c’est-à-dire les écouter et leur indiquer leurs droits mais également leurs devoirs. La loi doit faire l’objet d’un consensus et à partir de ce moment, nul n’est au-dessus de la loi et elle doit être appliquée dans toute sa rigueur. Mais si jusque-là c’est la résolution des conflits à l’amiable, c’est parce que la loi n’est pas adaptée et qu’on ne peut, par conséquence, l’appliquer. La loi ne doit pas être définie sans ces acteurs principaux. Mais ça, ça n’arrange pas les politiciens parce que, eux, ils pêchent en eaux troubles et il faut qu’ils profitent de ce genre de situations pour se faire une côte politique et engranger des retombées politiques.

M. Yaméogo : « C’est qu’il y a problèmes au sein même des deux ministères… »

A partir du moment où nous avons un ministère en charge de l’agriculture et un autre en charge de l’élevage, il ne devrait même pas se poser des problèmes de ce genre. Si malgré tout il y a conflits, c’est qu’il y a problème au sein même de ces départements en charge de ces deux secteurs d’activités dont, je pense, que les missions doivent couvrir ce genre de questions. Sans agriculture et élevage, ces ministères n’existeraient pas. S’ils existent, c’est pour résoudre ce genre de situations parce que sans quiétude dans chaque domaine d’activités, on ne peut tirer profit pour l’économie nationale.

Dramane L. : « Réunir tout le monde pour trouver une solution au problème »

On attend souvent certains dire que le problème réside entre Peulh et les autres ethnies ; c’est archi-faux. Parce que parmi les éleveurs, il y a toutes les ethnies et parmi les agriculteurs, vous avez toutes les ethnies. Aucun secteur d’activité n’est l’apanage d’une ethnie donnée. Il faut donc laisser tomber cette pensée (ethniciser la situation, ndlr) pour ne pas mettre en mal la cohésion sociale et avoir le courage de réunir tout le monde pour trouver une solution au problème. Je pense aussi que c’est une question de volonté. L’éleveur ne doit pas conduire son troupeau vers des champs et aller s’asseoir sous un arbre et faire semblant de ne pas savoir ce qui se passe lorsque les animaux sont dans un champ. Ce n’est pas bien.

Adama L. Maïga : « Il faut que chacun soit de bonne foi »

Le problème ne date pas d’aujourd’hui et c’est un problème de terres qui se pose en réalité. L’agriculteur qui a sa portion de terre et l’éleveur qui a aussi l’obligation de nourrir ses bêtes ; ça crée toujours des conflits. Je crois que le problème est lié au milieu physique dans lequel nous vivons. On sait que le climat au Burkina est rude. C’est autant difficile pour l’agriculteur de se faire de bonnes récoltes que pour l’éleveur d’avoir un bon pâturage. Il y a une pression sur l’espace. Mais je pense que c’est un problème de volonté et de bonne foi ; il faut que chacun soit de bonne foi. J’ai suivi l’actualité où il y a une zone qui a été décrétée zone pastorale et les agriculteurs ont voulu l’exploiter et cela a créé un problème. Je pense que si les autorités ont pris la décision de délimiter, c’est pour résoudre le problème. Chacun doit y mettre du sien et s’impliquer réellement. Nous sommes tous fils d’agriculteurs et d’éleveurs ; donc agriculteurs avec grand A.

Bado I. : « Essayer de réduire la transhumance pendant la saison d’hivernage »

Chaque année, c’est le même problème pendant la saison d’hivernage. Pour moi, c’est une mauvaise foi de la part de nos gouvernants. Sinon, un problème récurrent comme celui-là devrait amener les gens à s’asseoir pour trouver des solutions définitives. Si on se rend compte que le problème revient à chaque fois, il convient de s’asseoir pour trouver des solutions idoines. On sait que le problème est lié à la terre ; l’agriculteur grouille pour cultiver et si les animaux viennent brouter ses récoltes en un passage, il va de soi qu’il se plaigne. Il appartient aux autorités de délimiter l’espace pour que chacun sache à quoi s’en tenir. Si cela ne va pas, on essaie de réduire la transhumance pendant la saison d’hivernage. Là, après les récoltes, la transhumance peut reprendre encore. C’est possible si la volonté y est.

Mady R. : « C’est donc une question d’organisation… »

Il faut sensibiliser les éleveurs sur les périodes de transhumance. La saison d’hivernage doit être un moment où les éleveurs doivent mettre les bétails dans un enclos. Parce que, avec les saisons capricieuses, l’agriculteur se pose la question même de savoir si sa récolte pourra répondre à ses attentes. Si dans cela encore, des animaux doivent venir détruire son champ, vous imaginez ce que ça peut faire ! Du côté des autorités aussi, il y a une volonté à prendre. En ville, on voit des animaux en divagation et c’est fréquent. Pourtant c’est interdit. Il faut appliquer les textes. Aussi, les populations doivent comprendre et accepter d’être réalistes. On ne peut pas confier des centaines de têtes de bœufs à un seul enfant et éviter qu’ils aillent dans le champ de quelqu’un ; parce que l’enfant ne pourra pas les contrôler. Il faut sensibiliser nos parents éleveurs sur ce point. C’est donc une question d’organisation, il ne suffit pas d’avoir des centaines de têtes d’animaux mais il faut aussi savoir les gérer, les encadrer.

S. Paul Millogo : « L’autorité doit prendre la question au sérieux et la résoudre, une fois pour toute »

Il faut sensibiliser les populations. Si des champs doivent être détruits par des animaux alors que l’insécurité alimentaire est une réalité, ça pose problème. L’autorité doit prendre la question au sérieux et la résoudre, une bonne fois pour toute. On s’assoit, on discute, on trouve une solution. Maintenant, celui qui enfreint aux règles qui vont être établies doit écoper d’une sanction. Il faut vraiment être intransigeant sur un certain nombre de questions pour restaurer l’ordre. Il y a une période pour l’agriculture et elle est courte ; le gouvernement peut prendre des dispositions pour que la saison s’achève sans couac. Il faut aussi qu’on puisse trouver des systèmes de dédommagement pour les victimes de telles situations, de part et d’autre. Laisser aux éleveurs et aux agriculteurs, ils ne peuvent pas trouver un terrain d’entente. Il faut que le gouvernement tranche et fasse appliquer la loi.

Moussa H. Combray : « Etablir un emploi de temps d’exploitation »

Le problème est cyclique, c’est-à-dure qu’il est vécu pendant la saison d’hivernage. L’agriculture ne dure que 3 à 4 mois alors que l’élevage se fait sur toute l’année. Donc, il se pose un problème de répartition de temps. Il faut que le gouvernement adopte des mesures qui vont arranger tout le monde. Car les deux secteurs, élevage et agriculture, sont deux facteurs-clés de notre économie. Il faut donc les organiser de sorte que l’un n’empiète pas sur l‘autre. On peut par exemple établir un emploi de temps d’exploitation, étant donné que les périodes d’activités agricoles sont connues. Mettre en place des mesures à la fois préventives et coercitives. L’Etat doit s’assumer.

Sayouba. M. : « C’est avant tout, une question de mentalité »

Il faut comprendre que c’est avant tout, une question de mentalité. Au village, posséder des centaines de têtes d’animaux est un prestige et les voir envahir un champ fait, en quelque sorte, ce prestige. Il y a donc un réel besoin de sensibilisation à faire. Les éleveurs doivent être sensibilisés sur la nécessité de respecter l’activité de l’autre. De l’autre côté également, il faut faire comprendre au paysan que le respect de l’activité de l’autre est nécessaire et que lorsqu’une zone est définie comme une zone pastorale, il faut la respecter. Après sensibilisation, on peut mettre en place des sanctions et passer à son application sur tous ceux qui vont violer les règles.

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