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« Koglwéogo » : Faudra-t-il jeter le bébé avec l’eau du bain ?

11 février 2016, 23:35, par yalbal

Excellent article ! Une belle analyse monsieur Zongo. Malgré les points de vue partagés que cela suscite, pertinente est la proposition de réfléchir sur comment, à partir de cette réalité sécurito-juridique des Koglweogo, innover en matière de dispositif judiciaire qui en tienne compte. C’est peut-être trop demander à l’administration judiciaire ou à ses syndicats d’imaginer, à partir d’expériences locales, africaines, malgré toutes leurs insuffisances, une certaine, pour ne pas dire une autre conception de la justice, en puisant dans nos ressources socio-historiques et actuelles pour penser une autre manière de rendre justice et d’envisager autrement la sécurité des populations directement concernées et du pays.
La justice actuelle avec ses procédures et sa logique de punition est encore un de nos héritages et tares de l’occident conquérant. La justice occidentale n’a jamais empêché la croissance de la criminalité encore moins le terrorisme dont on parle tant aujourd’hui.
De mon point de vue la justice n’existe que pour celui qui peut se la payer. Faites-en l’expérience : j’en sais quelque chose. Rien que le fait que sans un avocat, on ne peut tout simplement demander justice !! Cette simple réalité enlève à la justice toute crédibilité en matière d’équité d’accès à la justice. Et les populations le savent !!
Au mieux la justice a créé une caste de juristes, d’avocats, de juges embourgeoisés et autres fonctionnaires, entrepreneurs ou experts/interprétateurs du Droit et des Lois qui ont totalement enlevé au peuple toute initiative en matière judiciaire. Combien de burkinabé comprennent-ils quelque chose au système judiciaire actuel du Burkina ? Combien de citoyens burkinabé peuvent-ils témoigner avoir confiance en la justice du pays ? Bien peu…
Certes ce n’est pas une raison de laisser les questions judiciaires et sécuritaires se diluer dans la masse qu’on considère généralement ignorante, inapte, inhabilitée et/ou même indigne de rendre justice !! Essayons toutefois de réfléchir et ne pas avoir à rejeter le bébé avec l’eau du bain… comme le souligne l’auteur. Car si l’on suit son analyse, cette situation est peut-être une opportunité intéressante à explorer en matière d’ingénierie juridico-sécuritaire pour innover et concevoir/construire des instances de vigilance et justice populaires et citoyennes qui assurent au plus grand nombre sécurité et justice. Des structures dûment habilitées en termes de légitimité et de légalité que les populations sont capables de comprendre, de maîtriser/contrôler et de mettre en œuvre et en qui elles pourraient avoir totalement confiance.
Du point de vue de l’auteur, c’est une piste, que nos magistrats pourraient considérer, mais ont-ils été seulement formés dans leurs études à cela ? A savoir Imaginer une justice intégrée qui fait de la vérité, de la prévention, de la conciliation et de la réparation les quatre points cardinaux d’une justice digne de ce nom. Si le Koglweogo peuvent contribuer à cette justice-là, pourquoi ne pas considérer cette réalité et l’étudier en profondeur pour savoir si et dans quelle mesure ce phénomène contribuerait à la sécurité et à la justice effective pour le citoyen ? Avec quels moyens me demandera-ton ? Déjà que les magistrats et les FDS crient haut le manque de moyens !! En la matière, on n’a véritablement que les moyens que l’on possède et que l’on se donne. Et c’est avant une question de volonté et un peu de génie créateur comme le dirait l’Autre (Sankara).
Une fois encore merci à l’auteur pour cette excellente analyse