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Conseil des ministres délocalisé : « Pour les questions de coûts, ne vous en faites pas(…) » Rémis Fulgance Dandjinou

14 mai 2018, 09:34, par Boinzem

Selon mes estimations, il faudrait au moins un budget environ 700 millions de FCFA pour tenir chaque Conseil des Ministres délocalisés si on prend en compte les dépenses directes et indirectes. Et voici mes arguments. Chaque ministre ira dans les 12 régions avec soit son SG, son DIRCAB ou ses conseillers, sa sécurité, son DCPM, les coordonnateurs des grands projets et programmes dans la région d’accueil, les DG dont les dossiers seront au programme du CM. Cela veut dire qu’au minimum 4 à 7 véhicules seront utilisés, conduits par des chauffeurs, pour un effectif de 10 à 15 personnes au minimum par ministère. Certains ministères comme les finances, la sécurité, l’agriculture et la santé amènent toujours plus de gens. Pour l’ensemble des ministères, les participants qui viendront de Ouaga atteindra plus de 500 personnes. Pour le Premier Ministère et la Présidence, il faut compter au moins 500 agents de sécurité, surtout dans un contexte d’insécurité où l’Etat major même est attaqué. Il y a les précurseurs qui iront pour baliser les sites d’hébergement et de rencontre et ensuite ceux qui seront tout le long de la route pour sécuriser le voyage. Il faut ajouter aussi ceux qui sont dans le convoi officiel pour accompagner le cortège du PM et du Président. Comme le Président prendra obligatoirement des bains de foule dans les localités traversées, il faut y poster des gendarmes et policiers en nombre suffisant.

Tous les directeurs des services déconcentrés de l’Etat prendront part aux rencontres des comités locaux de préparation des Conseils de Ministre délocalisés. Pendant un mois au minimum, ils vont délaisser le travail ordinaire de leurs services pour se consacrer à cette activité qui intervient au moment où les acteurs du développement local doivent mettre les bouchées doubles avant la saison des pluies et la période des vacances. En plus du carburant des véhicules et des perdiems servis à toutes les personnes impliquées dans la préparation et la tenue du CM, un déjeuner leur sera également servi sur place par un service traiteur venu de Ouaga avec les liqueurs. Bien entendu, les ressortissants de chaque région doivent s’impliquer pour mobiliser les populations locales pour réserver un accueil digne de ce nom au gouvernement. Ils vont devoir abandonner leurs propres services et retourner dans leurs régions. Les frais de mobilisation et de mise en scène de la liesse populaire doivent être ajoutés au budget du CM dans chaque région. Cela va consister à donner des enveloppes aux leaders coutumiers et religieux et surtout à ceux des jeunes pour qu’ils incitent la population à sortir massivement. Dans les régions acquises, ces enveloppes seront moins épaisses que dans celles incertaines et rebelles. En définitive, ces CM délocalisés vont entrainer un gaspillage de ressources financières, empêcher les acteurs du développement local de travailler et exposer dangereusement les membres du gouvernement à des attaques terroristes. Pourtant, le résultat attendu est incertain. Il y aura une discrimination si la région du Centre n’a pas son CM qui permettra au gouvernement de toucher du doigt les réalités de la population. C’est comme si les populations de la ville et le gouvernement ne se parlent pas et que les préoccupations des populations du Centre préoccupent moins. La région du Centre abrite tous les CM, mais c’est à Ouaga que se passent les insurrections. Blaise COMPAORE a fait quelques CM délocalisés en 2014 (exemple Bagré), mais cela n’a pas empêché son gouvernement d’être renversé à cause du mécontentement généralisé.

Que Rémi Djandinou le donneur de carte rouge justifie cette décision insensée. On attends les résultats pour donner la carte qui convient à Thiéba Paul le financier dépensier et sa gang qui ne savent pas tirer les leçons du passé. En 2016 et 2017, le budget de l’Etat a été installé en septembre avec le vote de loi spéciale favorable au PPP pour soi-disant accélérer la mise en oeuvre des gros investissements. Pour quels résultats ?? Cette année, le gouvernement préfère divertir les gens avec des CM délocalisés au lieu d’envoyer plus tôt les ressources au niveau déconcentré pour la mise en oeuvre des activités en faveur des populations. C’est maintenant que le PM Kaba Paul fixe des contrats d’objectifs au collectivités territoriales alors que lui-même ira les empêcher de travailler. Pourquoi n’avoir pas fait cela au moment où les collectivités préparaient leurs plans annuels d’activités. Quelle inconséquence honteuse ? La visibilité médiatique d’un gouvernement ne fait pas le développement d’un pays et ne garanti pas la pérennité d’un régime incompétent.