Actualités :: Le Plateau du week-end… : La peine de mort

Depuis quelques années, on assiste à un véritable débat sur la peine de mort à travers deux camps. On a, d’une part, ceux qui militent pour que la peine de mort soit abolie et, d’autre part, ceux qui estiment que la peine de mort doit être maintenue. Chaque position a ses arguments qui lui sont propres.

Au Burkina Faso, la peine de mort existe dans les textes même si, de l’avis de certains, elle semble tomber, de fait, en désuétude. Et des organisations de défense des droits de l’Homme ne manquent pas d’occasion pour plaider pour son abolition.
Dans les lignes qui suivent, des citoyens donnent leur point de vue sur ce sujet d’intérêt majeur, en réagissant à la question :

Quel est votre avis sur la peine de mort ; doit-on la maintenir ou l’abolir ?

Ignace Y., Etudiant : « Abolir la peine de mort et légaliser l’avortement est absurde »

Il faut maintenir la peine de mort. D’abord, quand on prend les Etats-Unis qu’on considère comme référence en matière de démocratie, on voit toujours qu’ils maintiennent toujours la peine de mort. Je me dis qu’il y a des raisons vraiment valables pour la maintenir. Ceux qui disent que ce serait en contradiction avec le principe du droit à la vie n’ont pas raison, en ce sens que ceux aussi qui ont conçu le droit en instaurant la peine de mort ne l’ont pas fait par hasard. C’est bien réfléchi et je pense que si on l’appliquait vraiment, ça pouvait être dissuasif, contrairement à ceux qui pensent que la peine de mort n’est pas dissuasive.

Prenez l’exemple des Etats - Unis ; toute personne qui franchit le pas vers un acte grave sait ce qui l’attend.

J’ai été par exemple à un débat où la tendance était de battre en brèches la peine de mort, et c’était compréhensible parce que la rencontre avait été initiée par la France qui est favorable à l’abolition. Cela m’a fait sourire, parce que plaider pour un monde sans peine de mort et vouloir légaliser l’avortement est absurde.

Appliquer cette peine amène ceux qui n’ont pas encore posé des actes criminels à toujours maintenir le cap du bon exemple.

Il y en a aussi qui pensent qu’à cause des erreurs judiciaires, on peut condamner à mort une personne à tort mais je dis non ; parce qu’en ce moment, des enquêtes plus poussées seront menées. Mieux, quand la peine de mort est prononcée, elle n’est pas exécutée sur le champ.
Même les livres saints prônent d’une manière ou d’une autre, la peine de mort. Dans la bible, il est dit « Dent pour dent, œil pour œil ». Même aujourd’hui, ceux qui veulent maintenir la charia veulent que lorsqu’on commet des péchés d’une certaine gravité on te tue. Pour dire que même religieusement, la tendance est favorable à la peine de mort. Ce sont les organisations des droits de l’Homme qui ont amené ces arguments abolitionnistes. Est-ce que le fait d’abolir la peine de mort et permettre à des individus de tuer impunément, parce qu’ils se disent qu’ils n’ont que quelques années à faire en prison (certains prisonniers même vivent mieux que ceux qui sont dehors) n’est pas une façon d’encourager des actes criminels ! Charles Taylor, même en prison aujourd’hui, vit mieux que des fonctionnaires et les familles de ces victimes.

Donc, au nom des droits de l’homme, on pourrait attraper un chef terroriste puis le relâcher ! Non, il faut arrêter ça.
Au Burkina, depuis longtemps on a arrêté la peine de mort de fait mais personnellement, je voudrais qu’on l’applique pour montrer l’exemple à des autres malfrats afin qu’il se conforme à la société.

Adissa Bila, Etudiante : « Ce serait donc ouvrir la voie aux actes barbares »

Je suis pour le maintien de la peine de mort. Vue la situation dans le monde, en général, on se rend compte qu’il y a une prolifération de délinquants. Pour une meilleure application de la justice, et pour contrer un tant soit peu la montée des actes criminels, il est nécessaire de la maintenir. La peine de mort permet également aux victimes d’être soulagées. L’abolir serait donc ouvrir la voie aux actes barbares. Ce ne serait pas enfreindre à la règle du droit à la vie. Partant du fait que tout homme a droit à la vie, il est tout à fait normal aussi qu’on ôte la vie à celui qui a ôté la vie d’une autre personne.

D. J. Compaoré : « Il faut accompagner ceux qui refusent de vivre »

Si à l’origine, on a trouvé des règles qui permettent de sanctionner les fautes lourdes, en décidant par exemple qu’il y a un seuil infranchissable, celui qui franchit ce pas doit voir son existence ôtée. Parce qu’un tel individu constitue un virus pour la société. Et comme le virus qu’on élimine, tout homme aussi qui se comporte en virus doit être éliminé. La peine de mort ne devrait pas être une contradiction au droit à la vie. Au contraire, c’est un équilibre qu’on vient ajouter au droit à la vie ; parce que quelqu’un qui hait la vie ne mérite pas de vivre. On voit des criminels en puissance qui circulent après quelques jours de séjour à la MACO (Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou, ndlr), soit disant que la vie est sacrée. Pourquoi sacraliser la vie d’un individu qui a boycotté, bafouillé la même vie en ôtant la vie d’un autre ? Le droit à la vie certes, mais pour l’harmonie sociale, il faut que la peine de mort soit- là pour dissuader ceux qui ont peur et, bien sûr, pour accompagner ceux qui refusent de vivre.

Alimata B. : « Il faut faire confiance à la conscience de l’être humain »

Il faut l’abolir, parce qu’en exécutant les délinquants, ça n’exclut pas la recrudescence du banditisme, des actes criminels. Aussi, dans les erreurs judicaires, on peut condamner une personne, tout en sachant qu’elle n’est pas coupable mais parce que tout simplement elle n’a pas pu opposer des arguments contraires à ce qui lui est opposé (manque preuves de son innocence).
En plus, il faut aussi croire à la conscience humaine. Un individu peut commettre une erreur puis se raviser, avoir des remords après et changé catégoriquement de manière positive. On peut les condamner à vie et les resocialiser. Je pense qu’il faut faire confiance à la conscience de l’être humain et travailler vraiment à faire en sorte que la vie soit maintenue.

L. Drabo, éducateur : « C’est sa famille même on fait souffrir »

Pour moi, ce n’est pas la meilleure façon de tuer ceux qui ont commis des crimes et autres actes graves. Parce que ça ne dissuade pas ceux qui ont la volonté de poser ces actes graves. Si l’exécution pouvait jouer sur la mentalité d’éventuels contrevenants, à la limite mais la chose se passe dans l’ombre ; certains même pensent qu’on ne les exécute pas. Conséquence ; pas de leçons pour d’éventuels contrevenants. Par exemple, c’est aux Etats-Unis qu’il y a le plus fort taux de criminalité alors qu’ils appliquent toujours la peine de mort. C’est dire que si ça dissuadait, ils auraient eu au moins de criminels. Et puis, le processus de la peine de mort est long, de sorte qu’avant même que le condamné ne soit exécuté, nous-mêmes qui l’avons condamné souffrons et en plus, on a déjà péché devant Dieu. Aux Etats-Unis, il faut attendre douze ans après la condamnation avant d’être exécuté. Dans ces douze ans-là, beaucoup de choses peuvent se passer ; le condamné peut mourir, ses victimes ou ceux qui l’ont condamné.

En plus, lorsqu’on exécute un homme par la peine de mort, c’est sa famille même on fait souffrir, on lui cause du tort. On ne dit pas qu’on cautionne le fait qu’il ait tué mais je pense qu’on peut trouver des alternatives telle que la condamnation à vie. Il y ait des gens qu’on a condamné à vie et qui, après, sont devenus tellement aimables qu’on les a libérés et ils ont contribué au développement de leur pays.

D’ailleurs, au Burkina, même avec l‘application de la peine de mort, ça ne changera rien. La solution sera de relever le niveau de sécurité pour que les forces de l’ordre et de sécurité fassent normalement leur travail. Cela dissuade plus que la peine de mort. Il faut prendre des mesures préventives. Ceux qui sont-nés pour commettre ce genre d’actes n’ont pas d’état d’âme, ils sont mentalement touchés et il faut chercher à les soigner.

Judicaël L. B., agent du secteur privé : « Faire attention et analyser les situations avec recul »

Il faut combattre le mal par la racine. Je ne pense pas qu’il y ait des gens qui soient nés pour être, volontiers, des criminels ou pour poser des actes d’une gravité qui fâche la société. La solution ne réside donc pas dans le maintien de la peine de mort mais plutôt dans un travail collectif de la société. Des gens posent des actes parce qu’ils ont aussi été éduqués à cela. Quand vous prenez des enfants de moins que rien devant lesquels on égorge leurs parents ; voulez-vous qu’ils aient quel regard de l’être humain ? Quand des gens perdent carrément le sens de toute une vie par la méchanceté d’individus et avec la complicité de toute la société, ça ne peut que conduire à ce genre de situation.

En plus de cela, on aime trop dans la société, prêter aux autres des intentions qu’ils ne nourrissent pas, des actes qu’ils n’ont pas posés. Il y ait des situations dans lesquelles lorsqu’on vous accuse, tout parait évident, parce que la coïncidence est très notoire et vous n’avez pas d’arguments contraires pour vous défendre. Pour dire qu’il y a plusieurs facteurs à prendre en compte dans un acte répréhensif. C’est dire que nous devons beaucoup faire attention et analyser les situations avec recul. Je suis contre la peine de mort et j’estime qu’un travail préventif doit être fait.

Nicolas Tondé, Etudiant « C’est ôter une personne de l’humanité »

Il faut l’abolir tout simplement. Parce que, quel que soit ce qu’on a fait, il faut qu’on arrête de s’appeler par nos comportements. Il est normal qu’on soit condamné pour les faits qu’on a commis mais il faut que ce soit proportionné. Condamner quelqu’un à la peine de mort, c’est ôter une personne de l’humanité et je pense que la question mérite d’être traitée avec beaucoup de souplesse. C’est normal qu’une personne paie pour ce qu’elle a fait, mais il peut payer autrement ; il ne faut pas ôter sa vie. La personne peut purger une peine et/ou payer une amende etc. En tout cas, il faut trouver les moyens pour conserver la vie car elle est précieuse.

Propos recueillis par Le Facilitateur

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