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Déguerpissement du marché de Zangouettin : Les commerçants ont-ils été négligeants ?

Publié le mercredi 18 août 2004 à 08h03min

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Un bulldozer du projet ZACA a procédé, mardi matin à Ouagadougou, à la démolition du marché de Zangouéttin. L’opération qui était prévue de longue date, s’est déroulée dans une ambiance de "sauve-qui-peut". Elle a été entourée par un impressionnant dispositif de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS).

Il était environ 7h00 du matin lorsque le bulldozer du projet ZACA commença la démolition des boutiques et hangars du marché de Zangouéttin. Les premiers commerçants qui arrivaient sur le site semblaient surpris par l’opération. Certains s’affairaient à l’évacuation de leurs marchandises. D’autres essayaient de sauver quelques meubles ou tôles et même des briques. Une équipe de techniciens déposait les compteurs de la SONABEL tandis que les forces de l’ordre tenaient les badauds à distance. Tout ce qui est sauvé du marché est entreposé à quelques rues plus loin. Il s’en est forméé rapidement un bric à brac indescriptible que des charretiers se chargeront d’emporter au fur et à mesure vers des destinations que nous ignorons.

Pendant ce temps, le bulldozer continuait sa besogne tant et si bien qu’au bout de trois heures, soit 10h00 TU, pas un pan de mur n’était visible sur le site. Le fameux bulldozer avait même été emmené sur un porte-char et son conducteur "envolé". Pour les anciens usagers, ce n’est pas la désolation, mais le choc est tout de même perceptible.

"Nous nous attendions à partir avec le projet ZACA mais pas de cette façon" , confie M. Compaoré, vice-président des commerçants du marché de Zangouettin. Pour lui, le déguerpissement devait intervenir à l’issue de l’aménagement du site d’accueil prévu à Kalgodin. Des travaux qui seraient encore à leur démarrage. "On y a juste apporté des voyages de terre. Rien n’a encore été fait" ,précise M. Compaoré qui s’en remet aux autorités municipales pour qu’ils puissent reprendre au plus vite, leurs activités. C’est à la limite, s’il n’en veut pas à certains collègues notamment les vendeurs de légumes et de condiments qui ont, semble t-il tergiverser au lieu de rejoindre le site provisoire de la cité An II.

Les autres, notamment les bouchers (spécialistes de têtes, pattes et queues de bœufs) devaient eux déménager directement sur le site de Kalgodin. Des hésitations qui auraient duré plus de sept (07) mois si l’on en croit M. Compaoré. Le projet ZACA aurait prévenu les usagers de leur déguerpisement depuis au moins 7 (sept) mois. A l’époque, le projet leur avait donné deux (02) jours pour partir. Ils avaient négocié et obtenu avec le soutien de la municipalité de Ouagadougou, un délai plus long. Un délai devenu certainement trop long pour le projet ZACA qui est soumis à un calendrier. La suite, on la connaît.

Un déguerpissement " manu militari" qui a certainement causé des dégâts surtout matériels. M. Compaoré déplore pour sa part, des dégâts sur ses congélateurs de poissons frais. Il dit n’avoir pas pu venir le 16 août effectuer son déménagement suite au refus du projet de prolonger le délai du 15 août. L’ultimatum avait été notifié le 1er août aux commerçants qui espéraient certainement une prolongation. Ce n’est que le 16 août que certains auraient commencé à enlever leurs marchandises. Ils n’auront pas le temps de le faire avec toute la sérénité nécessaire. La direction du projet ZACA avait probablement des raisons de procéder ainsi. Mais n’aurait-on pas pu utiliser la même méthode que pour les propriétaires de cours : coupure d’eau, de courant et de téléphone, etc.

En attendant, les quelque 3000 usagers du marché seront obligés de se débrouiller dans la ville avec ce que cela comporte comme risque d’occupation des voies publiques. Leur président dit ne pas avoir de commentaire particulier par rapport à ce qui s’est passé mardi matin. Rasmané Nikièma prie instamment les autorités de leur trouver au moins, un site d’accueil provisoire. Il bénit le projet ZACA et souhaite que ce projet majeur contribue au développement véritable de Ouagadougou. Rasmané Nikièma exerçait dans ce marché depuis plus de 40 ans. Il l’a vu subir toutes les mutations. Il espère encore qu’il renaîtra un jour plus beau et moderne.

Victorien A. SAWADOGO
Sidwaya

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