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Réforme agraire et foncière : Faut-il réformer la « RAF » ?

Publié le mardi 24 janvier 2006 à 07h17min

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Affrontements meurtriers entre agriculteurs et éleveurs à Kampala dans la province du Nahouri. Bisbilles entre rapatriés de Côte d’Ivoire et les autochtones de la Comoé. Echanges de coups de feu entre forestiers et éleveurs dans l’Est du Burkina. Tueries et guerre civile en Côte d’Ivoire pour l’appropriation des terres et leur exploitation.

Au Burkina Faso, ces terres objet de conflits, tueries, drames et autres rixes appartiennent à l’Etat, selon la loi relative à Réforme agraire et foncière (RAF). Ces conflits que vivent les populations rurales du Burkina Faso (80%) perturbent la paix sociale, entravent les activités de production rurale, moteur de développement et de réduction de la pauvreté. Comment en est on arrivé là ? Plusieurs importants mouvements de populations se sont succédé au cours des décennies écoulées, dans le sens nord-sud. Une première vague a concerné des personnes, venues des régions du Centre, du Nord et du Sahel, petits exploitants en quête de terres de culture.

De fait, ils se sont adressés aux détenteurs de droits d’administration sur les forêts et réserves foncières (chefs de terre, de village, de lignage selon la localité), et non aux structures administratives de l’Etat. Cela a contribué à une extension accélérée des superficies cultivées et à un rétrécissement progressif du reliquat forestier.

Tous les inventaires confirment ce constat qui ne fait que s’aggraver Selon les normes internationales, chaque pays doit réserver 30% de son territoire aux forêts protégées, alors que le Burkina est à peine à 12%. Selon les projections, dès 2011, bien des provinces auront nettement dépassé ce que les experts en dynamique de populations appellent le seuil critique de la mise en valeur de l’espace agricole et, qu’ils estiment à 25 % (de la superficie).

Les Banwa et le Boulgou dès cette période auront des besoins en terres évalués respectivement à 40,90 % et 32,71 % de leur superficie. Ce qui les situe bien au-dessus du seuil critique précité des 25%. L’augmentation de la population engendre des flux migratoires importants. Par exemple, dans la province des Banwa, on estime à 72 % la proportion des migrants dans le département de Kouka, et 70% cette même proportion dans celui de Solenzo. L’accélération du taux démographique a une forte incidence sur les ressources naturelles, notamment le couvert végétal.

Selon une étude de la FAO, les terroirs des interfluves au Boulgou connaissent un taux d’occupation par les champs, supérieur à 70%. Dans un contexte d’utilisation de techniques agricoles extensives, il en résulte une forte saturation et dégradation du couvert végétal et des bas-fonds. Cette saturation est due non seulement à la croissance démographique mais aussi et surtout, aux techniques agricoles .

Tiergou P. Dabiré
Sidwaya

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