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La CCVC du Yatenga réagit contre la vie chère au Faso

Publié le jeudi 24 avril 2008 à 12h06min

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Face aux différentes gesticulations et à certaines déclarations mensongères et scandaleuses des membres du Gouvernement, nous avons jugé nécessaire d’apporter le juste éclairage de la situation par rapport à la cherté de la vie et prendre l’opinion publique à témoin quant à la responsabilité de l’Etat dans la détérioration éventuelle du climat social.

Tout d’abord, en ce qui concerne le mouvement de grève des 8 et 9 avril 2008 dans le Yatenga, il a été très bien suivi eu égard aux données ci-après. En effet, le taux global de participation à la grève a été de 82,38%. On peut noter quelques exemples : sur un total de 24 écoles primaires que compte la ville de Ouahigouya, 18 étaient complètement fermées ; au CHR, 118 travailleurs sur 127 du personnel soignant ont observé la grève soit 93%. Au secondaire, nous retenons l’exemple des deux grands lycées : au Yamwaya, 36 enseignants sur 43 ont pris part au mouvement soit 83,72% ; au Yadéga, ce chiffre est de 34 sur 36 soit un taux de 94,44%. Ces statistiques tranchent d’avec les insinuations graves du Gouvernement tendant à désinformer les Burkinabé sur l’ampleur du mouvement.

Fidèle à ses habitudes, au lieu donc de rechercher des solutions aux vraies préoccupations du peuple, le Gouvernement procède à un lynchage médiatique infructueux. Le ridicule était visiblement la chose la mieux partagée dans le milieu gouvernemental, si bien que le gouvernement a poussé l’outrecuidance jusqu’à féliciter les briseurs de grève ; comme pour diaboliser ceux qui ne demandent qu’à vivre dignement de leurs revenus. Nous ne saurons tolérer cette banalisation de la fronde sociale et cette incroyable arrogance à vouloir donner des leçons de morale aux travailleurs. Notre peuple qui n’est pas dupe connaît parfaitement dans quel milieu se trouvent des apatrides. On a même parfois l’impression que les ministres ne travaillent pas dans la même équipe tellement leurs déclarations contiennent des contradictions abyssales.

On a en mémoire les déclarations du ministre du Commerce qui reconnaissait à la RTB la pénurie du riz ; quelque temps après, son collègue du travail se débattait sur le même plateau pour nier cette évidence. Comme le dit si bien la sagesse, celui qui cache le soleil avec la paume de la main pour avoir l’illusion d’être à l’ombre, ne fait pas mieux que cet autre malade qui brise son thermomètre espérant stopper la fièvre. Bref, ce vaste mouvement contre des conditions de vie et de travail, insoutenables, mérite mieux que du mépris de la part de nos dirigeants. Les travailleurs et le peuple tout entier attendent un signal fort face à leur détresse.

Le gouvernement nous parle de magasins témoins, de prix suggérés, etc. De prime abord, il faut préciser qu’à Ouahigouya, sur les 11 boutiques témoins supposées disposer du riz, seulement une possédait 3 sacs au jour du 19 avril 2008. Mais il faut le dire tout net ; quand bien même ces fameux magasins viendraient à se remplir de denrées, la souffrance des consommateurs sera-t-elle pour autant soulagée ? La réponse est non. Car même les prix dits suggérés sont inaccessibles par rapport aux revenus des ménages. Quelques exemples non exhaustifs des prix pratiqués dans les boutiques à Ouahigouya.

Désignations Prix avant hausse Prix suggérés Prix pratiqués Riz indien 50 kg 11 000 F 13 600 F 16 000 F Riz chinois 50 kg 10 500 F 13 600 F 16 000 F Riz vietnamien 50 kG 12 000 F 14 500 F 17 000 F Nido 400g 1 500 F 1 900 F 2 400 F Nido 900g 3 000 F 3 885 F 4 900 F Huile/l 600 F 750 F 900 F Savon blanco 250 F 400 F Savon fanico 300 F 600 F

Etant donné que le savon CITEC est inexistant, les consommateurs se contentent de ceux disponibles dont les prix sont passés du simple au double. Il en va de même pour les autres produits. En revanche, les salaires sont restés stagnants, faisant des prix suggérés, un calvaire insurmontable.

Il n’est pas superflu de rappeler que la flambée actuelle des prix n’est nullement la conséquence d’une quelconque augmentation de salaires. Par conséquent, toute solution qui ne prendrait pas en compte cette donne sera vaine. Autrement dit, le relèvement des salaires et pensions de façon substantielle tout en ramenant les prix des denrées à leurs anciennes proportions (cf. tableau), est non seulement faisable mais cette solution est non négociable.

En outre, cet impératif ne saurait souffrir d’analyses purement arithmétiques de la part de ceux qui ignorent royalement les affres d’un salaire modeste autour duquel gravitent les parents, les frères, les cousins et neveux, qu’ils soient élèves, étudiants ou chômeurs. La solidarité dans la gestion d’un salaire est une vertu que les honnêtes travailleurs pourraient bien enseigner à certains économistes véreux. L’argument selon lequel une augmentation de salaire entraînerait une inflation est une injure grossière à l’endroit des travailleurs.

C’est également un désaveu monstre de la part du gouvernement qui reconnaît explicitement son incapacité à faire respecter les décisions qu’il prend. Il y a eu beaucoup de mesures, trop de discours mais peu d’effet. Malheureusement, on ne se nourrit ni des mesures, ni des conférences de presse, ni même des promesses fermes.

D’ailleurs, nous nous sommes rendu compte que toutes ses sorties chaotiques n’ont eu d’effet que d’aggraver la situation. Nous invitons donc les travailleurs et tous les consommateurs à renforcer les rangs de la lutte, seule voie de salut et pour le respect de nos droits. En conclusion, nous réaffirmons que ni les menaces, ni les intimidations ne pourront briser l’élan du peuple dans sa quête légitime de bien-être. Par ailleurs, un gouvernement qui se contente de faire ce qui est possible, ne fait rien du tout.

Ouahigouya, le 22 avril 2008

Ont signé, les organisations membres de la Coalition provinciale

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