Actualités :: Militaires, policiers, gendarmes : balle à terre

"C’est quoi encore...Ça recommence encore..." Ces propos ont été entendus, ou prononcés par plus d’un habitant de Ouagadougou au cours de la journée du 20 décembre, et pendant la nuit du 20 au 21 décembre 2006. Particulièrement les populations des quartiers périphériques.

Des rafales d’armes automatiques, ponctuées de coups de mortiers ont été entendus toute la journée, au cours de la nuit et une partie de la matinée de jeudi. On croirait que le Burkina était revenu 23 ans en arrière, au cours de cette fameuse nuit du 4 août 1983.

"Un incident survenu dans la nuit du 19 au 20 décembre entre un groupe de militaires et des éléments de la Compagnie Républicaine de Sécurité a causé la mort d’un soldat, et fait trois blésses." C’est ce qu’indique un communiqué de presse conjoint publié par les ministres de la Défense et de la Sécurité pour expliquer l’origine des manifestations dans les rues de la capitale Ouagadougou. Des manifestations qui sont essentiellement le fait des forces de défense et de sécurité. A la suite de la mort de leur camarade, et prétextant la solidarité de corps, des militaires ont organisé une descente, on pourrait même dire une expédition punitive sur le Commissariat central de police de la capitale. C’est à partir de ce moment que les coups de feu se sont progressivement étendus à toute la ville. Ces événements ont considérablement désemparé le citoyen, à qui les tirs d’armes automatiques rappellent un mauvais souvenir.

Ce qui caractérise les récents événements, c’est leur ampleur et leur durée qui ont fait vite penser à une insurrection. Les descentes de soldats dans les quartiers pour administrer "des corrections" à un homme ou à un groupe d’hommes sont devenues récurrentes. A raison ou à tort les militaires s’organisent pour aller régler leurs comptes à celui ou à ceux qui auraient porté atteinte, d’une manière ou d’une autre, à un des leurs. Mais jamais la hiérarchie n’a été aussi impliquée dans la résolution de ces problèmes comme elle le fut lors des événements des 20 et 21 décembre. C’est pourquoi, dès la tombée de la nuit, les rumeurs d’un couvre-feu ont circulé dans toute la ville. Il s’ensuivit une sorte de sauve-qui-peut qui a engendré une folle panique et créé des embouteillages monstres au niveau des principaux carrefours et ronds-points.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces échauffourées ont pris de court les responsables de l’armée et de la police qui, jusque tard dans la nuit du 20 décembre, ne parvenaient pas vraiment à calmer leurs éléments respectifs. Devant une telle situation, on est fondé à demander la création d’une structure interarmes permanente qui aurait pour rôle de s’occuper du règlement des conflits, tels ces regrettables incidents qui ont opposé militaires et policiers qui partagent une mission commune : assurer la défense du territoire et la sécurité des biens et des citoyens. Son rôle doit s’exercer en amont surtout.

Parce qu’il est incompréhensible que dans un Etat de droit, un corps, se prévalant de la solidarité qui lie ses membres, se fasse justice chaque fois qu’un de ses éléments est égratigné, au détriment des voies judiciaires. C’est contraire à l’esprit républicain, au consensus et à la cohésion sociale dont le Président du Faso s’est félicité dans son message du 11 décembre à la Nation. La structure interarmes de règlement des conflits pourrait miser surtout sur la cohésion et la collaboration de toutes les forces de défense et de sécurité burkinabè.

A la veille des réunions ministérielles et des sommets des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), "l’incident" dont fait mention le communiqué officiel, porte un coup de canif à la réputation de pays stable dont jouit le Burkina Faso. Si l’on s’accorde pour dire que l’"incident" n’est qu’un grain de sable dans la belle machine burkinabè, il faut reconnaître par la même occasion que la paix tient souvent à un cheveu.

Si les informations qui disent, d’une part, que les manifestants ont dévalisé un magasin d’armes et de munitions, et, d’autre part, qu’ils sont allés forcer les portes de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou, permettant ainsi l’évasion de dangereux bandits alors, l’insécurité risque de s’accroître dans les villes et les campagnes. A moins que l’on ne réussisse à récupérer rapidement ces armes sorties, et à rattraper les fuyards.

Par ailleurs, l’"incident" de ces derners jours est en déphasage avec le gigantesque travail de rapprochement des différents corps entrepris depuis longtemps déjà par les ministères de la Défense et de la Sécurité. Il enseigne surtout qu’à tous les niveaux, il faut continuer à renforcer les concertations, notamment dans les formations de base des uns et des autres, la sensibilisation sur les notions des droits humains et de la discipline, toutes vertus qui ne font pas seulement la grandeur des armées, mais aussi celle des peuples.

"Le Fou"

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