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Le Premier ministre face aux opérateurs miniers : "Gare aux blanchisseurs d’argent ! "

Publié le vendredi 15 février 2008 à 09h41min

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Le secteur privé minier a exposé, mercredi 13 février 2008, au cours d’une rencontre de concertation à Ouagadougou, ses préoccupations et ses espérances au chef du gouvernement. Tertius Zongo a aussitôt averti les blanchisseurs d’argent qui achètent l’or au-delà de son prix sur le marché mondial sur les sites "qu"ils auront l’administration sur leur route".

Après l’adoption du code minier en 2003, le secteur des mines est en pleine expansion au Burkina Faso. Et le gouvernement a décidé d’en faire un levier, qui va contribuer activement au développement économique et social du pays au cours des prochaines années. Avec cinq mines en production en 2008, l’avenir semble présager de bons augures car le boom va s’amplifier en raison du fait que 300 permis de recherche avec succès, ont été attribués. "D’ici à quelques années, le Burkina sera parmi les pays miniers", a d’ailleurs estimé le président du Groupement professionnel des miniers du Burkina (GPMB), Adama Barry.

Déjà, les sociétés australienne, canadienne et sud africaine présentes ont investi près de 150 milliards de F CFA dans l’exploration et la construction de mines. Mais en attendant que le rêve devienne une réalité, le gouvernement a réuni le mercredi 13 février dernier, les opérateurs miniers au cours d’une concertation dont l’objectif est de renforcer les mécanismes de dialogue entre les deux partenaires. Il s’agit ainsi de rechercher ensemble des solutions concertées aux multiples goulots d’étranglement qui minent l’activité des sociétés minières. Même si les investissements dans le secteur sont à mettre au crédit d’un environnement sain et compétitif créé par les autorités burkinabè, il reste que les maux de l’industrie minière ont pour noms : la faible disponibilité des infrastructures, le coût des facteurs de production et les lenteurs administratives.

En cela, les opérateurs miniers ont souhaité au cours de la rencontre, une exonération effective de la TVA à l’achat. Ils fondent leur proposition sur le fait que la mise en œuvre pratique de l’exonération de la TVA pour les équipements importés et ceux fabriqués localement ainsi que les services fournis par des entreprises de géoservices lors des phase de recherche et de travaux préparatoires, peut être améliorée au regard des procédures longues et coûteuses. Saluant la baisse de la retenue à la source sur les sommes versées aux personnes non établies au Burkina de 20% à 10%, les sociétés minières pensent qu’il est judicieux de supprimer cette retenue pour les services spécialisés n’existant pas au pays et d’envisager des conventions fiscales. En sus, elles ont plaidé pour une exonération des véhicules de chantier type 4 X 4. Or le code douanier classe ces véhicules comme étant des engins de touristes que le code minier exclut de toute exonération.

Le Premier ministre, Tertius Zongo, au regard de cette contradiction a invité les opérateurs miniers à poursuivre la réflexion avec l’administration. D’autres préoccupations, telles que le régime de l’admission temporaire en douane, le régime fiscal des sociétés de géo-services, le code minier de l’UEMOA, la sécurité, le financement de la petite mine ont été également abordées. Régulièrement, les ministres interpellés se sont succédé à la tribune pour apporter des éléments de réponse. Ainsi, le ministre des Mines, de l’Energie et des Carrières, Kader Cissé a dû expliquer que le blocage des dossiers et les lenteurs constatés sont consécutifs au boom du secteur minier marqué par un départ des cerveaux de l’administration vers le privé.

En raison des braquages dont sont victimes les opérateurs miniers, le ministre de la Sécurité, Assane Sawadogo a exhorté les acteurs à la collaboration avec les forces de sécurité. Quand au ministre chargé de l’Environnement, il a surtout invité les acteurs à intégrer le reboisement dans leur plan d’action pour sauvegarder et restituer l’environnement. "Car, l’usage des métaux lourds (mercure notamment), le déboisement intempestif constituent une bombe à retardement", a prévenu Laurent Sédégo. Se prononçant sur la proposition d’une exonération sèche de la TVA et des chèques roses, le ministre de l’Economie et des Finances a indiqué que cette possibilité doit faire l’objet d’étude.

Dans l’ensemble, les opérateurs miniers ont salué l’initiative du gouvernement. "Nous savons où nous sommes sur certains points", a apprécié le président du GPMB. Pour le Premier ministre, le secteur minier doit désormais être une source indéniable de croissance économique et son rôle est déterminant dans la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté.

Affirmant que la présente rencontre visait à partager les bonnes pratiques et à dénoncer les mauvaises, Tertius Zongo a mis en garde ceux qui achètent l’or plus cher sur les sites miniers que sur le marché londonien. "Nous avons des informations sur ces pratiques, le boom du secteur minier ne doit pas être une occasion de blanchissement d’argent", a-t-il martelé. Tout comme il a dénoncé "qu’on ne peut pas accepter que les sociétés minières soient bloquées à cause d’un problème de papiers après avoir consenti d’énormes investissements. C’est contre- productif".

S. Nadoun COULIBALY

Sidwaya

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