Actualités :: « Il n’y a pas d’autres voies d’entrée au PMK que la voie du concours » Colonel (...)

100% tous examens scolaires confondus, le Prytanée Militaire du Kadiogo (PMK) n’a pas failli à sa réputation cette année. Rien de nouveau donc sur ce plan. Seule nouveauté, la réforme du système de recrutement pour donner plus de chance à toutes les régions d’être représentées dans cet établissement d’élite. L’annonce a été faite à la presse le 1er juillet dernier. Aussitôt reçue, l’information a été retransmise à nos internautes. Des réactions, nous avons noté cette soif d’en savoir davantage sur cette réforme. Nous nous sommes donc fait votre porte- voix dans cet entretien avec le Colonel Vinta Somé, Commandant du Prytanée Militaire du Kadiogo.

Lefaso.net : Bonsoir mon Colonel, comment vous sentez- vous après ce 100% à tous les examens scolaires, y compris au Baccalauréat où le taux national dépasse à peine 30% ?

V. S. : C’est d’abord un sentiment de satisfaction pour nous, et ensuite un sentiment de reconnaissance pour tous ceux qui se sont mobilisés autour des élèves tout au long de l’année scolaire. Je pense au corps professoral, à l’encadrement et à tous ceux qui se sont investis d’une façon ou d’une autre pour que l’année se termine en beauté avec ce 100% au BEPC dès le premier tour et le 100% au baccalauréat toute séries confondues. Nous sommes vraiment fiers et cela confirme le label d’excellence qui est collé à cette école depuis son existence.

Lefaso.net : Mon Colonel, nous sommes surtout là pour permettre à certains de nos internautes d’en savoir davantage sur la nouvelle réforme du PMK. Tout d’abord cette première question de l’un d’entre eux : Pourquoi à Ouagadougou, le recrutement s’est fait au niveau des Circonscriptions d’Education de Base (CEB) plutôt qu’à l’échelle de la région ?

V. S. : La réforme est d’abord faite au niveau des régions. Chaque région a un certain nombre de places admissibles. Pour le cas précis de la région du Centre qui a douze (12) places dont huit (08) garçons et trois(04) filles, nous avons besoin de 360 candidats maximum pour composer. Il a été donné la latitude aux régions de nous présenter leurs meilleurs candidats qui veulent- puisque le concours reste toujours volontaire, le concours du PMK. Maintenant chaque Directeur régional met en place sa stratégie pour sélectionner ses meilleurs candidats. Et nous ne sommes pas comptables de cela. Il nous a effectivement été rapporté que certaines circonscriptions ont présélectionné les meilleurs de leurs circonscriptions et ce n’était qu’à eux que les attestations de réussite sont données. Ce qui bien sûr bloquait ceux qui n’étaient pas d’office retenus et qui prétendaient au concours. Nous avons approché les responsables de l’éducation au niveau du Centre pour leur demander de délivrer les attestations à tous ceux qui sont admis, puisque c’est leur droit, et permettre à chacun de déposer. Etant donné qu’il y aura un filtrage à la date limite de dépôt, nous confronterons les dossiers que nous avons reçus avec les meilleurs de la région du Centre et nous retiendrons les 360 qui sont sélectionnés par la Direction régionale. Et chaque parent saura si son enfant fait partie des 360 ou pas. Voilà comment fonctionne le système. Mais bien sûr dans l’application, le phénomène étant nouveau, certaines pratiques ont fait qu’il y a comme une sélection déjà au niveau des CEB. Notre objectif c’est de permettre à la région après l’examen du CEP de nous fournir une liste de 360 et même plus puisque tout le monde n’est pas forcément candidat, de sorte qu’on puisse avoir de la réserve, de sorte que si le premier de la région n’est pas intéressé par le PMK, que le 361ième soit candidat s’il est intéressé.

Lefaso.net : Certains se demandent dans quelle catégorie vous placez les enfants des Burkinabè vivant à l’étranger…

V. S. : Il y a des dispositions spéciales à prendre pour les Burkinabè qui résident à l’extérieur et qui seraient intéressés. S’il y en avait d’aventure nous n’allons pas les brimer parce qu’ils résident à l’étranger.

Lefaso.net : Un autre se plaint de ne pouvoir déposer le dossier de son enfant parce qu’il ne dispose toujours pas de son attestation de succès au CEP

V. S. : Nous avons approché les responsables du Ministère en charge de l’éducation, surtout les responsables au niveau de la région du Centre et ils nous ont rassurés que, en principe, toutes les circonscriptions étaient à mesure de délivrer les attestations de succès ou même les diplômes dans les délais requis. Nous sommes vraiment surpris quand certains parents nous disent qu‘ils n’arrivent pas à rentrer en possession de cette pièce. Face à cela nous avons pris la disposition suivante particulière pour la région du Centre, nous avons autorisé que ceux qui ne l’ont pas puissent déposer sous réserve de revenir compléter.

Lefaso.net : Que répondez- vous à ceux qui pensent que vous risquez de fausser le jeu si vous confiez la délivrance des certificats de scolarité aux responsables locaux de l’Education ?

V. S. : Encore une fois la réforme avait pour objectif de permettre aux Directions régionales de l’Education de s’approprier le concours. Nous avons donné à chaque région la possibilité de se faire des admis au concours. La façon d’y arriver, c’est à eux de s’organiser. Une région qui mérite neuf (09) neuf places (pour prendre l’exemple de la Boucle du Mouhoun), elle n’a de notre avis aucun intérêt à accepter des candidatures venues d’ailleurs pour concurrencer leurs candidats de la région en délivrant des certificats de scolarité fallacieux. Si cet esprit est compris au niveau des régions, cette inquiétude peut être levée. Dans certaines régions ils ont convenu que c’est le chef de la circonscription qui va délivrer les attestations, dans d’autres ils ont fait confiance aux Directeurs d’écoles ; mais nous pensons que vu que le nombre de places est limité par région, aucune région n’a intérêt à brader une place au profit d’un élève venant d’une autre région. Je pense que sous cet angle on peut être tranquille si l’esprit est bien compris.

Lefaso.net : Certains se demandent si un comité mis en place par le PMK avec la rigueur connue des militaires ne ferait pas mieux le travail ?

V. S. : Pour opérationnaliser çà ce sera difficile parce que nous ne pouvons pas être dans un village de la Léraba pour délivrer un certificat de scolarité. C’est difficile. Il faut faire confiance aux responsables locaux en charge de l’Education. Ensuite, les centres de dépôt constituent un premier niveau de vérification et de filtrage des candidatures. A ce niveau il y a une petite cellule régionale qui est mise en place qui est composée de responsables militaires et de responsables de l’Education nationale. Si à la fin des dépôts ils passent à la phase des vérifications, on pourrait facilement détecter les intrus puisque le responsable de l’Education qui fait partie de la cellule a la liste de ses élèves. Au- delà de ça il y a l’enquête de moralité après l’admissibilité. Autant d’étapes qui permettent de détecter un certain nombre de choses si d’aventure cela arrivait.

Lefaso.net : Quelles dispositions pour les élèves dont les parents sont affectés avant qu’ils aient pu justifier des trois (03) ans de résidence effective ?

V. S. : Relativement à cette affaire de certificat de scolarité, nous avons prévu une phase transitoire de trois ans. Ce qui veut dire que pour cette année il ne sera pas exigé un certificat de scolarité de trois ans. L’année prochaine on pourra monter à deux (02) ans et à la troisième année à trois (03) ans. Pour être sûr que l’enfant est régulièrement inscrit dans cette région. Mais pour le cas des enfants des fonctionnaires appelés à changer de région, la décision d’affectation fait foi, et c’est écrit noir sur blanc. Un fonctionnaire qui quitte Ouagadougou et qui se retrouve à Gaoua sur une année avec son enfant qui s’inscrit là- bas pour l’année en cours, avec sa décision d’affectation l’enfant est couvert et pourra se présenter à ce concours.

Lefaso.net : Il a aussi été question de moyenne planchée, une moyenne qui n’a pas été dévoilée et certains trouvent en cela la preuve d’un flou qui entoure le concours…

V. S. : La moyenne planchée est difficile à fixer avant le concours puisque ce sont les résultats du concours qui nous permettront de définir le niveau général et de mettre la barre là où il faut. Autrement je ne peux pas m’asseoir ici pour dire qu’il faut quinze (15) de moyenne ; et si de tous ceux qui ont composé personne n’a 15. C’est au résultat que nous allons voir l’allure générale du concours et nous placerons la barre en fonction du nombre que nous voulons recruter. Qu’est- ce à dire ? Quand ils vont faire le concours, nous allons classer l’ensemble des candidats, nous allons voir l’allure générale et avec le comité de délibération nous allons voir quelle est la moyenne plancher à partir de laquelle on estime que l’enfant a le niveau pour venir au PMK. C’est à partir de cet instant que la moyenne plancher est arrêtée.

Lefaso.net : Un autre internaute demandait si vous veillerez à la publication régulière des résultats ?

V. S. : Comme tous les ans les résultats du PMK sont publiés et à la radio et dans la presse, et affichés dans les Directions régionales et les différentes garnisons. C’est traditionnel. Dès que les résultats seront validés par la hiérarchie nous allons les transmettre à qui de droit dans les différentes régions militaires et dans les différentes directions régionales de l’Education qui se chargeront de les ventiler. Les régions seront cette fois- ci informées du comportement de leurs candidats. Nous ambitionnons même de publier les résultats par région pour que chaque région connaisse le niveau de ses élèves.

Lefaso.net : Un autre se demande si le fait de vouloir « coûte que coûte » que chaque région soit représentée ne va pas contribuer à faire baisser le niveau de la formation au PMK.

V. S. : Je réfute le terme « coûte que coûte » parce que nous disons que nous avons donné des possibilités aux régions d’avoir des admis sous réserve que leurs candidats remplissent les conditions de niveau puisque ce sont les meilleurs que nous recrutons. Si une région ne remplit pas son quota pour des questions de niveau elle le perdra au profit d’autres. Exemple : La région du Centre Sud a cinq (05) places. Si avec sa liste de 90 candidats elle n’a pu faire rentrer que trois (03) personnes, elle perd les deux autres places au profit des meilleurs d’autres régions qui seront classés sur une liste d’attente. Ce qui veut dire que la région qui aura mieux travaillé pourrait se retrouver avec plus d’admissibles que ce qui aura été préalablement défini parce qu’elle aura récupéré les places des régions défaillantes. Une région peut avec cette formule se retrouver avec zéro (00) admis du fait du niveau de ses candidats. C’est pourquoi il est demandé de sélectionner les meilleurs pour pouvoir occuper effectivement les places qui leur sont allouées.

Lefaso.net : Puisque les meilleurs sont généralement à majorité de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso dans une moindre mesure, n’y a t- il pas le risque que l’ancienne formule prévale de fait ? Autrement dit, le repêchage ne va t- il pas encore faire la part belle aux grandes villes comme Ouagadougou ?

V. S. : Je ne peux pas faire de la fiction, mais je suis sûr que la tendance ne sera plus comme de par le passé. Chaque région pourra au moins placer un admis. Maintenant s’il se trouve des régions défaillantes et que leurs places reviennent au Centre parce qu’il y a ici les meilleurs, là on n’y peut rien.

Lefaso.net : Vous avez aussi parlé de la réforme comme formule de réduction des dépenses d’organisation du concours et un autre internaute s’est demandé si économie pour économie il n’aurait pas été plus judicieux de prélever directement parmi les admis au CEP et à l’entrée en 6è. Au lieu d’engager des frais pour organiser encore un concours d’entrée au PMK.

V. S. : Je pense qu’il a bien tort parce que d’abord le concours est basé sur le volontariat. Nous ne pouvons pas obliger un enfant à venir au PMK. Tout comme le Ministère de l’Education nationale ne peut pas obliger un enfant à aller en sixième si ce dernier ne le veut pas. C’est pourquoi nous lançons un concours pour prendre d’abord ceux qui veulent venir et ceux qui remplissent les conditions de niveau. Le concours demeure la base la plus objective parce que basé sur le volontariat et basé sur les critères de niveau et d’excellence.

Lefaso.net : Quelqu’un s’est demandé pourquoi la région du Sahel n’avait droit qu’à deux (02) places alors que les autres régions en ont plus. Il veut savoir comment vous en êtes arrivés à ces quotas.

V. S. : La réforme a été faite conjointement avec le Ministère de l’Education nationale. Nous avons pris l’ensemble des candidats au CEP de cette année et par région. Cela nous donne un effectif qui a été divisé par 90, le nombre d’admis que nous voulons au PMK. Cela nous a donné un quotient qui a été appliqué par région au nombre d’élèves candidats au CEP pour avoir l’entrée en sixième. La région du Sahel s’est retrouvée avec 7 158 candidats, c’est le plus faible effectif cette année. Si vous le divisez par le quotient ça vous donne à peine 02. C’est ce qui a amené à arrondir à 02 pour avoir un garçon et une fille. Ça veut dire que plus vous avez de candidats, plus le nombre de places d’admissibles accordé est élevé. C’est ainsi que la région du Centre qui a plus 43 000 candidats se retrouve avec 12 places, les Hauts Bassins qui suivent avec plus de 37 000 ont 10 places, le Centre Ouest qui a plus de 36 000 a aussi 10 places, et ainsi de suite. C’est au prorata des effectifs des élèves.

Lefaso.net : Ces quotas seront donc revus chaque année en fonction des effectifs ?

V. S. : Affirmatif. Si on veut rester objectif, c’est de partir sur cette base. Sinon ce serait trop lapidaire de dire telle région on vous donne deux ou trois places.

Lefaso.net : Certains par provocation ou en toute connaissance de cause je n’en sais rien, se demandent si cette nouvelle formule mettra un terme « aux Officiers inscrits sur titre » ou autres « Listes du Commandement » ?

V. S. : Je n’en connais pas. Je dis encore une fois que le PMK recrute sur la base de l’excellence. « Inscrit sur titre » on n’en connaît pas ici. Par contre l’innovation cette année ce sont les trois (03) places que nous avons réservées aux pupilles de la Nation. A l’origine c’étaient des écoles dédiées aux enfants des militaires, anciens militaires etc. dont les enfants étaient pris en charge par l’Etat du fait de leur absence prolongée de la famille. C’est pourquoi d’ailleurs le nom « Enfants de troupe ». Cette année nous avons pensé qu’i fallait revenir à cette mission première en accordant un quota aux « Pupilles de la Nation ». Pour nous, ce terme « Pupilles de la Nation » regroupe les enfants d’agents de l’Etat décédés en mission de l’Etat- civils ou militaires- qui ont des enfants que l’Etat a le devoir d’accompagner. Ces candidats aussi ne seront pas admis sur titre, ils vont faire le concours comme tout le monde. S’ils n’ont pas le niveau, ils n’ont pas le niveau. Mais on aura tendu la perche à cette catégorie d’enfants.

Lefaso.net : Mon Colonel auriez- vous un sujet à aborder dont on n’aura pas parlé au cours de cet entretien ?

V. S. : Je voudrais au terme de cette interview remercier les internautes pour les différentes interventions. Il y en a qui ont eu des contributions que nous allons peut être intégrer au moment de tirer les leçons de cette première expérience. Je pense que pour la plupart c’étaient des questions liées au manque d’information. Je voudrais remercier lefaso.net d’avoir permis d’aller dans le détail de cette réforme de sorte que l’information puisse être bien connue de tous les citoyens. Je voudrais préciser que c’est vrai que c’est un concours sélectif qui suscite parfois de la passion et des commentaires mais je voudrais rassurer que si les résultats en fin de scolarité sont toujours excellents, c’est que à la base le recrutement est bon. D’aucuns disent d’ailleurs que nous n’avons aucun mérite à brandir nos résultats parce que nous avons pris les meilleurs. C’est pour dire qu’il n’y a pas d’autres voies d’entrée au PMK que la voie du concours. Ça je réaffirme, je maintiens et il faut que les gens aient confiance au système qui est mis en place.

Propos recueillis par Samuel Somda

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