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« Le juge a tenté plusieurs fois de corrompre mon avocat », Ousmane Ilboudo directeur de la SACOM

25 octobre 2016, 18:37, par Tapsoba R(de H)

Après avoir écouté le playant Ousmane Ilboudo en Mai 2016(pas en 2015 comme j avais mentionné tantôt) LObs avait interviewé l accusé,Alidou Ilboudo pour entendre sa version des faits : Avec la permission de lefasonet et pour permettre une bonne appréciation,je le reprends ici :
- "Burkina Faso : Odyssée judiciaire de Concorde - « Ousmane croule sous le poids des dettes. Même l’air qu’il respire, c’est le crédit des banques »
- INTERVIEW
Par Abdou Karim Sawadogo
« Dans une interview publiée dans notre livraison du lundi 16 mai, l’opérateur économique Ousmane Ilboudo, plus connu sous le sobriquet "Concorde", nous a raconté son odyssée judiciaire dans l’affaire qui l’oppose à Alidou Ilboudo, un de ses anciens employés qu’il accuse d’avoir détourné autour de 2 milliards 400 millions de francs CFA, ce qui aurait mis son entreprise en difficulté.

Comme promis, nous avons rencontré le mis en cause, qui réfute catégoriquement les accusations portées contre lui et ne manque pas de contre-attaquer par des mots parfois durs.

Selon lui, "Concorde" n’a jamais possédé de milliard et se fait de la « publicité » pour pouvoir relancer son activité, vu qu’il est endetté jusqu’au cou.

Comme le précédent, cet entretien a été réalisé en langue nationale mooré. Ainsi, nous nous excusons d’avance pour la distorsion que pourrait entraîner la traduction en français. Lisez plutôt !

Présentez-vous à nos lecteurs.

Je m’appelle Ilboudo Alidou, natif de Pouytenga. Mon ancien patron, Ousmane Ilboudo, dit Concorde, est un de mes oncles paternels.

Je fréquentais quand il a demandé à mon père de me confier à lui pour l’aider dans son commerce.

C’était en 1999, j’avais 15 ans. Je n’ai pas demandé à travailler avec lui, mon père non plus n’en a pas fait la demande.

Quelle classe faisiez-vous quand il est venu vous chercher ?

Ce n’est pas important. Que j’aie un bac + 20 ou pas, ce n’est pas le plus important dans cette affaire qui m’oppose à Ousmane. Moi, je ne me vante pas comme lui ; je ne suis pas en quête d’emploi pour étaler mon niveau d’études dans la presse.

Quel genre de travail faisiez-vous au début ?

Nous vendions de la friperie au marché de Zabr-Daaga, mais son commerce avait commencé à ne plus prospérer comme souhaité, si bien qu’Ousmane avait opté de ventre des pagnes et de l’huile alimentaire.

Que faisiez- vous exactement dans son activité ? Je l’aidais à vendre, mais en 2004 on m’a confié la caisse.

Je recevais ainsi les recettes d’Ousmane ainsi que celles de son grand frère - El hadji Moussa, qui n’est plus de ce monde - de même que celles de son jeune frère, El hadji Soumaïla.

Dans quelles circonstances vous-êtes vous séparés ?

Beaucoup de clients avaient l’habitude de verser de l’argent en attendant d’être servis en marchandises. Mais il y eut un temps où Ousmane m’a dit que l’agent perçu des commerçants qui attendent nos produits n’était pas dûment versé dans son compte.

On a alors arrêté les comptes un jour et on est tombé sur un montant de 115 millions : soit c’étaient des clients qui nous devaient, soit c’étaient des clients qui avaient versé leur argent et attendaient d’être servis. Ce jour, il m’a dit qu’il allait faire appel au comptable pour y voir plus clair.

Mais quelque temps après, il m’a pris dans son véhicule pour, disait-il, me confier à son avocat. Grande a été ma surprise quand il m’a amené à la gendarmerie de Boulmiougou.

On y a aussi fait le point des clients à qui nous devions et celui de ceux qui nous devaient pour tomber sur le même montant.

Après 20 jours passés à la gendarmerie, j’ai été déféré à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou. Beaucoup de créanciers sont venus payer devant les juges ou à la gendarmerie, mais je n’en sais pas le montant total à la date d’aujourd’hui.

Si ce n’est pas un secret, peut-on avoir une idée de votre salaire au sein de l’entreprise quand vous y travaillez ?

Je n’avais pas de salaire ; on a commencé par me donner 500 F CFA par jour ensuite 1000 F.

Quand je commençais avec lui, "Concorde" n’avait même pas une seule cour à Ouaga, il vivait en location à la Patte d’oie dans un « chambre salon » avec deux autres personnes.

Pourtant, il est dit qu’il était propriétaire d’édifices, bien avant votre arrivée à Ouaga, le site abritant le siège d’Airtel, acquis depuis 1996. Qu’en dites-vous ?

Je ne le crois pas. Peut-être qu’il vivait « caché » mais ce dont je suis sûr c’est qu’il ne pouvait pas réunir 100 millions de francs CFA lorsque je commençais avec lui.

La preuve, il vivait, comme je viens de le dire, en location dans une maison sans électricité avec une batterie et une télévision noir blanc écran 14. Je vous assure que l’acide de la batterie a mis beaucoup de mes vêtements hors d’usage.

Revenons à votre rémunération ; c’est quand même étonnant que vous gériez des millions sans salaire et que vous ayez toujours le cœur à l’ouvrage ?

C’était un travail de famille, on nous encourageait à faire prospérer l’entreprise, considérée comme un champ collectif. Aujourd’hui, je me rends compte que je me suis ainsi mis en retard : j’ai 34 ans alors que je n’ai ni femme ni enfant.

Beaucoup d’enfants qui sont arrivés à Ouaga au même moment que moi sont bien loin aujourd’hui. Moi, je n’ai que cette moto que m’a payée mon grand frère (Ndlr : il nous montre sa moto d’une valeur d’1 million et demi appelée 135).

Ce qui me sidère, c’est qu’on a commencé par parler d’une affaire de 115 millions et que tout d’un coup on parle de plus de 2 milliards 400 millions sans brandir la moindre preuve.

Vous aviez, semble-t-il, au moins sept (7) comptes de tierces personnes où vous versiez votre argent.

Tout ça est archifaux. Je n’ai que deux comptes : l’un à la BOAet l’autre à Coris. Si après vérification on y trouve plus de 500 000 F, je suis prêt à me livrer.

On vous accuse pourtant de mouvementer les comptes de prête-noms et d’avoir des biens colossaux au nom d’autres personnes ; que répondez-vous à cela ?

Qu’on appelle les intéressés et qu’on vérifie ; la charité bien ordonnée commence par soi-même ; pourquoi je me ferais ce tort ?

Un des faits notoires cités par votre ancien patron, c’est le cas de Zida Yaguibou à qui vous aviez pris 60 millions FCFA pour lui restituer, trois mois après, un bénéfice de 18 millions, qu’en dites-vous ?

Ce sont des pratiques connues par le patron, le monsieur n’avait pas pu récupérer sa marchandise ; il m’a alors demandé de la revendre et il a eu ce bénéfice.

N’était-ce pas une concurrence déloyale que vous faisiez à votre patron dans ce cas ?

Je vous ai dit que rien n’était fait à son insu. Si je suis un délinquant, c’est que c’est lui qui me l’a appris, puisqu’il m’a pris dès mon adolescence. Moi, j’usais de stratégies pour renflouer ses comptes, ça c’est connu.

Quelles étaient ces stratégies ?

C’était de proposer aux clients de venir verser de l’argent en leur faisant miroiter les produits toujours en douane. Cette pratique, ce n’est pas moi qui l’ai instituée.

Mais ça peut marcher si vous tenez toujours parole et si l’argent récolté est versé là où il faut, n’est- ce pas ?

Justement ! C’est pourquoi il n’y a pas de problèmes.

Mais que faisiez- vous de l’argent que vous preniez des clients ?

Soit je le versais dans le compte d’Ousmane pour diminuer ses dettes, soit on l’utilisait pour régler des frais de transport.

Vous dites que vous n’aviez pas de salaire, pourtant, vous comme les autres employés, dit-on, aviez une prise en charge totale qui couvrait même les membres de vos familles : un logement climatisé, des soins médicaux, une pension alimentaire...

Je n’ai jamais dormi dans une maison climatisée ; il y avait certes des climatiseurs là où je dormais mais seulement à titre ornemental puisqu’ils ne fonctionnaient pas.

En plus, je ne suis pas maladif pour être soigné ; s’il a des preuves, qu’il les brandisse. Je n’ai jamais reçu 100 000 F d’Ousmane comme argent de poche, pourtant il le claironne partout ; c’est du pur mensonge.

Revenons à l’objet du litige. En plus des 115 millions décelés par la gendarmerie de Boulmiougou, celle de Kosyam aurait vu les traces de 215 autres millions et une remorque pleine d’huile. Votre réaction ?

Dès ma libération, beaucoup de commerçants m’ont remis leurs marchandises à vendre, notamment de l’huile alimentaire et de la mayonnaise. La gendarmerie de Kosyam m’a arrêté entre-temps, effectué des perquisitions chez moi et contacté tous mes fournisseurs.

Cela m’a conduit devant le juge qui m’a fait libérer. Malheureusement, les fournisseurs ont maintenant peur de travailler avec moi.... » A suivre


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