LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Fraude et contrefaçon : Le cri de détresse des industriels

Publié le lundi 7 juin 2010 à 01h00min

PARTAGER :                          

La Coordination des travailleurs des industries pour la lutte contre la fraude (CTILF) a organisé, le vendredi 4 juin 2010 à Bobo-Dioulasso, une conférence publique sur les conséquences de la fraude et des produits de contrefaçon. Au cours de cette conférence animée par le coordonnateur national de lutte contre la fraude, Paténéma Kalmogo, les industriels ont évoqué la nécessité de sensibiliser les populations et de coordonner les actions de peur de voir fermer leurs entreprises.

La mévente des produits industriels, la fermeture des entreprises et la forte « morbidité » de celles qui survivent encore, la perte considérable d’emplois engendrant le chômage, le manque à gagner sur l’économie nationale et le danger qui menace la santé des populations.

C’est en résumé les conséquences de la fraude et de la contrefaçon des produits industriels qui, selon le coordonnateur de la CTILF, Boubakar Diawara, menacent la fermeture de toutes les entreprises. Malgré les soutiens des autorités compétentes, des employeurs, le rachat des produits fraudés, l’accompagnement de la coordination nationale de lutte et les efforts de la gendarmerie, la police et la douane, la menace reste toujours d’actualité et devient même persistante, s’est-il indigné.

Cette conférence autour des « conséquences de la fraude et les produits de contrefaçon sur nos industries, l’économie nationale et la santé publique », constitue pour lui, un accompagnement de sa structure aux différents efforts de lutte contre le fléau. Dans sa communication, le coordonnateur national de la lutte contre la fraude, Paténéma Kalmogo a précisé que la manœuvre du fléau se présente sous des formes innombrables, synonymes de l’ingéniosité de ses acteurs.

Entre autres, il s’agit de l’importation sans attestation de vérification de la COTECNA, la minorisation des quantités et valeurs des marchandises, la contrebande pure, les faux transits et le dédouanement de produits finis comme matières premières. Il citera également l’utilisation des quittances d’autres produits, les entrepôts fictifs, les fausses exportations et l’usage de prête-noms.

A ces cas, le coordonnateur ajoutera l’exercice illégal d’activités industrielles, l’introduction de produits industriels non identifiés sur le territoire national, la diminution des quantités des produits vendus aux consommateurs et le changement d’emballage. La contrefaçon, a-t-il précisé, s’exerce sur les produits de grande consommation comme le savon, l’huile, la boisson, l’eau minérale, les motocyclettes et bien d’autres.

A entendre M. Kalmogo, l’ignorance de la réglementation, l’incivisme, la recherche du gain facile, la corruption et la non-application effective des textes sont les principales causes du phénomène. Conséquences,a-t-il poursuivi, le budget national perd des ressources importantes (100 milliards de F CFA en 2009), l’économie nationale souffre de la concurrence déloyale et de la mauvaise qualité des produits et enfin les entreprises sont obligées de fermer avec leurs corollaires de problèmes pour les employés et employeurs.

Il s’impose donc selon lui, une répartition des tâches. Ainsi les pouvoirs publics devront simplifier les procédures administratives, œuvrer à la sensibilisation des populations sur la notion du bien commun et à l’application rigoureuse des textes. Les leaders d’opinion, les populations doivent dénoncer les cas de fraude et de contrefaçon. Les interventions qui ont suivi la communication ont encore mis en évidence la nécessité de coordination des actions pour l’efficacité de la lutte.

Les représentants de la douane, de la SONABHY, des secteurs des piles électriques, des produits pharmaceutiques, de l’huile et de la pneumatique ont exprimé leur inquiétude relative à une éventuelle fermeture de leurs entreprises après celle de la SIFA, si… Mais comme les a rassurés le coordonnateur national, les autorités compétentes oeuvrent à la mise en place prochaine du Fonds de lutte contre la fraude.

En outre, a-t-il précisé, « avec l’élaboration de la stratégie globale en cours et qui sera suivie des stratégies sectorielles, tous les acteurs sans exception, seront impliqués dans la lutte ». La directrice générale de Winner industrie, Fatim Traoré, attend par ailleurs une plus grande volonté politique parce que, dit-elle, « lors des rencontres gouvernement-secteur privé, nous évoquons chaque fois la question de la fraude mais la situation ne fait que s’empirer ».

Le conseiller technique du gouverneur, de la région des Hauts-Bassins, Louis Daly, représentant le gouverneur a loué cette initiative qui entre en droite ligne de la politique annuelle de lutte contre la fraude du gouvernement. Pour lui, cette conférence qui a été suivie d’une visite des quelques produits fraudés est d’une portée certaine en ce qu’elle a donné au public des notions claires sur cette gangrène pour la société. Il a, en outre, invité l’ensemble de la population à dénoncer et à combattre véritablement le fléau qui détruit le tissu économique et social national.

Jean-Marie TOE

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)