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Marché de fer de Ouagadougou : Les acteurs désormais installés à Bassinko

Publié le mardi 16 mai 2006 à 07h33min

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Le maire de la commune de Ouagadougou, Simon Compaoré, a installé officiellement, le samedi 13 mai 2006, les acteurs du fer à Bassinko.

Les acteurs du fer vont désormais mener leurs activités à Bassinko, village situé à une quinzaine de kilomètres de la capitale. Le maire de la ville, Simon Compaoré les a installés officiellement le samedi 13 mai 2006.

Le site de Bassinko se trouve au croisement de la route nationale n° 2 Ouaga - Yako et de la route secondaire menant au département de Sourgoubila.

Vaste de 202 ha, il est voisin immédiat de la cité relais de Bassinko au Sud.

Le site aménagé va accueillir 1610 acteurs dont 541 garagistes, 217 vendeurs de pièces détachées, 398 soudeurs, 315 ferrailleurs et casse-autos confondus, 139 autres acteurs tels que les électroniciens autos, les tourneurs, les tôliers, les peintres, les vulcanisateurs.

Il est prévu sur le site, la réalisation d’infrastructures d’accompagnement, notamment un centre de formation, un centre de santé. Un terrain de 4 ha a été dégagé pour accueillir ces différentes infrastructures. Le site sera entouré d’un ceinture verte avec une dizaine de jardins publics et des aires aménagées pour le lavage des véhicules et la récupération des déchets solides et liquides produits par l’activité des occupants.

Les différents présidents des associations professionnelles des acteurs du fer qui se sont succédés à la tribune ont tous salué la réalisation. « Ce n’est pas une mauvaise chose que de regrouper les acteurs du fer sur un même site. Nous aurions souhaité qu’il y ait d’autres sites pour permettre aux gens de faire un choix. Nous allons nous installer et on verra après... », a laissé entendre Abou Zoma, le président de l’Association des garagistes du Kadiogo.

Pour Simon Comparé, cela fait maintenant trois ans que la mairie de Ouagadougou a engagé une série de concertation avec les acteurs du fer en vue de trouver une solution acceptable à la situation des professionnels de ce secteur, caractérisée par une occupation peu conforme du domaine public et une précarité du lieu de travail.
L’installation officielle des acteurs sur le site vient clouer le bec aux détracteurs qui ont œuvré à ce que le projet échoue, à en croire le maire. « Nous ne reculons jamais lorsque nous sommes convaincus que la cause que nous défendons est juste.

Et nous sommes persuadés que le fait de regrouper tous les acteurs de ce secteur hors de la ville est une bonne chose... », a souligné le maire. Simon Compaoré a donc invité les bénéficiaires à occuper ce site qui est désormais le seul endroit approprié pour leurs activités. Mais il a précisé que ceux qui sont régulièrement installés ne sont pas concernés.

« Il ne s’agit pas de venir déposer quelques ferrailles et autres carcasses de véhicules juste pour donner l’impression qu’on a déménagé. Nous veillerons à ce que des gens ne se comportent pas comme cela... », a averti le maire. Celui-ci a annoncé la création d’un autre site à Gampèla sur l’axe Ouaga-Koupèla, pour accueillir les véhicules d’occasion. Pour acheter un « France au revoir », il faudra se rendre à Gampèla.

Simon Compaoré a invité les futurs occupants du site de Bassinko à privilégier les bons rapports de voisinage avec la population. Des acteurs du fer dont la direction du parc automobile de l’Etat ont reçu à la fin de la cérémonie, leurs attestations provisoires d’attribution.

Etienne NASSA (paratena@yahoo.fr)


Attention aux effets boomerang !

Ainsi que l’avait décidé le Conseil municipal, les garagistes, ferrailleurs, « casseurs » d’autos ainsi que les vendeurs de véhicules d’occasion seront bientôt « parqués » hors de la ville où les usagers les rejoindront. Une décision salvatrice pour la salubrité publique mais qui ne suscite pas moins quelques interrogations.

Il faut convenir avec le bourgmestre Simon Compaoré que la ville de Ouagadougou a une « sale gueule » par endroits du fait de garagistes installés anarchiquement sur ou à côté de la voie publique, avec toutes les nuisances environnementales que cela peut entraîner. De même, la ville-capitale a pris ces dernières années une allure de « port en plein air » avec ces véhicules « France au revoir » parqués un peu partout à côté des artères principales et attendant d’éventuels clients.

Quant aux « casseurs » et autres marchands de fer, ils prolifèrent à qui mieux mieux avec les risques que cela peut engendrer pour les citadins. Simon a donc raison de vouloir mettre de l’ordre dans ce capharnaüm, même s’il apparaît à l’heure actuelle que cette mesure n’ira pas sans désagrément pour les populations qu’elle est censée soulager. Il y a d’abord tout ce secteur informel né autour de ces garages et qui joue un rôle important dans la ville en tant que source d’emplois et instrument majeur de lutte contre la pauvreté.

Pour prendre un exemple « terre à terre », nous citerons le cas des nombreuses restauratrices qui vivent à côté de ces nombreux garages et autres ferrailleurs et font vivre bien de familles où le père déflatté ou artisan sans outils n’arrive plus à jouer son rôle de chef de famille. Un exemple qui peut paraître banal, mais dont les effets pervers ne se mesureront sur le quotidien des familles qu’une fois leur « gagne pain » éloigné d’eux.

A ce sujet, nous avons en mémoire ce vieux vendeur de café sous la Révolution d’août, qui est mort six mois après le « dynamitage » du quartier Bilbambili.

Sa clientèle essentiellement constituée des travailleuses du sexe qui peuplaient le coin s’étant envolée, le vieux passait ses journées et ses nuits à tourner entre le quartier Moemin et le marché de Sankaryaré. Au bout de six mois, il a donc « clamsé » d’épuisement, de chagrin mais aussi de pauvreté. Telle est la réalité socioéconomique de Ouagadougou et, mutatis mutandis, cette économie informelle occupe toujours une place prépondérante.

Du reste, le programme quinquennal du président Compaoré a pris en compte cette réalité car, « la société alternative qui y est projetée récuse l’idée du recours au seul marché pour optimiser l’allocation et la répartition des ressources ». C’est une société qui « place au cœur de sa démarche les véritables besoins des populations en se fondant sur la connaissance et l’acceptation de l’interdépendance économique des hommes et des femmes pour mener à bien la construction d’une économie solidaire dans une société démocratique porteuse de créativité, d’inventivité et de dynamisme entrepreunarial au service du développement ». C’est dire qu’il faut tenir compte des « petites gens » dans toutes les prises de décision au risque d’être incompris. Dans le cas d’espèce, cette incompréhension va s’étendre à la petite bourgeoisie bureaucratique dont chacun sait le rôle « d’éclaireur » qu’il tient dans notre processus démocratique.

Roulant pour la plupart dans des « France au revoir » aux pannes imprévisibles, les « foncos » comptent sur la proximité des garagistes pour les sortir du pétrin en « cas de cas ».

Avec l’éloignement de ceux-ci, le casse-tête deviendra insoluble surtout lorsqu’il faudra payer le « jus » pour le déplacement du garagiste en milieu de mois. Du coup, il ne serait pas étonnant de voir des files de voitures en panne encombrant la chaussée et attendant un sort meilleur. Quant à leurs propriétaires, les embarras ainsi créés les distrairont du job avec un manque à gagner certain pour notre administration. Le combat est donc noble même s’il apparaît que la mairie va plus vite que la musique dans une économie où l’informel fait vivre bien de personnes et avec un parc auto si vétuste qui a besoin de proximité pour « vivre ». Pour conclure disons avec le dicton que « dans la vie il y a ce que l’on veut, ce que l’on peut et ce que l’on doit » et qu’entre les trois on doit agir avec beaucoup de tact.

Boubakar SY

Sidwaya

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