Actualités :: Rixe entre soldats et policiers : La paix sociale n’est jamais définitivement (...)

Depuis au moins deux éditions, L’Hebdo du Burkina a proposé aux lecteurs des analyses sur la personnalité du président Blaise Compaoré comme un homme de dialogue, de tolérance et de paix dont la succession pourrait être difficile si les acteurs sociaux ne tirent pas les leçons du passé et du présent. Les évènements nous donnent trop tôt raison.

La rixe dans la nuit du 19 au 20 décembre entre un groupe de policiers et deux militaires a failli dégénérer en bataille rangée. Les Ouagalais ont vu leur quotidien très perturbé notamment en matière de circulation. Un couvre-feu qui ne dit pas son nom s’est imposé de fait aux habitants de la capitale ce 20 décembre.

La panique se lisait sur le visage de certains usagers de la circulation. Partout on se posait la question, que se passe-t-il ? La grande muette ou plus exactement quelques éléments de la grande muette ont parlé à leur manière. C’est-à-dire avec la force contre des forces paramilitaires. La police en l’occurrence. La pomme de discorde, un banal contrôle de routine de papiers d’identités.

Deux jeunes soldats interpellés aux feux tricolores de la place de la Nation , n’en avaient pas. Les policiers n’ont pas voulu les laisser partir, bien que les soldats se soient présentés comme tels. Au contraire ils sont accusés par les policiers en faction d’être irrespectueux à leur égard tout en rappelant une autre rixe qui les avait opposé à d’autres soldats au stade (municipal ?) lors d’un match.

D’ailleurs, l’un des policiers croit reconnaître un des protagonistes des démêlés au stade parmi les deux jeunes soldats "sans papiers". Dès lors, le contrôle de routine dérive en coups de poing après des échanges verbaux où le ton est allé crescendo de part et d’autres. Un des jeunes soldats s’écroule mortellement touché. C’est la goutte de... sang qui fait déborder la caserne le lendemain matin. Les soldats voulaient venger la mort de leur compagnon d’où le blocage de certaines voies interdites à la circulation.

Le calme revenu, il faut tirer la leçon de cette rixe qui a failli mettre le feu aux poutres de la paix sociale. Elle se résume en une seule avec des adjuvants et des conséquences multiples : la paix sociale n’est jamais définitivement acquise. Elle tient à un fil tenu que chacun de nous par sa responsabilité citoyenne doit travailler à renforcer. Le pays a failli basculer dans l’irréparable à cause du corporatisme grégaire montré par les soldats et les policiers. Chaque corps a voulu se faire justice sans la manière.

Cela pose le problème de la formation civique de nos forces armées et paramilitaires.
Elles doivent être formées dans un esprit de cohésion qui les identifie d’abord en entité unique, forces de défense et de sécurité, ensuite en tant que éléments d’un groupe spécifique avec des missions spécifiques. Enfin en tant que citoyens parmi les citoyens avec la mission particulière de maintenir l’ordre au lieu de contribuer à la perturber par des attitudes inopportunes.

Ce n’est à la gloire d’aucun militaire et/ou policier de présenter des bris de glace, des murs noircis par des feux d’incendies volontaires, des voitures cassées, etc, comme trophées d’une "guerre" qui n’avait pas lieu d’être. Pourtant, ce n’est pas la première fois que policiers et soldats en viennent aux mains. Il y a comme une rivalité sourde, perceptible et dangereuse entre la police et l’armée. Les soldats dans toutes situations de différent, veulent montrer leur supériorité à des policiers qui ne veulent pas se laisser faire. Et comme on dit, quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre.

L’herbe ici c’est le citoyen lambda, les victimes et les parents de victimes. Les fauteurs de troubles, soldats ou policiers sont aussi victimes de leur propre mouvement d’humeur.

En effet, qui n’a pas un parent militaire ou policier ? Quel policier n’a pas un parent ou un ami militaire ? C’est dire que nous souffrons tous d’une manière ou d’une autre de cette rivalité et ce sont les hors la loi et autres bandits de tout acabit qui se frottent les mains.

Djibril TOURE

L’Hebdo

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