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Protection de l’environnement : VTTistes gouvernementaux pour une journée sans CO2

Publié le vendredi 4 juillet 2008 à 13h33min

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A pied, à vélo ou en covoiturage, des membres du gouvernement se sont rendus, hier jeudi 3 juillet 2008, au traditionnel hebdomadaire du Conseil des ministres. (Mise en) Scène inhabituelle donc et dont la symbolique entre dans le cadre de la « journée sans émission de carbone » (JSEC).

8 h58. Coup de pédale après coup de pédale, une silhouette, légèrement arrondie, franchit l’entrée principale de la présidence du Faso, sise à Koulouba. Seulement quelques doigts posés sur les repose-mains verticaux d’un vélo tout terrain (VTT), costume-cravate, lunettes sombres, Filippe Sawadogo, le ministre de la Culture, du Tourisme et de la Communication, semble être à l’aise sur sa monture.

La nuée de journalistes l’attend. Et il le sait, lui qui affectionne tant le micro. Un pied à terre, l’autre sur la pédale, l’homme se met à vanter les vertus de la bicyclette :

« Le vélo, c’est le moyen de locomotion le plus simple et le plus sain ». Puis il confie : « Vous savez, je faisais le tour du Burkina à ma manière à vélo. Comme le cinéma, le vélo fait partie de mon hobby ».

Une sueur perle discrètement sur son front. Preuve que les quelque cinq cents mètres qui séparent son ministère du palais présidentiel n’ont pas été faciles à avaler pour ce grand amateur du vélo.

Premier sur les lieux en cette matinée ensoleillée, Joseph Paré, ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique.

Bien fourré avec une chemise rayée qui laisse deviner un léger embonpoint comme en portent nombre de cadres supérieurs de son âge, Paré a opté, lui, en cette journée sans émission de carbone, pour la randonnée pédestre. Sans garde du corps ni protocole, le voilà qui « décale » seul de son département situé à un jet de pierre du palais. L’expérience est louable mais elle n’en demeure pas moins éreintant pour l’écocitoyen :

« Cela fait du bien, mais il fait un peu chaud », reconnaît-il. Comme l’ensemble de ses homologues, cet effort exceptionnel à la protection de l’environnement contre les gaz à effet de serre se limite au parcours du trajet entre son ministère et la présidence. « De mon domicile au bureau, j’ai utilisé mon véhicule. C’est quand même loin, il faut l’avouer », reconnaît le ministre Paré.

A l’appel du ministre de l’Environnement et du Cadre de vie contre lés émissions du gaz carbonique dont la journée mondiale est célébrée en réalité le 5 juillet, chacun des membres du gouvernement y a répondu à sa manière. Il y a ceux qui ont choisi de faire le piéton.

Sont de ceux-là, en plus Joseph Paré, les ministres Minata Samaté de la Coopération régionale, Laurent Sédogo et Clément Sawadogo de la Décentralisation dont la démarche a « émerveillé » Jean Pierre Palm :

« La démarche y est », a lancé JPP, comme on l’appelle dans le milieu du sport, avant de lâcher, un brin taquin, sur le perron, à côté du colonel Gilbert Diendéré : « J’aimerai voir comment certains vont retourner à 14 heures ».

8h48 : Arrivée groupée de Yéro Boly de la Défense, Joachim Tankoano des TIC et d’Hyppolite Lingani des Infrastructures, accompagnés de leurs garde du corps ou de leurs protocoles. Point de départ des trois marcheurs : le ministère des TIC situé juste à côté du point de destination.

Et Yéro Boly d’anticiper : « Mais je suis capable de faire une distance plus longue que ça sans problème. Toute la journée, on fera le maximum pour éviter le véhicule. On a la possibilité d’utiliser des vélos que notre collègue de l’Environnement est disposé à nous fournir ».

Arrivé aussi à pied sous le coup de 9h25, Jean-Baptiste Compaoré, le grand argentier de la République, a un œil sur l’environnement, l’autre sur les deniers publics : « Moins de pétrole, c’est moins de pollution. Et ça peut aider à faire économiser de l’argent à l’Etat ».

Parmi les VTTistes du jour, il y a : Ousséini Tamboura, chargé de l’Education non formelle, Soungalo Ouattara des Collectivités territoriales, Vincent Dabilougou de l’Urbanisme et bien sûr Salif Sawadogo de l’Environnement.

Haletant presque, l’écolo en chef perd, un moment, le souffle, mais pas les pédales : « Par cet acte, nous voulons montrer notre appui à la protection de l’Environnement. Reste maintenant à ancrer tout cela dans nos habitudes. Les changements et les variabilités climatiques sont préjudiciables à la production agricole et au développement socio-économique des pays comme le nôtre ».

Les ministres Salamata Sawadogo de la Promotion des droits humains et Zakalia Koté de la justice ont préféré, quant à eux, utiliser un même véhicule. Même option de covoiturage choisie par leurs homologues Jean-Pierre Palm des Sports, Kader Cissé des Mines et Mamadou Sanou du Commerce, arrivés quelques instants plus tôt.

Sont restés fidèles à leurs véhicules habituelles :
Seydou Bouda de la Fonction publique. A grandes enjambées, il s’engouffre furtivement dans les arcanes du palais, sans mots dire aux journalistes qui le poursuivaient ;

Pascaline Tamini de l’Action sociale, arrivée à 9h03, s’est contentée, quant à elle, d’un : « Je ne suis pas en retard ». Réponse à un confrère qui lui fit remarquer qu’elle serait arrivée à l’heure si elle avait enfourché une bicyclette.

Et le premier ministre, Tertius Zongo. Avec son sens légendaire de la repartie, le PM, interrogé sur la non-conformité de son moyen de déplacement avec le mot d’ordre du jour : « On n’a pas fixé d’heure pour marcher. Moi, je marche plus tôt le matin. Le soir, je marcherai encore. Je joins toujours l’utile à l’agréable ».

Et le président Blaise Compaoré dans tout ça ? Par quel moyen de locomotion arrivera-t-il ? Les conjectures allaient bon train. La question, elle, est restée sans réponse. En tout cas, jusqu’aux environs de 11h, heure à laquelle les scribouillards, contraints par les délais de bouclage, ont commencé à lever le camp.

Alain Saint Robespierre

L’Observateur

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