Actualités :: Interview de Me Halidou Ouédraogo dans l’Observateur. : L’avocat mérite notre (...)
Me Halidou Ouédraogo

Dans sa livraison numéro 6785 du 13 décembre dernier, L’Observateur paalga a publié une grande interview que lui a accordée Me Halidou Ouédraogo, président du Collectif d’organisations démocratiques de masse et de partis politiques, du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) et de l’Union interafricaine des droits de l’homme (UIDH).

Cette interview aura permis de savoir que la santé de l’homme s’améliore, que malgré sa volonté affirmée de continuer le combat contre l’impunité, il a revisité positivement son regard et son appréciation de son prochain.

Dans cette interview, trois questions et les réponses y afférentes ont été particulièrement intéressantes. La première est relative aux "motivations profondes" qui ont conduit Halidou Ouédraogo de la magistrature au Barreau : "...A un moment donné, répond l’intéressé, l’Etat m’a intimé l’ordre de choisir entre les associations que je dirige et mon retour au palais ! J’étais à quelque cinq ans de la retraite.

Je leur ai dit : "J’ai choisi, je reste à la tête des associations que je dirige, puisque les mandats ne sont pas à terme, je préfère que vous me licenciez mais je ne vais pas vous donner le plaisir de me licencier, car je vous donne ma démission".

J’ai démissionné donc et comme au Barreau il y a des opportunités, et que quand vous êtes magistrat pendant dix ans, vous pouvez devenir avocat pourvu que vous remplissiez quelques conditions et acceptiez le serment de servir comme avocat au Barreau, j’ai postulé et mon dossier a été accepté".

Ce sont donc les contingences de la lutte pour le triomphe des droits de l’homme et d’une justice indépendante ainsi que pour la fin de l’impunité qui l’ont amené au Barreau. Pas l’appât du gain "facile", même s’il reconnaît par ailleurs que "si vous avez des conventions avec cinq ou dix institutions, vous vivrez bien, vous payerez votre personnel, etc".

Pour nous, c’est l’une des preuves qu’il reste fidèle à ses principes. Certes, nous ne partageons pas bien de ses méthodes de lutte, tout comme nous désapprouvons certains de ses actes et de ses propos dans le cadre de la lutte contre l’impunité, mais un type comme lui n’aurait pas existé, qu’il aurait fallu le créer, fût-il de toutes pièces.

Dans tous les camps, à commencer par le sien, il est aisé de trouver des Burkinabè pour l’accuser de ceci ou de cela alors que ce sont les mêmes qui osaient à peine, au plus fort de la crise, parler dans les médias, rudoyer le pouvoir. Or quels risques cet Halidou n’a-t-il pas pris ?

Aujourd’hui, s’il est malade et désargenté, c’est aussi à cause de la pression psychologique et les sollicitations diverses auxquelles il était soumis. Et puis, quant aux erreurs que les partisans de tous les bords lui reprochent, c’est bien facile de leur part. En effet, quelle que fût la personne qui était à la tête du collectif, on aurait trouvé à redire. Aussi, tout en relevant les limites somme toute vraies et vérifiables de l’intéressé, il est juste de célébrer les acquis qu’il a contribué à rendre palpables.

Quant à la deuxième question, qui concerne les soupçons de trahison de sa part, la réponse est claire : "Les gens sont libres de dire ce qu’ils pensent, mais moi je me connais. En quoi je trahis ? Pendant huit ans, nous avons marché ici, et il n’y a pas une seule marche où j’étais absent ! On pouvait tirer sur nous et il y a des responsables qui avaient peur de se mêler à nous. Cette année, je ne peux pas, je suis très handicapé, mais le Collectif continue. Et je le soutiens".

A n’en pas douter, l’opinion a raison de se poser des questions sur le soutien qu’Oumarou Kanazoé et l’Etat ont apporté à Halidou Ouédraogo dans le cadre de ses soins. Il en est de même du fait qu’il est le conseil de ce même O. Kanazoé. Cependant, elle a tort d’en tirer des conclusions. De même que le Collectif.

Effectivement, à part l’antenne africaine de la fondation Georges Soros et le MBDHP, qui d’autre était disposé à l’aider ? Dans ces conditions, pourquoi refuser les coups de main du gouvernement et d’O. Kanazoé ? Ceux qui le lui reprochent ont le beau rôle parce qu’ils n’étaient pas entre la vie et la mort comme lui. Avant de prononcer des sentences de ce genre à l’encontre de quelqu’un qui se trouve dans cette situation, mettons-nous à sa place.

S’agissant du fait d’être l’avocat du même Kanazoé malgré ce qui a été dit et fait contre lui dans l’affaire Norbert Zongo, c’est le choix de l’avocat qu’il est désormais. En principe, il n’y a aucun problème, reste à voir, dans la pratique, s’il n’y a pas de contradiction ou d’incompatibilité.

La troisième et dernière question a trait aux éventuelles erreurs qu’il pense que le Collectif a commises.

"Une des erreurs, dit-il, qui a été imputable un peu au Collectif, de mon point de vue, a été la rupture du dialogue entre le pouvoir et nous... On avait rencontré le pouvoir, qui nous a dit de fixer une date, le 2 juin. Et on nous a fait savoir entre-temps qu’on n’allait plus rencontrer le gouvernement, mais... Ram Ouédraogo et nous avons refusé. Le pouvoir, le jour de la rencontre, a amené les anciens présidents, des ministres et montré les chaises vides que nous avons laissées.

Je pense qu’une de nos erreurs a été cela. On aurait dû aller et continuer la discussion puisqu’après, les gens l’ont fait". Quelle franchise et quelle humilité, pourrait-on dire ! Il est vrai qu’en disant "de mon point de vue", il parle en son nom et la portée des propos reste limitée, mais c’est clair comme l’eau de roche que l’homme est et demeure lucide. D’aucuns parmi les siens n’apprécieront pas cette franchise et certains du camp d’en face s’en frotteront les mains.

En tout état de cause, c’est cela aussi Halidou Ouédraogo, car celui qui ne peut pas reconnaître ses propres erreurs ne mérite pas d’être écouté quand il discourt sur les insuffisances des autres.

Même les plus incrédules doivent donc se convaincre que cet homme-là mérite des égards non pas par ce qu’il est en train de faire et qui peut être diversément interprété, mais par ce qu’il a fait hier (seulement) au profit de la démocratie burkinabè et qui lui coûte très cher aujourd’hui. C’est pourquoi, pour légale qu’ait été l’observation de Me B. Stanislas Sankara lors du procès des 50 millions de francs CFA, elle était inopportune au moins dans sa forme.

En rappel, il a dit au tribunal d’ordonner à Me Halidou Ouédraogo de se tenir debout comme tout le monde à moins de demander expressément au président du tribunal la permission de s’asseoir. C’est du moins la version qui nous a été rapportée.

Aujourd’hui, le commandant en chef des croisés de l’impunité est convalescent. Il ne demande certainement pas qu’on s’apitoie sur son sort, mais souhaite probablement qu’on se souvienne en tout temps et en tout lieu de ce qu’il a fait pour ce pays au prix de sa santé.

Si des morts on ne doit dire que du bien, aux malades (surtout de la trempe d’Halidou) on doit vouer du respect pour ce qu’ils ont fait au profit de la société, car non seulement nous-mêmes sommes des malades potentiels, mais en plus, cela peut contribuer à écourter leur convalescence. Et puis, rappelons-nous cette sagesse bien de chez nous : "Les bien-portants ont une longueur d’avance sur les malades en matière de santé, ils ne le sont pas nécessairement devant la mort". Autrement dit, le bien-portant peut devancer le malade dans l’au-delà.

Z. K.

L’observateur

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