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Gestion des disctricts sanitaires : Tour de passe-passe à Kombissiri

Publié le mercredi 18 août 2004 à 08h03min

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L’histoire qui se passe entre l’entreprise ARMAND et le district sanitaire de Kombissiri est riche d’enseignements. Même si elle ne porte pas sur une grosse somme d’argent (quatre millions), comparée aux montants de certains marchés publics, le mécanisme qui a abouti à la passation de la lettre de commande n°2003-002/MS/SG/DRSCS/DSKBS est iIIustratif en la matière. Elle rappelle du reste la mauvaise gestion des marchés dans certains districts sanitaires que le Ren-Iac continue le dénoncer.

Deux amies de longue date, l’une femme d’affaires, en faillite, l’autre, gestionnaire de district décident de s’entraider à l’occasion du lancement de la lettre de commande précitée pour la livraison de matériel de protection au district sanitaire de Kombissiri. Ledit marché portait sur une somme de quatre millions six cent quatre-vingt- six mille trois cent soixante-dix (4 686 370) FCFA. « 

Une somme insuffisante mais qui pouvait tout de même relancer des affaires qui ont périclité depuis ». La consultation restreinte fut montée et comme il se doit, trois entreprises furent contactées. C’est le début du montage de l’enrichissement illicite : d’abord les soumissionnaires ont reçu verbalement des informations différentes sur le montant du marché en question ; histoire de les amener à ficeler des dossiers hors jeu. Ainsi, les montants, dit-on, ont été volontairement gonflés ; cela permet au concurrent favori qui connaît le montant réel de bien se positionner en moins disant. Et la directrice de l’entreprise ARMAND ne s’inquiète guère, la gestionnaire, son amie, veille au grain. Ce n’est pas tout.

Au dépouillement, la surprise de certains soumissionnaires a été de constater que des pièces comme l’attestation de situation fiscale manquait dans les dossiers d’offre. Comment a-t-on réussi ? Naturellement, les concurrents de l’entreprise ARMAND ont été éliminés par la commission mise sur pied pour connaître de la régularité des offres. Le marché acquis, il a fallu l’exécuter. Là encore la gestionnaire affirme être allée s’endetter pour préfinancer l’entreprise ARMAND. Elle s’était auparavant endettée pour procurer à la même entreprise de quoi se mettre en règle vis-à-vis du fisc. Pis, dit-elle, elle a pris sur elle la responsabilité de faire adopter un procès-verbal de réception le 29 septembre 2003.

Ledit document porte la griffe du médecin-chef de district, lui-même ! Et le procès-verbal en question précise qu’"après examen et vérification, la commission a constaté et reconnu que les matériels, produits de protection, ont été livrés conformément aux quantités et qualités proposées par la commission. Par conséquent, la commission a décidé de prononcer la réception desdites fournitures de bureau...". En clair, l’entreprise ARMAND a exécuté "convenablement le marché". Il ne reste plus qu’à se faire payer d’autant plus que la lettre de commande précise en son article 6 que « les payements en FCFA s’effectueront à 100 % après réception du matériel de protection ».

Mais le hic, affirme la gestionnaire, c’est que le district a été pris dans l’engrenage du faux. L’entreprise ARMAND, dit-elle, n’a effectué qu’une première livraison en réalité. Elle reste donc redevable du reste du matériel et ce, précise-t-elle, après moult injonctions. Mais alors pourquoi souverainement n’a-t-on pas procédé à la résiliation dudit marché. Il était trop tard, les différents documents afférents au payement de la fausse facture étaient déjà dans le circuit administratif. Ce n’est qu’après qu’une autre entreprise concurrente sur la même lettre de commande fut appelée à la rescousse. Cette dernière, affirme la gestionnaire, a livré le reste du matériel pour une somme de près de deux millions de francs.

C’est à ne rien comprendre ; mais la gestionnaire, elle, comprend, elle a voulu user de ses prérogatives pour aider l’amie d’une sœur. Elle déclare être confuse pendant que son amie elle, les factures sous le bras, jure par tous les dieux avoir bien exécuté ledit marché. Elle attend donc d’être payée tandis que la gestionnaire assure que la procédure administrative pour le payement dudit marché est à son terme. Le district n’attend plus que la directrice de l’entreprise ARMAND. Elle devra d’abord s’acquitter de ses dettes, près de deux millions avant d’empocher la somme restante. Quelle histoire !

Quant au déficit de confiance entre les deux complices, on ne finira jamais de se l’expliquer. Peut-être que les autorités qui ont eu a intervenir dans le dossier en savent quelque chose. Mais à présent, c’est à peine si les deux complices se parlent. Ainsi peuvent se comprendre les circuits sinueux qu’empruntent des gestionnaires de crédits délégués dans les formations sanitaires. Et si la gestionnaire et l’entreprise ARMAND ne faisaient qu’un ? A qui la faute ?

Les témoignages sur ces genres de pratiques sont telles qu’il va failloir revoir la manière dont s’effectuent les contrôles de régularité et les suites qui leur sont réservées. La santé est un secteur de grande importance et il devrait être possible de sévir pour manquement au devoir bien fait ; cela quel que soit le niveau de responsabilité. Car ce mauvais exemple de gestion de marché n’est malheureusement pas le seul. La pratique est courante dans nos formations sanitaires et le crédit que les populations accordent à leur système de santé baisse de jour en jour.

Le Ren-Lac
L’Observateur Paalga

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