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Grève des magistrats : Le « dilatoire » du ministre Bagoro en cause ?

25 février 2016, 16:12, par Sidpawalemdé Sebgo

Si les administrateurs, les militaires et les magistrats étaient interdits de grève, il y a /avait bien une raison, liée au caractère catastrophique des conséquences de telles grèves. Je me demande par quelle acrobatie d’interprétation on a bien pu revenir la dessus ? Mais passons...

Selon le premier internaute citant lui même l’observateur, l’incidence financière des revendications des grévistes serait de "seulement" 3 milliards de Fcfa par an. Sachant qu’ils réclament, en dehors des revalorisations salariales, la mise en place de leur secrétariat permanent du conseil supérieur de la magistrature et des améliorations des matériels de travail, divisons la poire en trois. Cela ferait donc environs un milliard de revalorisation salariale pour environs 300 magistrats. Donc environs 3 millions et demi par magistrat et par an, soit une amélioration de 280.000 Fcfa environs par mois par magistrat au titre des indemnités diverses ! Sachant qu’ils sont déjà parmi les fonctionnaires les mieux payés du pays par rapport à leur niveau de formation, on comprend que le gouvernement ne se précipite pas pour les satisfaire.

Entendons nous bien, il est normal que les juges soient bien traités pour être (un peu) à l’abri de la tentation de la corruption. Le renouveau de la justice passe aussi par l’amélioration des conditions de vie et de travail des magistrats. Mais vouloir aligner leurs salaires sur ceux de nos voisins de la sous région dont les PIB/habitant sont plusieurs fois celui du Burkina n’est pas très logique ni très patriotique. Et on comprend encore moins le besoin de le réclamer avec insistance ici et maintenant alors qu’il leur était demandé un peu de patience, comme d’ailleurs à tous les Burkinabè, fonctionnaires ou pas qui attendons les mesures concrètes des nouveaux dirigeants.

On peut se demander pourquoi cette précipitation et cette pression alors que le principe des améliorations est acquis et que les discussions portent sur les montants ? Espèrent-ils vraiment ainsi imposer ces montants d’indemnité sans discussion ? Ou veulent-ils pousser le gouvernement à la faute et dans quel but ? Car il est évident qu’accorder de telles augmentations ne va faire que relancer les revendications plus anciennes d’autres corps et pourrir le climat social pour tout le mandat présidentiel et législatif, et ils le savent...

Le cercle vicieux est connu : Augmentations inconsidérées sous la pression, dérapages budgétaires, tarissement des financements extérieurs, arrêt des investissements structurants créateurs d’emplois et sociaux, y compris écoles et hôpitaux, nouvelles grèves et revendications, etc. Aucun Burkinabè ne souhaite cela à notre pays, même pour faire échouer un régime, ce serait trop cher payé par tout le peuple du Faso.
Alors la vraie question est : Que veulent vraiment les magistrats ???