Actualités :: Incidents entre militaires et policiers : "C’est comme ça qu’on gère le (...)

Dans cette déclaration, l’Union pour la renaissance/mouvement sankariste (UNIR/MS) se focalise sur la situation nationale et en arrive à la conclusion que "Blaise Compaoré récolte ce qu’il a semé".

"Comme il fallait s’y attendre au regard de l’injustice érigée en système de gouvernement, du clientélisme, du laisser-aller et des dérives en tous genres du régime Compaoré, des hommes en tenue, militaires et policiers n’ont trouvé d’autre exutoire que de s’affronter à Ouagadougou (à coups de canon s’il vous plaît !), instaurant un couvre-feu sur toute la ville dans la nuit du 20 au 21 décembre 2006, détruisant inutilement des milliers de munitions destinées à la défense de leur peuple, s’attaquant à des institutions de la République et à des biens qu’ils ont eux-mêmes contribués chèrement à acquérir.

Mais au-delà de l’incivisme caractérisé, des morts d’hommes et des destructions qu’il faut déplorer et condamner avec la dernière énergie, nous estimons que de telles réactions et débordements sont le reflet de l’état de déliquescence généralisée caractérisant le sommet de l’Etat.

En effet, le régime Compaoré peut-il se dire surpris aujourd’hui de l’insubordination et du vandalisme de certaines catégories de citoyens après avoir lui-même inauguré, généralisé et banalisé l’assassinat et autres crimes odieux qui ont régulièrement endeuillé et consterné notre peuple depuis le 15 octobre 1987 ?

L’on se rappelle que dans son interview de fin d’année 2005, lorsqu’un journaliste s’est inquiété des heurts qui opposent régulièrement militaires et forces de l’ordre, notamment dans les débits de boisson, le président Compaoré a banalisé la question en répondant que c’était des faits divers sur lesquels il n’y a pas lieu de s’attarder. Les événements des 20 et 21 décembre sont-ils aussi à ranger dans le registre des faits divers ?

C’est avec cette banalisation que la justice burkinabè a perdu toute crédibilité et s’est ridiculisée dans des dossiers comme ceux de Thomas Sankara, Clément Oumarou Ouédraogo, David Ouédraogo, Norbert Zongo, Michel Congo, l’affaire des 50 millions, etc. C’est également avec cette banalisation que des médailles ont été distribuées à l’occasion du 11 décembre à des citoyens notoirement connus pour avoir commis des forfaitures. C’est également dans cette logique de banaliser la vie que des citoyens sont exécutés sommairement et de façon extra-judiciaire, et leurs corps exposés en rase campagne.

Deux catégories de militaires

Décidément, malgré la Constitution, le régime de la IVe république n’a aucun respect pour la vie humaine, surtout quand on est pauvre. C’est ainsi qu’on a banalisé la gifle administrée par un officier dans la rue à un policier dans l’exercice de ses fonctions sous le couvert de l’impunité. C’est également dans cette logique qu’on se souviendra des 500 policiers rayés impunément des effectifs de l’administration de la police, puis repris sans que la lumière ne soit véritablement établie.

Et c’est encore dans cette logique que l’on soupçonne fortement certains hommes de tenue d’avoir organisé et armé des gangs, quand ce ne sont pas eux-mêmes qui ont pris part à des braquages sanglants. Cette situation désastreuse qui n’honore pas notre armée est en effet la résultante du sentiment de révolte né, pour certains hommes de tenue, du fait qu’ils ont été spoliés de leurs primes de sang versé sur des théâtres d’opérations à l’étranger. On se souvient d’ailleurs du cas des vétérans du Liberia dont certains ont dû faire la fronde pour se faire rembourser leurs primes.

C’est comme ça qu’on gère le Faso ! Les civils non armés n’ont que leur courroux et leurs mains nues. En témoigne l’histoire des casques. Mais avec les militaires, c’est autre chose. On en découd avec les armes, et tant pis pour tout le monde, les civils y compris.

Seulement, aujourd’hui, il est clair qu’il y a deux catégories de militaires : ceux du régiment de sécurité présidentielle qui ont un traitement de super militaires hors pairs sans rapport avec celui des militaires de l’armée régulière qui, comme le citoyen lambda est confronté aux dures réalités de la IVe république, c’est-à-dire à la pauvreté et à la misère. En revanche, l’unité et la cohésion que requiert toute armée est mise à rude épreuve par le clientélisme et la corruption qui créent l’injustice et engendrent la révolte.

Au regard de ce qui précède, et de biens d’autres faits et attitudes dénotant de l’incurie au sommet de l’Etat, qu’il serait fastidieux d’énumérer et de décrire ici, l’UNIR/MS en appelle au civisme et au patriotisme de notre peuple, toutes composantes confondues, à se démarquer de tous les actes de nature à mettre à mal la cohésion sociale et à accentuer le dénuement et la misère ambiante.

L’UNIR/MS, rappelant comme ci-dessus l’assassinat crapuleux du journaliste Norbert Zongo, estime que seule la lutte citoyenne, à l’image de celle du Collectif, peut faire aboutir les justes et légitimes revendications de notre peuple. A cet effet, l’UNIR/MS a toujours en mémoire la répression barbare et aveugle qui s’était abattue en 1999 sur les dirigeants du Collectif pour avoir, selon le pouvoir de Blaise Compaoré, tenté de "démoraliser l’armée" par une simple déclaration appelant à la résistance légitime.

Aujourd’hui, quel est le moral de nos troupes ?

Malgré la précarité des moyens, nos forces armées qui sont une composante du peuple forment ce corps d’élites qui doit assurer la sécurité du peuple et contribuer à son bonheur. Aussi, l’armée doit être au service du peuple. C’est pourquoi, l’UNIR/MS condamne avec la dernière énergie les événements survenus les 19 et 20 décembre 2006 où les vies de nos populations, surtout civiles étaient dangereusement exposées aux balles meurtrières d’un état de siège de fait.

L’UNIR/MS déplore les pertes en vies humaines ainsi que les dégâts matériels et tient le régime Compaoré pour seul responsable de la situation qu’il a créée et qu’il a voulu banaliser une fois de plus par un communiqué lapidaire pendant que les Ouagavillois étaient en désarroi. Et comme si le ridicule ne tuait pas, Monsieur Blaise Compaoré qui devait fêter l’anniversaire de son investiture a dû lâcher les siens, c’est-à-dire la jeunesse CDP qui l’attendait au Salon climatisé du SIAO.

Enfin, ses pairs, et plus particulièrement ceux de la CEDEAO et de l’UEMOA, dont les sommets ont été reportés précipitamment, auront compris ce que sont la démocratie et la sécurité au Burkina Faso.

Quant au peuple burkinabè, l’UNIR/MS l’exhorte à poursuivre inlassablement et avec détermination sa lutte pour plus de démocratie et de justice sociale, seuls gages de la paix, de la tranquillité publique et du progrès.

Avec le peuple, victoire !

Ouagadougou, le 22 décembre 2006

Le Président,
Maître Bénéwendé S. SANKARA

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