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Vie chère : Retour forcé à la terre

Publié le lundi 19 mai 2008 à 12h04min

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La flambée des prix des produits de grande consommation suscite un regain d’intérêt particulier pour le secteur agricole en Afrique. La crainte d’une éventuelle pénurie ou d’une famine a contraint des dirigeants de différents pays à imaginer de façon spontanée, des projets certes ambitieux mais tardifs : production annoncée d’un (1) million de tonnes (t) de riz au Mali, Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (GOANA) au Sénégal, objectif de plus de trois (3) millions de tonnes de céréales au Burkina Faso, relance de la filière rizicole en Côte d’Ivoire...

Les différents programmes agricoles qui ont longtemps grugé les budgets de nombreux pays africains se révèlent du coup, des échecs cuisants voire des farces pour des détournements impunis. Des slogans tels "l’avenir de ce pays repose sur l’agriculture" ne sont que des trompe-l’œil. L’absence de résultats probants pour assurer une véritable sécurité alimentaire sur le continent traduit bien la faillite des différentes politiques agricoles jusque là appliquées.

Pourtant, la richesse de l’Afrique tant chantée par ses filles et ses fils demeure sa manne agrosylvopastorale inexploitée. Tant que les Africains ne seront pas rassasiés, il leur sera difficile de réfléchir et de s’engager dans les autres batailles du développement. Citations, proverbes et adages illustrent bien les limites entrepreneuriales de tout être humain confronté à la disette : "Ventre affamée n’a point d’oreille" , "La faim fait sortir le loup des bois", "Un homme qui a faim peut se révéler un fou dangereux", "La faim a arrêté la causerie du vieillard et le jeu de l’enfant"... "Un homme qui a faim n’est pas libre".

La sécurité alimentaire doit précéder tant d’autres progrès. Les Chinois expliquent que leur premier miracle est celui de l’autosuffisance alimentaire, "parvenir à nourrir 1,3 milliard de personnes". Les Etats-Unis n’auraient certainement pas pu asseoir leur puissance sur le reste du monde, s’ils n’étaient pas parvenus à conquérir l’Ouest et le désert hostiles de leur territoire pour en faire une force agricole et minière. Israël n’aurait pas également forcé l’admiration et le respect si ce petit pays n’était pas arrivé à transformer son espace rocailleux en verger

s et potagers. Il en est de même de l’Inde, du Brésil, du Vietnam, de l’Indonésie... Cette donne semble échapper à la vision des Africains. Les grands chantiers agricoles sont demeurés des leurres. Seul un tiers des terres arables est occupé au Burkina Faso. Les plaines du Sourou et de Bagré sont sous exploitées comme c’est le cas aussi pour les terres de l’Office du Niger au Mali. L’installation des étudiants au Sourou et la fixation des jeunes dans leur terroir ont été de véritables fiasco. Le Slogan "Retour à la terre" est resté vain en Côte d’Ivoire. "L’agriculture n’est pas une incantation. C’est une question de sueur et de persévérance", a indiqué Aïssata Fall, porte-parole du Parti socialiste sénégalais.

Les dirigeants africains ont intérêt à se résoudre que la faim peut inhiber tout processus de développement et même entraver la cohésion sociale d’une nation. L’avenir du continent se trouve d’abord dans l’exploitation de la terre, la source même des potentialités réelles de l’Afrique. Le développement rural doit canaliser toutes les réflexions et les énergies pour une Afrique "rassasiée" et résolument tournée vers le progrès. Il faut s’appuyer sur la terre pour nourrir les Africains et se servir d’elle pour prendre l’élan du développement.

Jolivet Emmaüs
joliv_et@yahoo.fr

Sidwaya

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