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Développement humain durable au Burkina Faso : Le rapport 2003 stigmatise la corruption

Publié le mercredi 18 février 2004 à 06h04min

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Cette année, le rapport national sur le développement humain durable s’est penché sur la corruption. Avec son lancement le 12 février 2004 par le gouvernement, le rapport va "alimenter le dialogue des politiques et permettre l’élaboration rapide de stratégies nationales de lutte contre la corruption".

Au Burkina Faso, le phénomène de la corruption a pris de l’ampleur ces dernières années, au point où l’Etat, le secteur privé, la société civile et les partenaires au développement ne cessent de tirer sur la sonnette d’alarme. C’est la conviction qu’a eue le Groupe national de réflexion sur le développement humain durable (GNT-DHD).

Pour son travail, le Groupe a interrogé un échantillon de 500 personnes représentant diverses catégories sociales. Des entretiens individuels avec des personnes ressources (hommes politiques et leaders des organisations de la société civile, ont complété les enquêtes quantitatives.

Deux villes, Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, cinq autres moyennes et six frontalières ont été couvertes.

Il en résulte que les secteurs les plus touchés par la corruption et les pratiques les plus répandues sont la police et la gendarmerie. 92,6% des enquêtes en sont convaincus. Ensuite, avec une légère différence de l’ampleur, suivent les douanes (92,2%).

Les activités politiques, les marchés publics, la justice, les mairies, la santé, l’éducation et les impôts sont des secteurs épinglés par le rapport. Quant aux médias, ils sont classés au 9e et dernier rang (64,4% des enquêtes).

Le GNR constate donc que la corruption est intense dans trois secteurs : les douanes, les activités politiques et les marchés publics. L’intensité est en revanche moyenne au niveau des secteurs sociaux (santé, éducation) et des médias. Mais le plus remarquable est "sans conteste le fait même que les organes de surveillance, de contrôle ou d’application des lois (forces de sécurité, justice, etc.) censés jouer un rôle stratégique dans la prévention ou la répression de la corruption sont concernés par le phénomène...".

Des causes internes et externes

Les causes générales de la corruption sont d’ordre interne et externe qui se "renforcent mutuellement". En ce qui concerne les causes internes, les animateurs du GNR citent l’extension et la perversion des pratiques sociales ou valeurs traditionnelles, l’absence ou la faiblesse de l’Etat de droit, le sentiment d’insécurité et de précarité des agents publics au plan matériel et enfin la faiblesse de l’administration.

En revanche, pour les causes externes ce sont les projets de développement ou les transactions des pays en voie de développement avec les firmes multinationales. Ces transactions sont basées non pas sur la compétitivité du prix mais sur celle des pots-de-vin. Ce qui fait de la corruption, une préoccupation non pas seulement nationale mais aussi internationale. Cela est étayé par l’émergence d’organismes tels Transparency international, de forums ou l’adoption de lois ou de conventions nationales en vue de lutter contre le fléau.

Pour les enquêtés, les causes de la corruption peuvent être identifiées à un double niveau : individus et société.

Les bas salaires, la pauvreté, le délitement des valeurs morales et sociales incitent les individus à se prévaloir de la corruption. Tandis qu’à l’échelle de la société, les enquêtés mettent en cause l’incivisme, l’absence de modèles de référence, les dysfonctionnements de l’administration, la forte pression fiscale et douanière, l’impunité.

La prévention

Le Burkina Faso dispose d’un "arsenal normatif impressionnant" en matière de lutte. L’on peut citer la constitution, l’Inspection générale d’Etat, la Cour des comptes, la Coordination nationale de lutte contre la fraude, la Commission nationale de la concurrence et de la consommation, le Comité national d’Ethique, la Haute autorité de coordination de lutte contre la corruption... A cela s’ajoutent le contrôle de l’action gouvernementale par l’Assemblée nationale, les médias, le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC)...

En lançant le rapport 2003 du DHD, le ministre de l’Economie et du développement, Seydou Bouda dit qu’il va alimenter le dialogue des politiques et permettre l’élaboration rapide de stratégies nationales de lutte. Il a "d’ores et déjà suggéré au Groupe national de réflexion de poursuivre le travail de dissémination du rapport avec des ateliers régionaux ou sectoriels". Voire la traduction dans les principales langues nationales et le gouvernement accompagnerai certainement l’initiative.

D’autres actions seront aussi entreprises par l’Etat et vont concerner entre autres le renforcement des capacités des membres de la Haute autorité de coordination de la lutte contre la corruption, l’élaboration d’une politique nationale de lutte. Dans les semaines à venir, le gouvernement lancera un audit par un cabinet externe sur les marchés publics des gestions 2001 et 2002.

Ce sont des actions qui, selon M. Seydou Bouda, "ne constituent pas une panacée pour l’éradication totale de la corruption mais plutôt la prise de conscience et l’engagement de tous", qui pourront apporter des résultats à la hauteur des attentes.

Souleymane SAWADOGO
Sidwaya

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