Actualités :: Assassinat ou accident du juge NEBIE : Les preuves scientifiques sont (...)

Les causes de la mort du juge constitutionnel Salifou NEBIE opposent deux thèses qui se disputent la vérité. Il y a celle de l’accident avec des preuves scientifiques apportées par le médecin-légiste français CHOCHOIS, et celle de l’assassinat créditée et soutenue scientifiquement par l’IRM réalisée par le médecin burkinabè et qui avait conclu à un « homicide volontaire avec usage d’objets contondants ». Pourtant, au regard des preuves scientifiques, le doute n’est pas permis. C’est pourquoi nous avons entrepris de reprendre les deux hypothèses pour les analyser à partir de leurs preuves scientifiques afin de mettre en lumière les forces et les faiblesses de chacune d’elles.

L’hypothèse selon laquelle la mort du juge NEBIE est un assassinat se réfère aux conclusions de l’IRM réalisée par le médecin burkinabè. Mais qu’est-ce qu’une IRM ? « Il s’agit d’une imagerie par résonnance magnétique, un examen aujourd’hui courant. Réalisé sous la direction d’un médecin radiologue, son objectif est d’observer avec précision les organes et les tissus mous. Et donc de déterminer la position exacte d’éventuelles lésions », disent les spécialistes. C’est donc cet examen qui a conclu à un homicide volontaire avec des objets contondants. Il est particulièrement utilisé dans l’exploration des pathologies cérébrales, rachidiennes, osseuses, articulaires, digestives, gynécologiques, vasculaires et cardiaques.

L’IRM peut-il être pratiquée sur un cadavre ? Oui répondent les scientifiques. « Ces outils d’imagerie sont très intéressants, mais resteront dans la grande majorité des cas des examens supplémentaires contributifs à l’établissement et à la conservation de la preuve », confirme le Pr LECOMTE, interrogé par Le Figaro.fr. « Dans certains cas, en cas de mort non suspecte, mais où le magistrat demande une autopsie pour déterminer les causes du décès, l’imagerie peut éviter l’autopsie et préserver le corps, mais il ne sera alors pas effectué de prélèvements à visée génétique, bactériologique, virologique ou anatomo-pathologique.

Dans d’autres cas, et surtout dans celui des morts suspectes, une autopsie standard reste indispensable pour identifier l’arme d’un crime (souligner par nous), effectuer de précieux prélèvements (notamment de projectiles) ou pour une datation histologique de la blessure », ajoute un spécialiste. Ce que confirme le Pr James UNDERWOOD, interrogé par Le Figaro.fr quand il dit : « L’imagerie médicale post-mortem ne peut pas être considérée comme une alternative universelle à l’autopsie standard ». En clair, l’IRM est un acte médical qui peut aider à la manifestation de la vérité dans un crime, mais ne saurait remplacer l’autopsie.

L’autopsie, qu’est-ce que c’est ?

L’autopsie (ou examen post-mortem ou nécropsie) est l’examen médical des cadavres. Le terme vient du grec « Le voir de vos propres yeux ». L’autopsie « médico-légale » est un examen obligatoire mis en œuvre dans un cadre judiciaire à la demande d’un juge d’instruction ou du procureur de la République qui commet un ou plusieurs spécialistes de médecine légale pour une série d’examens recherchant la cause d’une mort a priori considérée comme suspecte. L’autopsie « clinique » (appelée aussi autopsie « médico-scientifique » ou « médico-hospitalière ») est un examen facultatif (demandée par la famille ou le médecin) réalisée le plus souvent par un spécialiste d’anatomo-pathologie qui cherche à découvrir les véritables causes du décès d’un malade.

L’autopsie telle que pratiquée par le Dr Stéphane CHOCHOIS, le médecin légiste français, a été demandée dans le cas de la mort brutale et suspecte du juge NEBIE à la demande de la justice burkinabè avec l’accord de sa famille. Le but recherché, c’est de savoir si la mort du juge est un homicide et le travail du médecin légiste devrait déterminer des éléments matériels objectifs prouvant que l’individu a été assassiné ou pas.

L’autopsie médicale vise donc à établir la cause de la mort (cause principale, et causes indirectes, s’il y a lieu). A déterminer l’état de santé du sujet avant son décès. L’autopsie intervient parfois pour établir la réalité des faits. Ainsi, il ressort qu’une autopsie pourrait révéler jusqu’à 25 % d’erreurs de diagnostics faites par les médecins, le quart de ces dernières pouvant modifier significativement la prise en charge du patient avant sa mort.
Les preuves par l’autopsie

Dans le cas de la mort du juge NEBIE, l’autopsie du légiste CHOCHOIS révèle des informations que l’IRM ne pouvait pas trouver. En effet, il ressort que l’examen externe du corps du juge fait par le Dr CHOCHOIS relève que, « sur les causes du décès : Il est possible de déterminer en l’état du dossier, que le décès est en relation avec une perte des automatismes vitaux suite à un traumatisme cranio cérébral majeur, avec atteinte des structures cérébrales et cervicales.

Sur les circonstances médico légales : Plusieurs éléments doivent être pris en compte dans ce dossier.

1/ Il n’est pas retrouvé en particulier sur l‘extrémité céphalique d’impact d’un quelconque objet contondant, en l’absence de plaie vitale (faite du vivant). En effet, la seule plaie à décrire, en occipital médian, ne présente aucun bord hémorragique et contient un caillot manifestement d’origine tellurique (venant du sol).

2/ Il n’est pas retrouvé non plus de signe d’empoignade ou de défense sur les zones classiques anatomiques où elles sont recherchées.

3/ De plus, il n’a pas été retrouvé de signe d’utilisation d’une arme blanche ou un quelconque projectile balistique.

4/ Il existe manifestement, tant au niveau cutané que fracturaire, des lésions péri mortem (du temps de l’action vulnérante), en particulier au niveau cranio facial et scapulaire droit et des lésions post mortem (survenues une fois le cœur arrêté) en particulier au niveau des côtes.

5/ Les lésions constatées sur l’ensemble du corps sont des lésions de ripage vitales, dont la réalisation a été concomitante de la mort, où post mortem pour d’autres.

6/ Il n’a pas non plus été mis en évidence de signe de torture ou de barbarie ».

L’autopsie donne énormément d’informations c’est pourquoi on y a recours pour aider à élucider les circonstances de mort suspecte. Par exemple, il était quasi impossible pour l’IRM de montrer que le juge avait 1,95g d’alcool dans le sang. « Le 11/06/2014, il était reçu par l’expert les prélèvements effectués lors de l’autopsie. Un flacon de sang a été extrait du scellé n°3 et analysé au laboratoire du centre hospitalier de BOULOGNE SUR MER.

Le dosage de l’alcoolémie (méthode enzymatique) est alors de 1,95gr/l ».
relève-t-on dans le rapport qui conclut : « un tel taux d’alcool dans le sang peut expliquer certains troubles du comportement, parfois peu cohérents. »
Le Dr CHOCHOIS a été requis par la justice burkinabè avec l’accord de la famille du défunt « …pour mieux situer les circonstances exactes de la mort… ».

Et ses conclusions sont claires : « M. NEBIE Salifou est donc décédé des suites d’un accident de la circulation, avec percussion violente par un engin indéterminé, avec impact initial au niveau de l’épaule droite, puis chute violente sur le crâne en fronto temporo pariétal gauche, puis franchissement thoracique par le véhicule initial ou plusieurs autres véhicules, dans un contexte d’alcoolisation aigue. »

Ce qu’il faut retenir, avant la pratique de l’autopsie, une IRM a été faite sur le corps du juge NEBIE disions-nous ci-dessus. Ce qui d’ailleurs ressort dans le rapport du Dr CHOCHOIS qui dit : « selon les renseignements communiqués par les Militaires chargés de l’enquête, après étude du rapport de levée de corps établi par le Docteur Norbert RAMDE et Aimé OUEDRAOGO, complété d’un scanner post mortem, interprété par les Docteurs SANKARA Désiré, OUEDRAOGO Solange et NAPON Madina, il est possible de retenir les éléments suivants : Le 27/05/2014, un examen externe est alors réalisé à la morgue de l’Hôpital National Blaise COMPAORE, suivi d’une virtopsie, aucune autopsie conventionnelle ne pouvant être réalisée par manque de matériel,.

Il est alors conclu : « Ce fracas osseux du crâne consécutif à l’usage d’armes contondantes et/ou la fracture luxation des vertèbres cervicales sont à l’origine de la mort de Monsieur NEBIE Salifou. » Ce sont ces conclusions des praticiens burkinabè, qui ont abouti aux conclusions d’un homicide volontaire. Mais elles ne sauraient être opposées à celles de l’autopsie puique, scientifiquement, il est dit que les IRM sont « … des examens supplémentaires contributifs à l’établissement et à la conservation de la preuve » et que « « l’imagerie médicale post-mortem ne peut pas être considérée comme une alternative universelle à l’autopsie standard »…

Pouloumdé ILBOUDO


IRM-autopsie, Il n’y a pas de contradiction

La disparition tragique du juge Salif NEBIE a donné lieu à une polémique sur la pratique médicale. Le médecin burkinabè qui a pratiqué une IRM sur le corps du défunt a conclu à un homicide. Ce que l’autopsie pratiquée par le médecin français Stéphane CHOCHOIS a confirmé mais avec des précisions qui battent en brèche le montage que des esprits fertiles en la matière ont servi à l’opinion afin de la conditionner. D’où des réactions de désapprobation de leur part. Autopsie et IRM sont pourtant deux pratiques scientifiques qui se complètent.

Très vite, le corps du juge NEBIE découvert, les stratèges en montage mélodramatique pour servir des causes dont eux seuls tiennent véritablement les tenants et aboutissants ont saisi les premières constatations médicales pour donner du relief à leurs élucubrations. Et pourtant les actes médicaux posés n’étaient, on le sait, que des préliminaires qui devraient être approfondis afin de permettre de voir plus clair dans la situation qui se présentait.

Ce qui passait par l’acte médical le plus approprié en la matière qu’est l’autopsie. Au contraire de ce qu’affirme Germain Bitiou NAMA, celui-là même qui a passé la grande partie de la journée funeste avec le juge NEBIE en des endroits où ils n’auront pas, et alors là pas du tout, consommé du bissap ou autre sucrerie, les médecins burkinabè n’ont pas pratiqué d’autopsie sur le corps mais une IRM (Imagerie par résonnance magnétique).

Selon un document de la Société Française de Radiologie, l’Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM) est un examen courant de nos jours. Elle est réalisée sous la direction d’un médecin radiologue. Son objectif est d’observer avec précision les organes et les tissus mous afin de déterminer la position exacte d’éventuelles lésions. L’appareil utilisé pour effectuer l’IRM comporte un aimant de grande puissance, d’où le terme magnétique.

La technique consiste à faire vibrer les noyaux d’hydrogène qui composent les tissus de l’organisme. Ces noyaux renferment, en effet, des protons qui vont agir comme autant de petits aimants. En vibrant, ils émettent des signaux qui vont être captés par une antenne puis être transformés en images.

Historiquement, l’IRM est une technique relativement récente puisque son utilisation remonte au début des années 1980. Elle a, notamment, permis à Seiji OGAWA, John BELLIVEAU et Pierre BANDETTINI de réaliser en 1992 les premières images du cerveau en fonctionnement. En effet, cette technique permet de visualiser l’augmentation du débit sanguin dans certaines zones du cerveau en réponse à des stimulations.

L’IRM permet d’observer les lésions sans se situer sur leurs origines. Dans le cas de l’assassinat du juge NEBIE, les praticiens burkinabè qui ont effectué l’IRM ne pouvaient donc pas dire comment il est mort et qu’est-ce qui l’a tué.

L’autopsie, la seule voie pour connaître les raisons de la mort

Pour élucider cet aspecte que sont les raisons de la mort, l’autopsie est le seul acte médical indiqué. L’intervention du médecin-légiste est donc indispensable. C’est pourquoi dans les cas de mort suspect, ce praticien est toujours requis. Il devient ainsi un auxiliaire précieux de la justice.
Un document intitulé L’AUTOPSIE et publié en 2008 par le Dr. Zouhir KHEMAKHEM de la Faculté de Médecine de Sfax (Tunisie) nous dit que « L’autopsie est utile à la justice, à la médecine et à la société elle-même.

On distingue deux types :
- L’autopsie médico-légale demandée par la justice en cas de mort suspecte
(mort subite, accidentelle, criminelle ou suicidaire) et l’autopsie scientifique demandée par la famille ou par l’équipe médicale dont le but est de comprendre le mécanisme exact de la mort ayant un grand apport à la recherche médicale.
- Une autopsie médico-légale est toujours réalisée dans un but d’information précise, la plupart du temps parfaitement indiquée sur la mission d’expertise :
- déterminer la forme médico-légale de la mort : accidentelle, délictuelle, suicidaire ou criminelle ;
- établir la cause précise et les circonstances de la mort, lorsqu’il s’agit d’un homicide involontaire ou d’un meurtre ;
- déterminer la date de la mort ;
- identifier le cadavre (s’il est inconnu). »

Dans la recherche de la vérité, le médecin-légiste apparaît comme le seul et dernier recours. Légalement, le rapport du Dr. Stéphane CHOCHOIS, qui a pratiqué l’autopsie sur le corps du juge NEBIE, devrait conduire le juge pour la suite de l’enquête.

Le reste n’est que littérature et jeux d’ombres

Le manque de kit pour permettre à un praticien burkinabè d’effectuer l’opération est une chose sur laquelle les opinions peuvent s’exprimer. Mais l’acceptation des conclusions de l’autopsie par toutes les parties en est une autre. L’autopsie dirigée par le Docteur CHOCHOIS conclut à un décès des suites d’un accident de la circulation. Si certaines structures comme le SAMAB contestent ces conclusions d’un praticien venu de l’Hexagone et qui n’a aucun intérêt au Burkina, quelle aurait été leur position si ces mêmes conclusions avaient été tirées par un médecin burkinabè ?

Dès lors que les a-priori prennent le pas sur le raisonnement cartésien, on verse dans la délation et par cette attitude qui génère des propos et comportements susceptibles de porter préjudice à la manifestation de la vérité dans le dossier judiciaire en cours ouvert sur la mort du juge NEBIE, ne fait-on pas entrave à cette manifestation ? Franchement, le scénario de film sorti de l’imagination du S.G du SAMAB est irréaliste. C’est de la pure fiction et les résultats scientifiques des actes médicaux posés sur le corps du juge décédé sont là pour permettre de le relever. En effet, les deux rapports selon ce qui précède ne se contredisent pas. L’IRM et l’autopsie sont deux actes médicaux qui se pratiquent certes sur des cadavres mais, pas de la même façon.

Le second, à savoir l’autopsie, est plus poussé et livre des informations que l’on ne pourrait obtenir par l’IRM. Pour ainsi dire, les conclusions de l’autopsie ont prééminence sur tout autre acte médical dans le sens d’éclairer sur les circonstances d’une mort et c’est en cela qu’il y a motif de croire que le travail du médecin-légiste a été d’un grand apport pour lever des zones d’ombres sur cette disparition du juge NEBIE ; surtout qu’il peut aider le juge d’instruction dans la conduite de ses enquêtes.

Ahmed NAZE
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