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AG DE LA SOTRACO : Pour sortir le diable de la maison

Publié le lundi 25 septembre 2006 à 05h47min

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Le nouveau Conseil d’administration de la SOTRACO a, en collaboration avec la direction générale, convoqué le 22 septembre dernier une assemblée générale du personnel. C’était au siège de la société à Ouagadougou, sous la direction de Saga Joseph Ouédraogo, président dudit conseil, en présence de nombreux administrateurs et de la directrice générale Honorine Damiba.

Trois objectifs étaient à l’ordre du jour : informer le personnel des mesures prises le 14 septembre, donner aux travailleurs la version de la direction générale par rapport aux faits de mauvaise gestion relevés par leurs représentants lors de la conférence du 13 septembre, et mettre les travailleurs au courant de la démarche participative sous laquelle le nouveau conseil entend placer son mandat.

Si concrètement la rencontre est loin d’avoir résolu la crise financière de la SOTRACO, elle a , à en juger par la réaction des uns et des autres à l’issue de la réunion, permis d’instaurer une certaine confiance entre les acteurs de la maison. Et c’est peut-être un début de sortie de crise.

22h. C’est l’heure retenue pour cette première rencontre entre le nouveau Conseil d’administration, la direction générale de la SOTRACO et son personnel. Cette heure a été choisie en fonction de la disponibilité des agents dont le travail s’arrête le plus souvent tard. Et l’on peut , au regard du nombre des personnes qui ont assisté à l’AG, dire que l’option était judicieuse. Mieux, les travailleurs ont fait preuve d’une remarquable mobilisation.

Avant l’heure H, presque tous les agents étaient déjà sur place. L’exemple a été suivi par leurs interlocuteurs, c’est-à-dire les administrateurs et les dirigeants de l’entreprise, qui sont arrivés à 22h. Le nouveau président du Conseil d’administration pouvait alors se jeter à l’eau. Après avoir rappelé la crise que traverse la SOTRACO et les efforts entrepris pour l’aider à s’en sortir, Saga Joseph Ouédraogo s’est attaqué au premier point de la rencontre, à savoir les décisions du conseil en sa réunion du 14 septembre 2006.

Achat de 100 autobus

On peut, entre autres noter : la poursuite des efforts de réduction des charges et la limitation au strict minimum des dépenses, l’accroissement des recettes par la réhabilitation progressive des autobus immobilisés, l’achat de 100 autobus de marque DAF, l’augmentation du capital, la sécurisation des recettes par l’accentuation des contrôles et le recrutement d’un auditeur interne, et l’accomplissement des formalités de réexpédition du bus resté à Lomé.

La directrice générale, Honorine Damiba, a ensuite pris le relais de M. Ouédraogo, pour réagir aux récriminations faites sur sa gestion lors de la conférence de presse du 13 septembre dernier animée par les délégués du personnel. Point par point, la DG s’est évertuée à démontrer la régularité de ses actes. Quant aux retards accusés dans l’exécution de certains projets, ils sont, selon elle, dus essentiellement aux difficultés financières qui ne lui ont pas permis de faire face à certaines charges.

Après l’intervention de la directrice générale, la parole a été donnée aux travailleurs. Ces derniers n’ont pas manqué l’occasion d’exprimer leurs réserves par rapport à l’augmentation à 150F du tarif des tickets préalablement vendus à 100 F. Ils craignent que cela ne réduise la fréquentation des bus. Ce qui, à leurs yeux , constitue une menace pour la pérennité de leur emploi. Les travailleurs n’ont pas non plus fait mystère des difficultés qu’ils ont à se faire soigner en cas de maladie ou d’accident. Aussi ont-ils par exemple souhaité la création d’une infirmerie.

Tension de tresorerie

Bref, les différents problèmes ont été soulevés et des suggestions émises. En guise de réponse, la directrice générale a indiqué qu’elle n’ignorait pas les problèmes de travailleurs, mais que c’était la tension de trésorerie qui ne lui permettait pas d’y apporter les solutions idoines. Les administrateurs, pour leur part, se sont efforcés à expliquer la pertinence des mesures adoptées. Sur l’augmentation du tarif du ticket de bus, ils ont tous insisté sur le fait que c’est la seule façon de redresser la situation financière de l’entreprise, et par ricochet , d’intéresser les acteurs privés à la recapitalisation de la société.

Le PCA, appuyé par ses collaborateurs, s’est enfin attelé à expliquer la vision du nouveau Conseil d’administration. Ainsi, les acteurs de l’entreprise c’est-à-dire le personnel, la direction générale et le Conseil d’administration, doivent désormais travailler en synergie. Chaque entité a son rôle à jouer dans la gestion des affaires de la société. A ce titre, la direction a le devoir d’associer les représentants des travailleurs à sa gestion. En cas de manquement, ces derniers ont la possibilité de saisir le Conseil d’administration. De même, ils peuvent faire des suggestions à la direction .

Mais plus question pour eux de recourir aux médias pour se faire entendre, tant que les recours internes ne sont pas épuisés, a prévenu le PCA.

Des travailleurs plus ou moins rassurés

Cette nouvelle démarche semble avoir été favorablement accueillie chez les travailleurs. Tendue au début, l’atmosphère, tant chez les travailleurs que dans les rangs des administrateurs, s’est du coup détendue en fin de rencontre. Quel revirement ! En début de rencontre, la peur, l’anxiété se lisaient sur les visages. Il n’y avait visiblement pas de sérénité . Ni chez les travailleurs dont la plupart ignoraient l’objet de la rencontre, ni du côté des dirigeants qui ne savaient pas comment leur message allait être reçu.

Mais au terme des 2 heures et demi qu’a duré la réunion, tout s’est globalement bien passé. Les travailleurs qui craignaient l’annonce de l’arrêt des bus, ont été plus ou moins rassurés. Ceux qui souhaitaient être impliqués à la marche de l’entreprise, ont plus ou moins trouvé des réponses à leurs préoccupations et avaient là des raisons d’être satisfaits, du moins optimistes car les difficultés financières de la SOTRACO restent encore en l’état. C’est le cas par exemple, de Luc Mano, délégué général du personnel qui pense que la rencontre "augure de lendemains meilleurs parce que la communication est un début de transparence".

De son côté, la DG Honorine s’est dit animée de "sentiments d’espoir, les uns et les autres sentant la nécessité de travailler ensemble pour la bonne marche de la société". Même satisfaction chez les représentants de l’Etat et de la commune de Ouagadougou, en l’occurrence Mathieu Bouda, et Dramane Compaoré. Ils se réjouissent tous de l’issue heureuse de la rencontre.

Par Grégoire B. BAZIE

Le Pays

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