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Alain Bagré, chef du projet ZACA : "Le camp fonctionnaire n’est pas classé comme patrimoine"

Publié le jeudi 15 avril 2004 à 10h16min

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Des pelleteuses et des camions s’activent pour enlever les derniers gravats de l’extension de la ZACA, témoignant du bon déroulement de ce projet qui avait connu des difficultés à ses débuts. Sidwaya a rencontré le chef du projet ZACA, M. Alain Bagré, pour échanger sur certains aspects des travaux et du camp fonctionnaire actuellement en démolition. M. Bagré revient d’abord sur le processus de mise en œuvre du projet.

Alain Bagré (A.B.) : C’est en 2001 que la décision a été prise pour étendre la Zone d’activités commerciales et administratives (ZACA). Après cette décision, il y a eu une première phase de sensibilisation des populations pour la compréhension et l’acceptation du projet. Après cette étape on est passé au recensement des populations et à l’identification des droits, afin de pouvoir indemniser les gens.

Après l’indemnisation, on est passé à la libération du site à travers les démolitions et l’enlèvement des gravats. Une autre étape a été l’élaboration d’un plan d’aménagement qui a donné lieu à un concours international. Les résultats de ce concours ont été portés à la connaissance du public en septembre 2003 et adoptés par le gouvernement en décembre 2003.

Le plan adopté est global et son application nécessite des études détaillées. C’est ce qui explique les entretiens personnalisés que nous avons eus avec les gens pour voir quels immeubles peuvent rester, et comment il faut les traiter pour qu’ils gardent l’harmonie du plan d’ensemble. Entre temps, il y a eu les souscriptions qui ne sont qu’un premier pas dans la commercialisation des parcelles.

S. : Quel bilan pouvez-vous faire des souscriptions que vous avez lancées pour l’acquisition des parcelles au niveau de la ZACA ?

A.B. : Sur cette question, nous attendons un moment favorable pour faire le bilan. Les souscriptions ont commencé le 20 octobre dernier. Nous avons plus de soixante mille mètres carrés (60 000 m2) de terrain qui ont déjà fait l’objet de souscriptions. Nous ne voulons pas aller très vite parce que des gens ont émis le souhait de conserver leurs parcelles. Ces derniers sont prioritaires s’ils peuvent remplir les conditions. Il y a des gens qui disent que toutes les parcelles sont déjà vendues. Ce n’est pas vrai et je rappelle que ce sont des souscriptions et les gens peuvent venir toujours souscrire.

S. : Rappelez-nous les conditions d’acquisition de ces parcelles ?

A.B. : La superficie minimum pour les souscriptions est de 500 m2. Celui qui souscrit doit aussi pouvoir apporter 30% du montant de la superficie demandée. Le prix du mètre carré étant fixé à cent mille francs CFA (100 000 FCFA). Par exemple, pour une personne qui souscrit pour mille (1000) mètres carrés, l’apport initial sera de trente millions (30 000 000) de francs CFA.

Il faut aussi dire que même si le prix du mètre carré est fixé à 100 000 FCFA (cent mille francs CFA), il y a des emplacements où ce prix est plus élevé. Il en est ainsi des parcelles situées près des esplanades ou des grandes voies.

Nous étudions aussi certaines demandes de baisse des coûts en-dessous des cent mille pour des investissements à caractère social comme des cliniques. C’est ce genre d’équilibre que nous recherchons actuellement.

S. : Mais qu’en est-il de ceux qui possédaient des parcelles dans la zone et qui veulent rester ?

A.B. : Il faut être disposé dans un premier temps à respecter le plan d’aménagement de la zone. Si vous êtes dans une zone où l’on doit construire des immeubles R + 3 ou R + 7, il faut être d’accord pour cela. Au cas contraire, on peut demander à aller dans une zone où les immeubles sont moins élevés. Il faut aussi que votre parcelle atteigne 500 m2 au moins ou que vous acceptiez la compléter jusqu’à cette superficie. Le coût du mètre carré aménagé étant de 100 000 FCFA, il faut que l’évaluation de votre parcelle puisse couvrir les 30% d’avance pour la souscription.

Un ancien propriétaire dispose aussi de 18 mois pour payer le reliquat de sa souscription contre 12 mois pour ceux qui ne possédaient pas de parcelles dans la zone.

S. : Le déguerpissement actuel du camp fonctionnaire fait-il partie du projet ZACA ?

A.B. : Il ne faut pas parler de déguerpissement. En ce qui concerne le projet ZACA, on ne peut pas parler de déguerpissement parce que le déguerpissement se fait sans indemnisation. Les gens ont tendance à confondre les choses. Pour rectifier ou tout au moins nuancer les choses, je dirai qu’il faudrait plutôt parler de délocalisation. Sinon, le déménagement du camp fonctionnaire fait bien partie du projet ZACA.

Les gens avaient jusqu’au 31 mars pour déménager. La majorité des habitants ont déjà été indemnisés. Il ne restait que quelques situations où il fallait résoudre d’abord des problèmes familiaux.

S. : Ne pouvait-on pas garder le camp fonctionnaire comme patrimoine de la ville ?

A.B. : C’est un vieux débat que vous soulevez ici. Nous avons déjà rencontré en janvier 2002, une délégation des habitants du camp fonctionnaire sur la question. Il faut dire que le patrimoine historique a aussi une définition, sinon tout est patrimoine à la limite. La direction du patrimoine culturel a un décret pris depuis 1994 et qui indique ce qui est patrimoine culturel dans la ville de Ouagadougou. Vous avez par exemple la Cathédrale et la présidence du Faso. Mais le camp fonctionnaire n’est pas classé comme faisant partie du patrimoine national.

Nous évoluons dans un contexte professionnel qui a ses normes et en matière d’architecture, il y a un minimum pour être déclaré patrimoine culturel.

Quand des touristes arrivent à Ouagadougou, ils visitent par exemple le palais du Mogho Naba ou la Cathédrale mais je ne suis pas sûr qu’ils visitent le camp fonctionnaire.

S. : Beaucoup de gens pensaient que le projet ZACA ne concernait que la zone qui a été déménagée récemment ?

A.B. : Le projet ZACA s’étend autour du marché Rood Woko et inclue par exemple le camp fonctionnaire et l’avenue Kwamé N’Krumah. L’extension du projet est venue englober la zone comprise entre l’Avenue de la Résistance et la Rue de la mosquée. Le but du projet ZACA était aussi de corriger les erreurs qui ont été faites avec les projets de création des zones commerciales et de la cité An IV A.

Avec le projet ZACA, il est question de la construction d’un parking à étage au Sud du marché Rood Woko à l’emplacement du siège de l’Observateur, du marché de cola et de la société de transport qui jouxte le marché de cola. Une partie du camp fonctionnaire va également devenir un parking. Le marché a été construit sans prendre en compte le problème de stationnement. Un certain nombre d’immeubles de cette zone devraient être restaurés. Un plan d’aménagement a déjà identifié ces immeubles. Il y a aussi le cas des villas construites sur l’avenue Kwamé N’Krumah vers l’aéroport. Ces villas étaient destinées à l’habitation mais l’évolution de la ville a fait qu’aujourd’hui, ces maisons servent de bureaux, de restaurants, de maisons de commerce, etc.

Il faut corriger aussi les choses à ce niveau pour mieux valoriser les terrains. Il va être dit aux propriétaires d’envisager d’ici 10 ans la construction d’immeubles ou de penser à des mutations négociées pour ceux qui ne peuvent pas construire selon les nouvelles normes.

S. : Quel sera le sort du marché de Zangouettin ?

A.B. : Ce marché va déménager. Nous avons déjà eu des discussions avec les commerçants sur la question. Nous traitons aussi avec la mairie de Baskuy qui doit trouver un autre site. Il est prévu dans le cadre du projet ZACA, un autre marché non loin du site du Yaar actuel. Pour ce qui concerne les pharmacies se trouvant dans la zone du projet, nous avons décidé de les garder en attendant de trouver une solution. C’est le cas des pharmacies de l’aéroport et de la Cathédrale. Cela pour permettre à ceux qui habitent à côté de continuer à bénéficier des services des ces structures sanitaires.

Propos recueillis par
Hamado NANA et Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA

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