Actualités :: 8-mars : De l’usage du mot féminisme

Pourquoi féminisme et pas mascularisme ? C’est la grande question que soulève, à l’occasion de la Journée international de la femme, l’écrivain- lexicologue, B. Hassane Baadhio. Doit-on remplacer féminisme par Egalitarisme ? le débat est ouvert.

La journée du 08-Mars coïncide avec l’Année Senghor. En attendant l’hommage exceptionnel que je lui rendrais en tant que fils spirituel, il m’apparaît nécessaire de consacrer un article sur la Journée internationale de la femme.

Pour être dans la continuité de Senghor, c’est donc sur le vocabulaire que l’accent est mis ici, c’est-à-dire l’usage et l’utilité des mots.

Comme on dit, en vocabulaire fondamental, le nominal n’est pas forcément le nominatif ; il y a un mot sur lequel nous voulons statuer : Journée de la femme oblige, le mot féminisme.

Notre avis est que ce mot est le symbole de l’imperfection dans l’usage d’une langue. Et c’est tout l’intérêt du vocabulaire fondamental.

En effet, en vocabulaire fondamental, ce n’est pas seulement l’utilité du genre qu’il faut rechercher, mais c’est aussi le pendant du mot qu’il faut trouver.

On commencera donc à expliquer - et à justifier - l’anomalie du mot féminisme par l’absence de son pendant, qui devrait, logiquement, donner masculanisme.

Peu de personnes à l’usage du mot féminisme se demandent pourquoi le mot masculanisme n’existe pas en termes de répondant direct au mot féminisme.

Déjà donc, il y a une lacune dans le parallélisme des formes quant à l’usage du mot. Un mot qui n’est pas classé neutre devrait avoir son pendant ou son opposé ou son répondant.

Ce pendant du mot manquant traduit la maladie du mot ou, dans le vocabulaire fondamental, l’excroissance d’un mot. On perçoit mieux, à l’usage, l’erreur, en parlant de la supériorité du mot.

On ne doit pas partir de la racine du mot féminin pour réclamer l’égalité. On devrait partir nécessairement du mot-clé égalité pour identifier et solidifier le combat ainsi mené.

Autrement, si le mot masculanisme avait pris de l’ampleur, la balance entre féminisme et masculanisme poserait problème. C’est d’ailleurs la réalité de la supériorité du mot qui est en jeu ici.

On ne peut mesurer cette supériorité qu’à la condition que l’égalité de l’utilisation du genre des mots provienne d’une racine commune au mot et au genre et, en l’espèce, par défaut.

De fait, c’est égalitarisme qui convient le mieux à ce noble combat. Par ailleurs, faut-il le souligner, une société évolue en tenant compte des hommes, des femmes et enfants.

Exclure les enfants en ne parlant que de combat des femmes est une injustice. Après féminisme, va-t-on trouver un mot pour revendiquer le combat lié à l’égalité des enfants ?

Nous voilà toujours à utiliser le mot égalité. Autrement, à quel genre appartient le mot enfant ? Il y a là un piège justement. Si égalité il y a on devrait aussi évoquer celle des enfants.

C’est pourquoi il est judicieux de raisonner le problème en termes de droits (femmes et enfants). Le mot genre, ces temps -ci connaît une belle fortune. Et c’est peu de dire que des sommes importantes sont utilisées dans un contexte lié à ce mot.

On pourrait reconnaître le mérite des grammairiens, qui, depuis des siècles, ont procédé à la classification des mots avec les genres masculin, féminin et neutre. En ouvrant un dictionnaire, on s’en rendra compte.

Quelle injustice donc d’évoquer uniquement le mot féminisme parmi tant d’autres mots, même s’il s’agit d’un combat noble ! En vérité, placer le mot féminisme dans un contexte analytique de la réalité du développement traduit une discrimination. Jouons franc-jeu.

Objectivement, en matière de concept de développement, il vaut mieux une confrontation philosophique (dans le bon sens du terme). On ne traduit pas le développement avec des mots, mais avec des actes. Ce faisant, la philosophie, la culture et bien d’autres approches traduisent mieux ces actes.

Et d’ailleurs, n’est-ce pas aussi l’égalité dans le développement qu’on recherche en utilisant le mot féminisme ? Etre égalitariste, c’est au moins résoudre ce problème.

Remplaçons donc le mot féminisme par égalitarisme. Il fait plus sûr et plus réel, d’autant que c’est l’égalité qu’on recherche et non la femme.

B. Hassane Baadhio

Ecrivain et lexicologue

Observateur Paalga

Burkina : « Dire la vérité sur les sujets de la société (...)
Les causes structurelles des coups d’États, selon Dr (...)
Conduite de l’Etat : Nous, on vous regarde
Renonciation à un 3e mandat : « Chapeau bas, mon frère (...)
Burkina : Sortir de la crise sécuritaire en donnant une (...)
Validation de la mise en œuvre de l’ITIE : Le Burkina (...)
Afrique : La valse du pouvoir africain entre coups et (...)
Burkina : Les VDP, pierre angulaire de la stratégie (...)
SICOT 2024 : « Pourquoi mobiliser des fonds pour (...)
François Warin à Christophe D. Dabiré : Le parricide, (...)
Burkina : Iterre Somé signe une ode pour le vivre-ensemble
Journée de l’Afrique : Me Guy Hervé Kam invite les Etats (...)
Burkina/Dépigmentation de la peau chez les femmes : (...)
Dossier Salifou Nébié : L’introuvable justice !
Situation sécuritaire au Burkina : « Elections, élections (...)
Burkina : La souveraineté ne peut pas et ne doit pas se (...)
CITY-REAL : Quelle fessée cinglante pour le Real (...)
Tueries de Karma et Youlou : « Du deux poids deux (...)
Burkina : « Mon capitaine Ibrahim Traoré, ne confondez (...)
Situation des mineurs burkinabè : Entre précarité et (...)
Affaire de fétiches : Essai de clarification

Pages : 0 | ... | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | 189 | 210 | ... | 5397


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés