Le jury n°139 du lycée Yadéga de Ouahigouya s’est vu obliger de reprendre l’oral et la correction de l’écrit d’anglais du Bac2007. Cette fois-ci, il ne s’agit pas de fraude, mais d’une histoire de harcèlement sexuel et de corruption.
Même si le pot-aux-roses a été découvert suite à la plainte de cette brave et digne fille qui n’a pas voulu suivre cet enseignant assoiffé d’argent et de sexe dans ses errements, le problème reste posé. Un tel comportement venant d’un enseignant, un éducateur, met à nu les maux d’une société en perte de ses valeurs morales où le sexe et l’argent constituent les maîtres-mots.
Bien des Burkinabè, voire le Comité national d’éthique (CNE), le Comité burkinabè des droits de la femme (CBDF) en parlent souvent. Mais jusque-là, aucune instance politique, religieuse ou sociale n’a pris à bra-le-corps l’épineux et délicat problème du harcèlement sexuel. Pis, l’on a poussé l’audace jusqu’à trouver des expressions consacrées à ce phénomène comme si cela était un exploit.
Ainsi entend-t-on parler “de notes sexuellement transmissibles (NST)” ou de promotion “Canapé”. Et les vedettes de ces pratiques ignobles et indignes sont pour la plupart du temps les femmes (pour parler de la gent féminine). Si ce professeur a eu le culot de proposer aux filles “une partie de jambes en l’air” et réclamer de l’argent aux garçons, cela témoigne qu’il n’est pas à son premier coup. En effet, certaines filles ou femmes préfèrent effectivement se servir de ce qui fait leur dignité pour parvenir à leur fin. Une facilité de réussite qui n’est pas seulement propre au milieu scolaire.
Nombreux semblent les secteurs d’activités où serait appliqué ce système de troc, “sexe contre promotion”. Tous (hommes comme femmes) s’y plaisent, si bien que l’on en parle sans sévir. A la limite, l’on croirait que cette entrave aux mœurs est devenue normale. Sans connaître les coûts de la reprise de l’oral et de la correction des copies d’anglais, on peut dire sans se tromper que les pertes économiques engendrées par ces genres de choses sont énormes.
Combien sont-elles ces filles ou femmes à refuser de telles propositions (sexe contre bonnes notes, sexe contre promotion) au détriment de leur succès, réussite ou promotion ? Peu ou beaucoup, là n’est pas le problème. Le hic est que cette pratique est non seulement dévalorisante pour la femme, mais également, entraîne tout le monde dans un précipice car mêmes celles qui réussissent au prix de leur compétence ou mérite seront “in fine” vues d’un œil sceptique. Et cela est dommage...
Aline Verlaine KABORE
Sidwaya
