Actualités :: Disons les quatre vérités aux militaires

A présent que des militaires se soient défoulés sur du « flic » que la tempête est passée, le calme revenu et qu’ils ont réussi la prouesse de "verser la figure du Burkina par terre", pour parler comme un bidasse, nul besoin d’un sondage national pour savoir que le peuple burkinabè dans son immense majorité désapprouve le rodéo armé et musclé de quelques éléments des forces de défense excités de notre armée nationale, notre armée républicaine.

Rien, vraiment rien ne peut expliquer ni justifier cette prise en otage de la ville de "Wogdogo" dans la nuit du 20 au 21 décembre 2006. Ni la mort du soldat Kaboré Idi, ni les revendications formulées après-coup, par ces soldats qui, le temps d’une courte soirée, ont perdu leur âme.

Cette force intérieure qui fait la fierté du soldat et sa différence d’avec un civil a volé en éclats. La discipline et la retenue ont été multipliées par zéro. Non, le Burkina démocratique construit dans le sang, la douleur, les palabres et le pardon ne mérite pas cette tache noire, ce mercredi noir. Ces militaires « justiciers » qui ont fait de la loi du Talion leur valeur refuge "oil pour oil, dent pour dent", doivent, s’ils sont conscients, imaginer le préjudice moral, politique, diplomatique et démocratique qu’ils font subir au Burkina, par leur aventure.

Non seulement les amis du pays des Hommes intègres, ceux qui considèrent notre patrie, comme un exemple de stabilité, de paix, de démocratie n’y comprennent rien, mieux, nos « ennemis » ont saisi cette défiance armée pour tirer des plans sur une comète insaisissable. Rien qu’à prêter l’oreille aux échos qui viennent du Gbagbo-land et l’on comprendra. Le bien que ces soldats pouvaient faire pour le Burkina était de pouvoir contenir leur colère. Aujourd’hui, le pays n’arrive pas à digérer cette situation catastrophique. Peuvent-ils encore continuer à servir des citoyennes et des citoyens qui désapprouvent la violence dont ils ont fait usage ?

Ne nous voilons pas la face. Evitons de faire de ce malheureux événement une affaire politicienne. Pour faire des revendications, notre armée nationale n’a jamais su utiliser la meilleure méthode. Pourquoi ? Est-ce la hiérarchie militaire qui est fermée à toute revendication ? A toute discussion et à tout dialogue ? Pourquoi, faut-il qu’à chaque fois les militaires usent des armes pour faire passer leurs revendications ? Il y a donc un véritable problème de communication, de responsabilité, de capacité et de commandement qui se pose dans notre armée. C’est pourquoi, nous osons croire que notre armée nationale ne dispose pas de tous les hommes qu’il faut à la place qu’il faut.

Les forces de police ainsi martyrisées gagent en sympathie au sein de l’opinion. Il n’est jamais conseillé de s’en prendre à plus faible que soi. Les militaires en colère ont oublié cette sagesse. Mieux, ils ont déshonoré notre armée. Pour une fois, on découvre des militaires qui s’attaquent à des "coffres-forts" de sociétés privées pour piller des espèces sonnantes, des boutiques ont été vidées de leur contenu, des Burkinabè ont été dépossédés de leurs maigres ressources. Si la vie est dure, elle l’est pour la majorité de notre peuple. Pourquoi s’attaquer à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Aujourd’hui, ce sont plusieurs centaines de repris de justice qui menacent notre quotidien. Quel gachis !

Pourquoi donc certains de nos militaires ont-ils terni la réputation républicaine de notre armée en s’attaquant à des biens privés ? Etait-il nécessaire de détruire des édifices symbolisant l’expression de notre souveraineté et de celle de notre police nationale ?

Avec autant de dérives constatées en une nuit glaciale rendue chaude par les crépitements des armes légères et lourdes, nous devons dire aux militaires les quatre vérités :

Première vérité : Messieurs les militaires, le peuple burkinabè n’est pas fier de votre comportement à la hussarde qui est contraire aux valeurs républicaines. Vous avez versé par terre la figure du Burkina démocratique dans le concert des Nations.

Et pour ce faire, vous devez demander pardon au peuple burkinabè et à tous les amis du Burkina.

Deuxième vérité : Les forces armées et de sécurité nationales ne forment qu’une seule entité. Le linge sale doit se laver en famille. Si vous avez des problèmes, il faut rechercher les voies du dialogue pour trouver des solutions pérennes.

Troisième vérité :Vous serez responsables et coupables de la dégradation de l’image rayonnante du Burkina. Tous les trésors dépensés en relations publiques, en lobying, en communication politique, pour donner à notre pays une image polie, respectable sont comme perdus. Il va donc falloir tout reprendre, tout expliquer. Vous avez poignardé dans le dos notre pays, sa démocratie et sa diplomatie.

Quatrième vérité : L’armée nationale doit faire son autocritique, trouver les voies et moyens pour résoudre ses difficultés internes et jurer publiquement de ne plus user de telles méthodes barbares, anti-républicaines pour exprimer son humeur. Sans attendre des sanctions, commanditaires, responsables, acteurs de cette monumentale grossièreté doivent faire leur mea culpa, faire amende honorable. Ne pas reconnaître ce gravissisme débordement serait une insulte au peuple. Notre armée nous avait habitués au respect des biens publics et privés. Cette fois-ci, elle a tourné le dos à son peuple.

Passez sous silence cette indiscipline caractérisée de quelques militaires de notre armée nationale serait coupable. Par leur faute, leurs exactions, ce n’est plus une famille mais cinq familles qui vivent dans la douleur et le deuil et un peuple qui se sent humilié. L’appel conjoint à la cohésion et à l’unité de nos forces de défense et de sécurité est une preuve qu’il y a urgence. Nous devons décourager ces formes barbares de se rendre justice qui instaurent des injustices plus criantes.

Le Burkina ne mérite pas un tel camouflet de la part de son armée. Trop c’est trop ! Et nous devons tous ensemble dire aux militaires : PLUS JAMAIS ÇA !

Par Michel Ouédraogo

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