Actualités :: Démissions à l’UNIR/MS : Faut-il s’en étonner ?
Me Sankara en campagne

Finalement, le parti de l’œuf, l’UNIR/MS, qui se voulait l’incarnation de toutes les "vertus politiques", s’avère être un parti comme les autres.

Son congrès passé, que certains ont qualifié de congrès de la division, avec les démissions du Chargé de communication, le confrère Mamadou KABRE et du 1er vice-président, Joseph OUEDRAOGO, celles de militants dans la commune de Rambo (une vingtaine), prouvent si besoin en était, qu’à l’UNIR/MS aussi, l’orthodoxie dans la gestion du parti, n’est pas la chose la mieux partagée. Oui, à l’UNIR/MS aussi !

On aurait pu passer sous silence ces nombreuses démissions à l’UNIR/MS, démissions et autres nomadismes politiques étant devenus choses banales, voire normales dans le landerneau politique national. D’ailleurs, le mutisme des textes sur ces questions est comme un encouragement aux éventuelles fugues des enfants prodiges de notre scène politique. Ça ne date pas d’aujourd’hui et même les plus grands partis du pays depuis l’aube des temps en ont souffert même si certains ont souvent clamé que le dégraissage leur faisait plus de bien que de mal.

C’est dire que ce qui ce passe à l’UNIR/MS pouvait donc rentrer dans la logique normale de la situation que vivent les partis politiques burkinabé. Mais, si nous avons décidé de revenir sur ces démissions dans le parti de l’œuf, c’est qu’elles ont surpris plus d’un et cela pour une raison essentielle.

L’UNIR/MS dans son option politique se réclame de l’idéal SANKARA avec tout ce qu’on a mis à l’intérieur et qui se rattache à la probité, à l’intégrité, à la justice, à la transparence, etc. En tout cas, avec tous les bons "té" comme on dit de l’autre côté.
Le président du parti, Me SANKARA, défenseur de la veuve et de l’orphelin se veut aussi l’incarnation de ces vertus. Dans ses discours, ne se présente-il pas comme tel ? Et qu’en dire de son secrétaire à l’organisation et à la sécurité, le député Yamba Malik SAWADOGO ?

C’est dire qu’en principe, dans un parti sankariste comme l’UNIR/MS, il ne devrait pas y avoir de problèmes où on accuse "ouvertement" la gestion des premiers responsables. Si le chargé de communication, Mamadou KABRE, a préféré partir en silence, ce n’est pas le cas, du 1er vice-président, chargé de l’unité des Sankaristes, Joseph OUEDRAOGO. En effet, ce dernier avant de rendre le tablier a avancé de sérieuses divergences de vue sur la gestion du parti (gestion des hommes et gestion des finances). On accuse aussi le président de "sa confiance aveugle" à l’égard de son secrétaire à l’organisation et à la sécurité le député SAWADOGO.

Les démissionnaires de la commune de Rambo ne sont pas moins "pointus" quand ils accusent leur président, Me SANKARA : "...Nous avons compris que votre rêve n’est pas partagé de tous. C’est tout comme si celui qui règne au sommet du parti a perdu de vue les aspirations profondes du Sankarisme, celui de rassembler dans la justice pour le triomphe d’une cause juste et noble" (in le "Pays" du 24 novembre 2006). Ainsi donc au file des années, Me SANKARA a perdu de vue ce qui fonde le sankarisme. Comme pour dire qu’il est devenu comme les responsables de la majorité des partis politiques burkinabè. Des partis où démocratie interne, transparence dans la gestion, surtout financière... sont de vains mots.

Venant donc de l’UNIR/MS, cela surprend mais permet de comprendre que finalement entre la théorie et la pratique, entre le discours et la réalité quotidienne, le fossé est bien grand. D’ailleurs si un certain Jean Hubert BAZIE, connu pour sa ferveur et sa foi sankariste, a démissionné de l’UNIR/MS, il y a quelques années, ce qui arrive actuellement au parti de l’œuf ne devrait pas surprendre

Le constat est donc là ; s’il n’est pas triste, il n’est certainement pas gai. Il appartient aux premiers responsables accusés de descendre de leur piédestal et reconnaître que finalement, ils ne sont pas différents des autres responsables de parti et sont loin d’être l’image qu’ils nous "projettent" dans leurs discours politiques quotidiens.

"La plupart des hommes sont comme des aimants, ils ont un côté qui repousse et un côté qui attire", disait un libre-penseur. Cela est valable, même pour les responsables de l’UNIR/MS, paragons de vertus politiques comme ils se présentent. Soyons directs mais pas cyniques, la saignée au sommet et dans les rangs du parti de Maître SANKARA ne devrait surprendre pour qui connaît l’homme qui fait des amalgames entre ses "affaires" et la politique. La question des ex-travailleurs de l’ex-RNTC X9 grugés par lui est là pendante et qu’il traîne comme un boulet.

En effet, depuis cette triste affaire des 33 nous savons que même quand on est sankariste on n’est pas blanc comme neige. On peut même se cacher derrière le sankarisme devenu une sorte de cocon pour commettre de viles bassesses avec la complicité innocente de ceux qui naïvement pensent œuvrer pour l’idéal. Mais tôt ou tard tout finit par se savoir.

Abraham LINCOLN disait : "Vous pouvez tromper tout le monde un certain temps ; vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps ; mais vous ne pouvez tromper tout le peuple tout le temps". C’est là une des citations que le père spirituel du Sankarisme dans la ferveur révolutionnaire aimait à décliner mais que ses héritiers semblent aujourd’hui mettre au compte de l’idéalisme politique. A l’UNIR/MS, voilà qu’on est en train d’en faire l’amère expérience.

Pourvu qu’ils comprennent qu’en politique, on ne se proclame pas paragon de vertus ; parce que dans ce milieu tout ce qu’on dit peut un jour se retourner contre soi, vous laissant nu comme un ver de terre. Triste spectacle ! Finalement, c’est André MALRAUX qui semble avoir raison lorsqu’il dit : "On ne fait pas la politique avec la morale mais on n’en fait pas davantage sans". Prenons-en acte !

Par Ben Alex Beogo

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