Kalsaka mining : A la veille de la fermeture, les populations riveraines s’interrogent
Kalsaka, avant dernière étape de la tournée de dissémination du 3e rapport de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE-BF). L’équipe chargée de cette tâche a présenté le document à une trentaine de conseillers municipaux, responsables d’organisations de la société civile, de coutumiers et de religieux. Dans cette commune, les populations sont partagées entre colèreet interrogations à la veille de la fermeture du site minier.
Manque de communication, cherté de la vie, questions d’orpaillage, répartition de la taxe superficiaire, promesses non tenues par la société minière de Kalsaka, l’après-mine… Les questions n’ont pas manqué. Mais, il est surtout ressorti que les participants manquent cruellement d’information sur la problématique de l’exploitation minière. A titre d’exemple : les orpailleurs de la commune demandent à être autorisés à pratiquer leur activité dans la zone attribuée à la société d’exploitation industrielle, Kalsaka mining. A l’issue des échanges, ils semblent avoir compris.
L’on retiendra que Kalsaka mining sera bientôt en fin d’exercice puisque le mineraiest épuisé. Les installations servent actuellement à traiter le minerai extrait sur le site de Séguénéga mining. Pourtant, les deux sociétés sont différentes, en tout cas selon les textes. Quel type de relations existe-t-il entre elles au point d’extraire de l’or sur un site pour le traiter sur un autre site appartenant à une autre société ?
En tous les cas, à la veille de la fermeture de Kalsaka mining, les populations de cette localitésont partagées entre colère et interrogations. Elles reprochent à la société d’avoir fait beaucoup de promesses qu’elle n’aurait pas tenu.Aussi s’interrogent-elles sur l’après-mine, notamment la restauration de l’environnement, l’avenir des orpailleurs, l’effet des produits chimiques utilisés par Kalsaka mining…
Moussa Diallo
Lefaso.net
Propos recueillis à l’issue de l’atelier
Daouda Savadogo, 1er adjoint au maire de Kalsaka : « beaucoup d’éclaircissements »
Nous sommes nouveaux dans la gestion de la commune. Et, si ce n’est pas aujourd’hui, on n’a jamais entendu parler aussi clairement de la question minière. Cette rencontre nous a apporté beaucoup d’éclaircissements. C’est parce qu’on n’avait pas reçu ces informations depuis longtemps que beaucoup de choses nous ont échappé.
La société minière avait promis beaucoup de choses à la population. Elle a réalisé quelques promesses mais il en reste beaucoup. Ils ont promis la construction d’écoles, de centres de santé. Ils ont aussi promis de l’aide aux orpailleurs. Ils ont engagé les discussions mais ça n’a pas abouti. Mais, il y a un cadre de concertation pour discuter afin de mieux se comprendre
Tégawendé Ouédraogo, conseiller municipal : « nous demandons au gouvernement de nous aider »
Nous ignorons beaucoup de choses. Nous demandons au gouvernement de nous aider à comprendre afin que notre commune puisse se développer comme il se doit. Nous avions beaucoup de revendications parce que nous ne connaissions pas comment les choses marchent. Nous sommes pour la plupart des orpailleurs, mais actuellement nous avons des problèmes avec la mine.
Hamadé Ouédraogo, cultivateur principal à Kalsaka : « Nous ne sommes pas très contents de la mine »
Cette rencontre nous a enseigné sur beaucoup de choses qu’on ne savait pas. Même si on n’a pas tout appris, nous avons quand même quelque chose de plus dans la tête après cette rencontre.
Aujourd’hui, on a quelques idées sur le travail minier et ce qu’il rapporte à notre pays. Nous avions eu trois formations avec l’ITIE (05 janvier 2011, 03 mars 2011 et 2012). Avec ça, nous sommes très fiers parce que l’ITIE nous a appris beaucoup de choses sur la transparence.
A son démarrage, la mine avait promis d’aider les petites et moyennes entreprises de la localité. Ils ont aussi promis de former les jeunes aux petits métiers (mécanique, menuiserie…). On pensait qu’elle allait faire mieux pour la population et principalement les riverains de la colline. Mais, ça n’a pas été le cas. Donc, nous ne sommes pas très contents de la mine.
D’ailleurs leurs gros véhicules ont sérieusement endommagé la route. Nous avons dit à nos ressortissants qui sont à Ouagadougou de nous aider à discuter afin que la mine répare la route. Mais rien. Si chacun veut gagner seul et laisser le reste de la population, c’est mauvais. En tout cas, nous sommes délaissés ici à Kalsaka.
C’est vrai qu’il y a le Comité de concertation communautaire (CCC) qui fait de son mieux. Si le CCC n’était pas là, on ne pouvait pas vivre avec la mine. Il est le seul à pouvoir atteindre la mine pour discuter. Nous souhaitons donc que l’Etat fasse un effort pour réparer la route, et nous aider à construire des infrastructures sanitaires et scolaires dans notre commune.
Minata Sawadogo, coordonnatrice des femmes de Kalsaka : trouver des projets de développement pour soutenir les femmes
Grâce à cette rencontre, nous avons appris beaucoup de choses que nous ignorions. Ça nous a permis de comprendre. Donc, nous sommes très heureux de ce travail. Que Dieu leur donne longue vie pour poursuivre leur travail.
A Kalsaka, les femmes sont confrontées à beaucoup de problèmes. Nous n’avons pas de travail. Avant l’installation de la mine, on faisait dans l’orpaillage, ce qui nous permettait de subvenir à nos besoins. Même si nos maris étaient absents, nous arrivions à nous occuper de nos enfants. Aujourd’hui, comme on ne peut plus faire de l’orpaillage, la vie est très difficile pour nous.
Par exemple, moi je suis restauratrice. Avant, je pouvais préparer 50 kg de riz, mais actuellement, même deux kg de riz, je n’arrive pas à tout vendre. Parce que les gens sont devenus très pauvres.
Donc, nous demandons au gouvernement de trouver des projets de développement pour nous soutenir. Ce qui permettra aux femmes d’avoir des revenus afin de prendre en charge les enfants.
Kader Soré, conseiller municipal : « Le principal problème, c’est le manque de communication »
Cette rencontre permet de renforcer la transparence dans les communes minières. J’ai appris les recettes que les sociétés minières ont versées à l’Etat et particulièrement ce que la mine de Kalsaka. On a aussi appris comment se fait la répartition de la taxe superficiaire.
Le principal problème entre les populations et la mine, c’est le manque de communication. Si non, la mine a formé des jeunes aux petits métiers. Elle a aussi financé certains. Après la fermeture de la mine, la vie sera toujours chère mais on n’a pas le choix, on devra s’adapter.
Propos recueillis par Moussa Diallo
Lefaso.net