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Institut Afrique Moderne : Le sursaut d’orgueil de nos intellectuels

Publié le mercredi 17 mars 2004 à 07h24min

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Zéphirin Diabré,
l’un des promoteurs de l’IAM

Institut Afrique Moderne (IAM) : C’est la toute nouvelle voie trouvée par un groupe d’intellectuels africains pour sortir l’Afrique enfin de sa situation catastrophique. Les promoteurs de cette nouvelle initiative ont tenu à l’endroit de la presse, une conférence pour dévoiler leurs batteries, vendredi 5 mars 2003 à l’hôtel Indépendance. La conférence était animée par M. Zéphirin Diabré, administrateur associé du PNUD en présence de Mme Laurence Tubiane, directrice de l’Institut pour le développement durable de Paris.

Selon le constat des promoteurs de cette nouvelle idée, le continent noir, bien que richement doté par la nature demeure la région la plus pauvre et la plus marginalisée de la planète. En effet, il est incapable de tirer profit du mouvement de mondialisation et éprouve les plus sérieuses difficultés à vaincre la pauvreté endémique qui assaille les populations. La croissance économique par habitant, même en progrès relatif demeure négligeable ou insignifiante.

L’extrême pauvreté touche la moitié de la population africaine et la faim un tiers d’entre eux tandis qu’un sixième environ des enfants meure avant l’âge de cinq ans.

Malgré des progrès timides enregistrés dans l’éducation, le taux de scolarisation dans le primaire ne dépasse pas 57%. En réalité, ce que révèlent toutes les statistiques, c’est que la situation de l’Afrique a peu varié depuis les années 80.

Plus grave, indique le dernier rapport du PNUD sur le développement humain consacré aux Objectifs du millénaire pour le développement que les chances d’un mieux-être pour les populations africaines sont de plus en plus hypothétiques. L’Afrique est la seule région du monde qui verra sa pauvreté augmenter en 2015 comparativement à 1990.

En l’absence d’amélioration spectaculaire, elle devra attendre l’an 2129 pour assurer l’accès de tous à l’école primaire, 2147 pour diviser par deux l’extrême pauvreté et 2165 pour réduire de deux tiers la mortalité infantile. Autant dire selon les promoteurs "jamais" si les tendances actuelles ne sont pas renversées.

L’IAM pour un vent nouveau

Les promoteurs de l’IAM sont d’avis qu’en Afrique plus qu’ailleurs, la pauvreté de masse est le défi le plus important à relever.

Ils partagent l’opinion largement répandue aujourd’hui dans le cercle du développement que l’éradication de la pauvreté doit être la finalité ultime des politiques économiques et sociales mises en œuvre sur le continent et que le développement de l’Afrique ne prendra son véritable sens que lorsque la pauvreté de masse sera vaincue.

Apporter un regard neuf à cet effort de réflexion sera l’une des priorités de l’IAM et proposer des stratégies alternatives pour sortir l’Afrique de cette situation sera la mission de cet institut. Une des étapes cruciales pour y parvenir consistera selon la stratégie adoptée par l’IAM à jeter un regard critique (négative ou positive) sur les réformes structurelles que l’on a essayé de mettre en œuvre au cours de ces dernières décennies pour assurer le décolage économique et social. La création de l’IAM s’inscrit donc dans le souci de faciliter et de promouvoir la réflexion sur les politiques de développement en Afrique. Cela afin de susciter les débats ouverts et pro-actifs sur ces questions, de façon à dégager des solutions pratiques et pragmatiques et proposer des alternatives crédibles tout en entreprenant le nécessaire travail de plaidoyer et de pression pour les faire adopter par les pouvoirs publics.

Un développement progressif

L’IAM entend se positionner dans un domaine jusque-là peu occupé en Afrique : celui de la recherche indépendante appliquée, relayée par des plaidoyers vigoureux pour la mise en œuvre des politiques économiques et sociales. Il s’inscrira dans la tradition des "Think Tenk" américains où la recherche académique sert à alimenter le débat public sur les politiques en influençant la pratique de l’Etat et en proposant des alternatives. Il travaillera de ce fait en utilisant des compétences dans les sciences économiques et sociales. Autrement dit, toutes les compétences y seront associées (économique, sociologique, communication, historique...).

L’institut travaille à se développer progressivement. Il débutera ses activités de recherche dans un nombre réduit de domaines thématiques et élargira son champ d’investigation au fur et à mesure. De même, son aire géographique se construira progressivement en prenant comme zone de départ le Burkina Faso et quelques pays de l’Afrique de l’Ouest. Cette aire s’élargira progressivement pour couvrir toute l’Afrique de l’Ouest et le continent tout entier. Pour le moment, il regroupe des experts venus seulement du Burkina Faso. Dans cette optique, l’IAM travaille à établir des relations de coopération avec des instituts similaires dans les autres pays africains et veillera à former un réseau de "Think Tenk" à l’africaine. Pour ce faire, il ouvrira des antennes dans les autres pays où il suscitera la création de centres partageant la même vision du développement de l’Afrique.

A terme, l’institut sera structuré par deux organes fondamentaux : un conseil d’administration, organe suprême de l’institut et une Direction exécutive qui sera chargée de la gestion quotidienne de l’institut et de l’exécution du programme d’activité. L’IAM compte démarrer ses activités courant le premier trimestre 2005.

Antoine W. DABILGOU (nego1er@yahoo.fr)
Sidwaya

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