En tout cas les quelques indices ne portent pas pour le moment à un enthousiasme exagéré.

Obtenu à l’arrachée à Hong-Kong après six jours de négociations non stop, le compromis passé par les 149 pays de l’Organisation mondiale du commerce afin de donner une nouvelle impulsion à la libération des échanges va-t-il se solder par une simple déclaration de principe ?

Il est vrai que l’accord n’est pas suffisant pour faire de la réunion un succès éclatant mais il a au moins eu le mérite de lui éviter d’être un désastre complet.

De fait, à la différence des réunions de Seattle et de Cancun, les 149 ministres ne sont pas repartis avec un sentiment d’échec.

En extremis, ils sont parvenus à mettre fin aux subventions à l’exportation des produits agricoles des pays riches (essentiellement ceux de l’Union européenne) en 2013, date de la remise à plat de la politique agricole commune externe du budget pluriannuel adopté en parallèle au cours de ce même week-end. La disparition programmée de ces subventions qui permettaient aux produits agricoles des pays riches d’être hyper-compétitifs sur les marchés extérieurs et de ruiner du même coup l’agriculture des pays en développement était d’autant plus appréciable que les 49 pays les plus pauvres de la planète obtenaient l’accès sans quota ni droit de douane aux marchés des pays développés.

Sans être pessimiste, il faut noter néanmoins que cet accord qui ne concerne que 97% des produits des pays riches exclut encore en partie le coton (les Etats-Unis voulant se protéger d’importation de textiles bon marché) et le riz (condition sine qua non exigée par le Japon).

Malgré ce bilan en demi teinte, l’avancée de Hong-Kong pourrait se révéler significative malgré tout par la lueur d’espérance qu’elle fait briller pour les pays africains.

Diplomatie originale certes mais diplomatie tout de même.

Les négociations de l’OMC représentent une diplomatie commerciale d’un type original en ce sens qu’elles progressent par "cycles". Après Seattle et Cancun, un nouvel échec total eut brisé le ressort de manière définitive. L’accord de Hong-Kong malgré l’expectative dans laquelle il maintient nombre de pays sauve le cycle de Doha et ouvre de nouvelles perspectives à une institution recrédibilisée. Cependant, à tout Seigneur tout honneur, les pays africains n’oublient pas que leurs cotonculteurs sont toujours les otages et les victimes de diverses politiques protectionnistes qui grippent leurs efforts tandis que de multiples discriminations économiques concourent à faire d’eux les damnés de la terre.

A présent que la religion des avantages comparatifs est passée de mode, les pays émergents ne demandent qu’une seule chose dans leurs efforts pour se mettre au diapason économique de ce monde ; un peu plus de justice, un peu plus d’égard pour eux dans leur insertion dans le tissu économique mondial. Même si 2013 semble bien lointain pour le moment, il reste en même temps étonnamment proche au regard de la destinée de peuples entiers si effectivement il doit symboliser l’ère de nouvelles espérances.

En attendant, il n’y a rien de mal à rappeler cette date de temps en temps au cas où...

Luc NANA

L’Hebdo