Le Siao, le Fespaco, les NAK, la SNC, les Kundé et les REMA sont entre autres les évènements culturels phares qui se sont tenus en 2023 au Burkina Faso. Malgré la situation sécuritaire et humanitaire délétère, le gouvernement et les promoteurs privés ont tenu le pari de l’organisation de ces rencontres culturelles majeures. En 2023, la culture burkinabè a été résiliente. Retour sur ces grands rendez-vous culturels qui ont embelli l’année.
« Artisanat africain, levier de développement et facteur de résilience des populations ». C’est sous ce thème que s’est tenue la 16e édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (Siao), du 27 janvier au 5 février 2023, avec la Côte d’Ivoire comme pays invité d’honneur. Malgré plusieurs reports, la 16e édition a connu la participation de visiteurs et d’acheteurs professionnels de 34 pays venus d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et d’Europe. 3 679 exposants répartis dans 638 stands. Le Siao, acte 16, a été couvert par 697 journalistes de 76 medias nationaux et internationaux. Vingt-quatre prix en espèces et en nature d’une valeur de plus de 52 millions de francs CFA ont été attribués aux lauréats par les partenaires et les sponsors.
Après le Siao, le gouvernement rebelote avec l’organisation de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Il s’est tenu du 25 février au 4 mars 2023, sous le thème « Cinémas d’Afrique et culture de la paix ». Le Burkina Faso espérait remporter cette édition avec sa représentante Apolline Traoré et son long métrage « Sira ». Mais le jury en a décidé autrement. En effet, après le Somalien Khadar Ahmed avec son film « La femme du fossoyeur » en 2021, c’est au tour du Tunisien Youssef Chebbi de remporter l’Etalon d’or de Yennenga du 28e Fespaco, avec « Ashkal ». Le Burkina Faso s’est consolé avec l’Etalon d’argent dans la catégorie long métrage. Il a été attribué à l’amazone du cinéma Burkina Faso, Apolline Traoré.
La SNC de retour
Le top de départ de la 20e édition de la Semaine nationale de la culture (SNC) a été donné en grandes pompes par le président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, le 29 avril 2023, au stade omnisports Sangoulé-Lamizana de Bobo-Dioulasso, et a refermé ses portes 6 mai 2023. Le thème était : « Diversité culturelle, ferment de l’unité nationale ». Une édition de résilience face au double défi sécuritaire et humanitaire auquel est confronté le Burkina Faso. « Cette édition s’ouvre dans un contexte particulièrement difficile pour notre pays, au regard de la situation sécuritaire et humanitaire. Réunir la communauté culturelle dans toute sa diversité pour célébrer la biennale dans ce contexte, revient à magnifier les idéaux et les valeurs qui permettent de renouer avec l’histoire de notre pays et notre héritage commun », avait déclaré le ministre en charge de la Culture, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, à la cérémonie d’ouverture. Au cours de cette édition, 37 prix spéciaux ont été décernés à des lauréats. Ces prix ont touché toutes les catégories et leur valeur cumulée s’élève à 19,7 millions de francs CFA.
La Cité du cavalier rouge, de son côté, a accueilli la 28e édition des Nuits atypiques de Koudougou (NAK), du 29 novembre au 3 décembre 2023. Le promoteur, Koudbi Koala, a encore relevé le pari. Cinq jours durant, les pans de la culture burkinabè ont été mis sous les feux des projecteurs. Entre prestations d’artistes, non des moindres, rue marchande, etc., la 28e édition, qualifiée de « résiliente », a marqué les esprits. Les NAK se sont tenues sous le thème « Culture et agriculture », et ont répondu à toutes les attentes, des dires de son promoteur lors de la clôture.
Smarty et le sacre
Le Kundé d’or de la 21e édition de la nuit de récompenses des artistes burkinabè a été remporté par Smarty. Il a donné l’enveloppe qui accompagne cette distinction aux Personnes déplacées internes (PDI). Smarty était en compétition avec Alif Naaba, Floby, Greg et Miss Tanya. La dernière citée a remporté le Kundé du meilleur artiste féminin et le Kundé du public. L’émotion était au rendez-vous de cette édition. « J’étais personnellement ému. Je pense que ça été une belle réussite. Le Kundé d’or est un choix qui ne mérite pas d’être contesté. Mais après, chacun des fans des différents artistes a le droit de croire à la victoire de son artiste. Ce choix, nous le respectons », a analysé Papus Zongo, du commissariat général des Kundé, après la remise du trophée.
Les Rencontres musicales africaines (REMA) se sont fait une place parmi les activités culturelles majeures du Burkina Faso. La 6e édition de cette activité d’envergure s’est tenue du 19 au 21 octobre 2023. Les REMA sont portées l’artiste musicien Alif Naaba. « Diversité artistique et découvrabilité au cœur de la création musicale » a été le thème de cette édition. Des professionnels de 21 pays ont pris part aux REMA, acte 6. Dix artistes, sélectionnés parmi 300 autres, se sont produits lors du grand concert de clôture gratuit. Les REMA ont été certifiées « Copyright Friendly Label » et deviennent du même coup la première activité au Burkina Faso à recevoir ce label. Par ce label, Alif Naaba intègre aussi la grande famille des modèles en Afrique du fait de son engagement pour une meilleure gestion collective des droits d’auteurs.
L’espoir
Pour son rôle dans le long métrage « Sira », l’acteur burkinabè Lazare Minoungou a été sacré meilleur acteur de l’Afrique de l’Ouest au cours de la 8e édition des Sotigui Awards 2023. Le prix du meilleur plus jeune acteur africain est revenu à Nafissatou Cissé, celle-là même qui a incarné le rôle de « Sira » dans le film d’Apolline Traoré. Placée sous le sceau de la résilience, cette édition des Sotigui a une fois de plus réuni tous les grands noms du cinéma africain et malgache.
Tout comme en 2022, le Burkina Faso est resté résilient sur le plan culturel. Les différentes activités culturelles phares du pays ont été placées sous le sceau de la résilience. La situation sécuritaire que traverse le pays depuis plusieurs années empêchent les artistes se produire dans les zones affectées par l’insécurité. Ce qui constitue un manque à gagner. Le financement des activités culturelles constitue également une difficulté majeure, selon les promoteurs. Mais l’espoir est permis. L’année 2024 sera meilleur. C’est tout le mal qu’on souhaite à l’ensemble du monde de la culture.
Obissa Juste Mien
Lefaso.net
